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Algérie – Soufiane Djilali : « Un changement de Constitution est absolument nécessaire »

Temps de lecture : 2 minutes

Jeune Afrique

Pour Soufiane Djilali, président du mouvement politique Jil Jadid, « la transition engagée n’offre aucune véritable issue pour aller vers la fin du système ».

Jeune Afrique : Vous appelez à négocier la sortie de crise avec l’armée, « véritable détentrice du pouvoir », dites-vous. Le scénario à l’égyptienne est-il écrit d’avance ?

Soufiane Djilali : Ce serait un scénario bien trop compliqué pour l’Algérie. Les conditions générales du pays ne permettent pas une gestion directe par l’armée. Mon appel au dialogue vise à débloquer une situation qui s’enlise dans un pseudo-formalisme qui n’aboutira à rien. Ici, nous savons tous que l’armée reste l’actrice principale dans les décisions stratégiques. Sous Bouteflika, elle s’était cantonnée à son rôle tel que défini par la Constitution. Mais lorsqu’il y a une grave crise de gestion de l’État – comme c’est le cas actuellement – , c’est vers elle que les regards se tournent.

La « révolution du sourire » a pris l’armée au dépourvu, elle qui n’avait probablement aucun autre plan que d’imposer le cinquième mandat. Les turbulences survenues depuis trois mois l’ont acculée : soit elle soutenait un régime moribond et honni par la population, soit elle revenait vers une volonté populaire massivement exprimée par la rue, celle de changer le système.

Ce système est-il démantelé maintenant que Saïd Bouteflika et les généraux Toufik et Tartag sont derrière les barreaux ?

Cette triple arrestation ne signe pas le démantèlement du régime. L’arrestation du frère du président révèle la rupture entre l’armée et le camp Bouteflika et acte l’effondrement de ce dernier. En revanche, l’arrestation de militaires à la retraite ne signifie pas automatiquement la fin d’un régime jusqu’ici synonyme du choix d’un président par l’institution militaire.

LA DATE CLÉ EST CELLE DE LA LIMITE DE DÉPÔT DES CANDIDATURES. D’ICI LÀ, ON Y VERRA PLUS CLAIR DANS LES INTENTIONS DU SYSTÈME

Si je devais résumer : mettre à terre le système Bouteflika, c’est chose faite, mais changer le système tout court semble plus compliqué. La date clé est celle de la limite de dépôt des candidatures. D’ici là, on y verra plus clair dans les intentions du système : ou bien il va au bout de sa logique en maintenant la présidentielle et en imposant un successeur à Abdelaziz Bouteflika, ou il s’engage dans une réelle phase de transition.

Faut-il suspendre la Constitution ?

Ses dispositions touchant à l’organisation de la vie politique sont caduques. L’application de l’article 102 n’a permis qu’une succession au poste de président de la République. Mais il ne garantit nullement une réponse à la demande populaire. À l’heure actuelle, la transition engagée n’offre aucune véritable issue pour aller vers la fin du système. Un changement de Constitution est absolument nécessaire. Pas forcément via une Constituante. Cela peut se faire à travers une conférence nationale animée par un président légitime pour arbitrer les points les plus délicats. La nouvelle Loi fondamentale devrait être ensuite adoptée par référendum.

Amir MAHDJOUBI

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