Double exposure image of business people handshake on city office building in background showing partnership success of business deal. Concept of corporate teamwork, trust partner and work agreement.
L’Algérie a une économie de rente qui se base principalement sur les hydrocarbures. Les tentatives de diversification de l’économie n’ont pas réellement abouti. Cependant, malgré un climat d’affaires médiocre, plusieurs champions nationaux ont pu créer une « succès story » mais il s’agit très souvent d’affaires familiales bénéficiant d’un fort soutien des cercles proches du pouvoir. La création de plusieurs organismes publics a permis de booster la création des entreprises et de l’emploie, mais l’absence d’une gouvernance pour la création et le suivi des entreprises n’a pas permis à l’économie algérienne de bénéficier de cet élan.
Le rapport « Doing Business » de la banque mondiale est sévère vis-à-vis l’Algérie. Mais il est intéressant car il analyse de manière méthodique les failles du système, une analyse normalisée et similaire à tous les pays. Des enseignements intéressants peuvent être tirés et qui vont dans la même direction de notre réflexion et même la même direction de certains Think-Tank algériens.
Autant les difficultés sont importantes, autant nos atouts sont nombreux qui nous permettent d’espérer véritablement une vraie révolution de l’entreprenariat en Algérie. Notre objectif principal est simple : redonner envie à l’Algérien d’entreprendre et redonner à l’Algérie sa place de pays compétitif et attractif.
Alors, pourquoi investir en Algérie ?
L’Algérie est le dixième plus grand pays au monde et le premier en Afrique. Même si la population, de plus de 40 millions, est concentrée dans la bande littorale étroite, ça laisse des potentialités énormes d’aménagement de territoire et de rééquilibrage démographique.
L’Algérie est un pays important producteur / exportateur des hydrocarbures, avec des réserves considérables. Cela lui permettra de mener à bien des réformes structurelles sereinement et sans trop de fractures sociales.
Géographiquement, l’Algérie peut prétendre à une place de partenariat commercial exceptionnel avec l’Europe et l’Afrique. En plus de cette proximité, le coût de travail en Algérie reste faible : SMIG à moins de 200€, et le prix de l’énergie est très bas[1].
Par ailleurs, l’Algérie dispose de personnel qualifié, près de 400 000 diplômés sortent chaque année des universités, des écoles et des centres de formation.
Sur le plan des structures, l’Algérie dispose déjà de plusieurs organes pour l’aide à la création et aux développement des entreprises, qui ont certainement besoin d’une touche de gouvernance et de transparence mais on ne démarre pas de rien. Les principaux organes sont :
Pour toutes ces raisons, il est toujours bon d’investir et de créer son entreprise en Algérie.
Jil Jadid propose 4 objectifs accompagnés de propositions concrètes pour remettre l’entreprise au cœur de la machine économique, sortir de l’économie de rente et diversifier notre PIB :
Notre objectif principal est clair : donner envie à l’algérien d’entreprendre.
Pour réaliser cet objectif, voici nos propositions concrètes pour transformer l’entreprise et l’économie algérienne :
Pour créer une entreprise en Algérie, il faut pas moins de 18 hommes-jours[2]. Certes légèrement mieux que la moyenne africaine mais beaucoup moins performants que les pays développés.
La création d’un guichet unique permettra d’accélérer et de dématérialiser la création d’entreprise. Dans ce domaine, quelques pays ont réalisé des vraies avancées tels que l’Arabie Saoudite, la Jordanie ou encore le Togo.
Le guichet unique doit centraliser toutes les démarches, le nombre de rubriques et de clics doit être un indicateur de performance principale. Ce guichet doit permettre :
Au-delà du temps passé pour créer une entreprise, il faut que le cout global soit le plus faible possible, notamment pour les premières années de vie de l’entreprise.
Il existe actuellement 7 formes juridiques d’entreprise, qui répondent globalement au besoin du marché algérien :
Nous pensons qu’il faille créer un autre statut ultra simplifié pour les auto-entrepreneurs, l’objectif étant de permettre :
Le statut « auto-entrepreneur » doit couvrir tous les domaines et pas uniquement le statut de « commerçant » comme c’est le cas pour l’entreprise individuelle algérienne. Il doit également être exonéré de toutes charges fiscales ou sociales pendant deux ans. Ce statut sera à destination des nouveaux entrepreneurs ainsi que des acteurs de l’informel.
Le passage vers les autres formes juridiques doit se faire de manière fluide (via le guichet unique), dès que le chiffres d’affaire dépassera un certain seuil.
Le foncier industriel est une véritable plaie pour l’économie algérienne et ça vient malheureusement relativiser l’idée que l’Algérie soit le plus grand pays d’Afrique. Des milliers de dossiers d’investissements restent en suspens et sans traitement au niveau du Comité d’Assistance à la Localisation et à la Promotion des Investissements et de la Régulation du Foncier (Calpiref).[i]
Nous avons besoins de booster et d’attirer les investisseurs, nous recommandons de construire, d’équiper et de raccorder des zones industrielles aux normes internationales. Ensuite, il faut les proposer à des loyers abordables. La réalisation de ces zones peut être faite en quelques mois.
En plus de la création des zones industrielles, nous recommandons également la création des zones franches :
Donner aux étrangers l’envie d’investir et de créer de la valeur en Algérie passera par deux mesures principales :
Sans ces deux mesures concrètes et politiques, on ne pourra pas espérer un décollage des investissements des étrangers en Algérie. A noter qu’attirer les capitaux étrangers ne sert pas uniquement à la création des entreprises mais aussi (et surtout) d’apporter les méthodes de gouvernance, la qualité, la compétition, le savoir-faire, le maillage local, la formation, … etc. Il est extrêmement important de permettre à l’économie algérienne d’évoluer dans un environnement international diversifié.
Le financement est le cœur des investissements. Notre économie doit avoir des organismes pour financer l’économie réelle. L’état doit prendre plus de risque pour financer les initiatives et l’entreprenariat, mais doit être extrêmement stricte en matière de gouvernance financière.
En matière de financement, et selon le rapport « Doing Business » de la banque Mondiale, l’Algérie est classée à la 181ème place sur 190[3], tout comme le Myanmar ou le Soudan du Sud (état créé en 2011). Le rapport de la Banque Mondiale n’est peut-être pas très objectif ou n’a pas accès à toutes les données mais tout de même, l’Algérie fait mieux que les 6 pays suivants : l’Angola, l’Érythrée, l’Iraq, la Libye, la Somalie et le Yémen !
L’état algérien a les moyens de se doter d’un fond de garantie qui permettra à ces entrepreneurs de prendre des risques pour investir. L’Algérie possède déjà plusieurs organismes de financement, tels que :
Le fond d’investissement permet de financer des projets mais aussi (et surtout) de jouer le rôle d’un fond de garantie auprès de banques étatiques et privées. Le dynamisme des politiques d’investissement industriel passe par une diversification des sources de financement : banques étatiques, banques privées traditionnelles, banques islamiques, fonds d’investissement, financement participatif et fintech, …
Cette diversification permet de créer une concurrence, baisser les coûts, augmenter le niveau de gouvernance, … Plus les sources d’investissement sont nombreuses, plus les risques sont dilués.
Le fond d’investissement doit aussi porter le rôle d’informer les futurs investisseurs des procédures de crédits. Dans son rapport Doing Business/obtention de crédits de 2020, la Banque Mondiale est particulièrement sévère sur deux points : Indice de fiabilité des garanties, où notre pays obtient un score de 2 sur 12. Mais aussi l’Indice relatif à l’obtention de l’information sur le crédit, où l’Algérie obtient un score de 0 sur 8. Prendre à bras le corps ces deux problématiques permettront à coup sûr l’amélioration d’obtention des prêts bancaires et de booster l’entreprenariat en Algérie.
Concrètement, il faut :
Après la mise en place d’un fond d’investissement et de garantie, il faut simplifier le parcours du demandeur d’un crédit. Cela doit être mesuré en :
La simplification et la transparence du parcours pourront être garanties par une digitalisation des étapes d’obtention de crédits. La demande doit être initiée via le « guichet web unique pour la création d’entreprise ». L’investisseur doit renseigner toutes les informations liées à son projet ainsi que les éléments permettant de construire un premier « business model ». Un accord de principe ou refus peuvent être communiqués rapidement suite cette première étude.
Outre le fait qu’un certain nombre de nos concitoyens soient attachés au principe de finance islamique, les offres dites islamiques présentent plusieurs avantages, notamment :
Se priver de ses offres mettra une partie de la population en dehors du cercle de l’entreprenariat, et privera l’Algérie d’un marché financier en plein expansion.
Cette agence aura pour rôle d’accompagner nos entreprises dans leur transformation numérique et sera chargée du suivi et de la réalisation des objectifs suivants :
L’Algérie dispose déjà de plusieurs organes pour promouvoir l’exportation et le commerce extérieur. Nous recommandons de créer un seul interlocuteur et un portail web unique pour :
L’Algérie doit mettre en place de manière urgente un plan national pour identifier et mettre en place les normes minima pour attaquer les marchés internationaux, notamment :
La mise en place de ces normes n’est pas forcément compliquée ou technique. Il s’agit souvent de process à formaliser ou à implémenter, et qui apporteront la rigueur et les standards dont nos produits ont cruellement besoin.
Voici quelques réflexions partagées pour donner ou redonner envie d’entreprendre et faire démarrer la roue de l’entreprenariat. Beaucoup d’algériens ont démontré leur capacité à créer des belles réussites que ce soit au niveau national ou à l’étranger. Hélas, l’environnement fiscal et réglementaire n’ont pas permis de canaliser ces énergies pour en faire une puissance économique.
Nous pensons que la majorité de ces mesures sont réalisables à court ou à moyen terme et ce, sans coût financier important.
N’oublions pas, la liberté d’entreprendre est aussi importante que la liberté d’expression.
Conseil scientifique – commission Entreprise
Septembre 2020
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[1] Le coût de l’électricité en Algérie en 2017 était de 5.25$ / KWH (pratiquement le double pour nos voisins tunisien et marocain)
[2] Maroc : 9, Tunisie : 9, Espagne 13 et France 4 hommes-jours.
[3] Maroc : 119ème, Tunisie 50ème, Espagne 80ème, et la France 104ème place.
[i] Maghreb Emergent – Les zones industrielles clé en main seront le cœur de la croissance en Algérie – mai 2020
[ii] L’Opinion– Les vérités du président algérien – quotidien du 13 juillet 2020
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