L’Algérie face au destin de fin de cycle

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Contribution : Par Nouh Ismail Rouabhia*

 

L’histoire nous apprend que les généraux sont souvent dans l’incapacité de comprendre rapidement le changement de paradigmes, ainsi on a vu les cavaliers français se faire massacrer par les arbalétriers anglais pendant 200 ans avant que les généraux français ne comprennent la nouvelle guerre.

Dans son chef d’œuvre « le dit du Genji » Murasaki Shikibu déplore la non-considération du destin dans l’entourage comploteur du prince charmant Hikaru Genji. L’histoire et la tradition nous renseigne aussi sur l’incapacité de la caste des guerriers à anticiper le changement de cycle cosmique qui était de la spécialité des prêtres. La tradition musulmane raconte les débats intenses entres des prophètes, et des guides spirituelles contre des rois guerriers qui ne comprenaient que rarement un changement de cycle cosmique imminent à venir.

Pour le meilleur ou pour le pire, le monde aujourd’hui arrive à une fin de microcycles cosmique, la mort d’un monde et la naissance d’un autre monde, quel que soit le récit qui gagnera le nouveau monde. L’Algérie se retrouve malgré elle, un des points centraux du nouveau monde et de ce fait elle doit se donner les moyens institutionnels et intellectuels de pourvoir comprendre rapidement quel récit a gagné et de s’adapter presque instantanément au nouveau monde au risque de disparaitre avec l’ancien. Pour se faire elle n’a d’autre choix que de savoir qui sont les deux récits, et d’écouter son ésotérisme profond qui s’exprime via le désir de vie profond de son peuple, et qui ne peut naturellement être opposé à la tradition musulmane religion de son peuple.

C’est justement ces trois points que nous allons, dans la mesure du possible, sans nous perdre dans des détails que nous considérons en parler dans une occasion future, et essayer d’expliquer dans cette petite contribution.

Le premier récit du monde nouveau est celui décrit dans  « Utopia » de Thomas More, et dans  « La Nouvelle Atlantide » de Francis Bacon, celui d’un monde unifié avec une population réduite, une religion unique basée sur le mysticisme d’essence démoniaque, imprégné du fantasme de réparer le monde, le système politique d’un tel système spirituel supposera la disparition des Etats dans un gouvernement mondial via des artéfacts différents, par exemple un tribunal supra national, un salaire universel et un homme déraciné.

Si ce récit venait demain à gagner, l’Algérie devra être capable de comprendre la dangerosité que représente pour sa survie en tant qu’Etat et protéger ses enfants d’une perdition spirituelle assurée, les moyens de le faire sont nombreux…

Le deuxième récit du monde nouveau est celui d’un monde divisé en bloc régionaux, sept pour être exact : 1) Afrique ; 2) Asie-Pacifique ; 3) Eurasie ; 4) Europe ; 5) Moyen-Orient et Asie d’Ouest ; 6) Amérique latine et 7) Amérique du Nord.  Le principe d’une collaboration entre différentes cités n’est pas mauvais en soi en particulier pour trouver des moyens pour lutter contre la pollution, ou encore apprendre à mieux gérer l’eau potable par exemple. Mais, comme on peut le constater, l’organisation planétaire se construit à partir de sept sections régionales au sein desquelles les communautés urbaines s’émanciperont peu à peu de l’autorité nationale. Ce projet a été très bien décrit  dans les écrits du révolutionnaire Anacharsis Cloots (1755-1794) dont les écrits, plus exactement les originaux de 1792 et 1793, ont été réunis en un seul livre   « La République du Genre Humain ».

Si cela devait arriver, l’Algérie doit se donner les moyens d’être leader dans une des régions au risque de disparaitre dans ce qui pourra devenir le siège commun d’un gouvernement mondial.

La troisième solution est celle d’écouter l’ésotérisme Algérien, c’est certainement la chose la plus difficile à demander à un groupe dont l’histoire refuse que cela soit sa tâche. Malgré les écrits récents de la zawiya kadiria, les ulémas, et l’association des imams, les appels sont passé inaperçu. Il est connu de toutes les traditions que nous sommes actuellement dans le dernier cycle cosmique, et chaque tradition appelle au calme dans ce cycle sauf le judaïsme, qui appelle à une participation active pendant ce cycle.

L’Algérie est musulmane et de tradition musulmane, la tradition musulmane appelle à se tenir à l’écart pendant ces moments troubles tout en cherchant à protéger les enfants, cultiver la terre et se faire plus puissant. Ceci a été le désir du peuple algérien exprimé par une révolte contre un système qui avait choisi par orgueil et mégalomanie que le récit numéro un allait gagner. Le peuple refusera un système qui décidera par incompétence que le récit numéro deux va gagner car le poids, la profondeur, et la pureté de la tradition musulmane poussera toujours le peuple à vouloir être en parfaite harmonie avec son désir de vie profond.

Cette capacité d’écoute du désir profond de vie des Algériens, pousse l’Algérie à se réinventer, et à laisser de côté l’orgueil des dirigeants, ceci passera par un changement doctrinal dans tous les domaines social, économique, ainsi que inévitablement dans les relations international. La douleur de ce changement sera quel que soit la situation moindre que la douleur d’aller à l’opposé du désir profond de vie construit et irrigué par la pureté et la puissance de la tradition musulmane.

Rouabhia Nouh Ismail,

Membre du Conseil National Jil Jadid