La présidentielle algérienne de décembre 2024 approche à grands pas. Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, livre son analyse sur ce rendez-vous qu’il qualifie de « moment charnière ».
Avant d’aller aux urnes, Soufiane Djilali estime qu’il faudra préalablement procéder à « une véritable ouverture du champ médiatique » afin d’ « aider les Algériens à reprendre confiance ».
« Pourquoi ne pas arriver à un candidat de rassemblement sur des propositions de réformes profondes et négociées ? », propose-t-il, dans un entretien à El Watan, publié ce dimanche 10 mars.
Pour le responsable de Jil Jadid, peu importe que ce candidat du rassemblement soit le président actuel ou un autre. Par contre, met-il en garde, si ce qu’il appelle « la machine politico-administrative » se remet « à brasser la même rhétorique », la présidentielle de 2024 « perdra de sa substance ».
Interrogé sur son éventuelle candidature, Soufiane Djilali a répondu que la question n’est pas encore tranchée et « dépend d’un environnement politique qui n’est pas encore défini », reconnaissant toutefois qu’un parti politique digne de ce nom « ne peut faire l’impasse sur un rendez-vous aussi important que l’élection présidentielle ».
Cela, même si le constat qu’il dresse sur la situation politique en Algérie n’est pas reluisant, regrettant que « l’énergie citoyenne » que recelait le Hirak « n’a pas été rentabilisée », qu’un « décalage persiste entre gouvernants et gouvernés » et que « les changements opérés n’ont pu toucher l’organisation politique ».
« Le potentiel national est en jachère. La matière grise devient noire de frustration ; elle est sommée de se résigner au conformisme imposé ou de s’exiler », juge Soufiane Djilali qui retient, entre autres griefs, le fait que « le gouvernement est formé presque exclusivement de technocrates », « la société civile, inféodée et artificielle est très fragile » et « les médias sont inhibés et ont été largement stérilisés ». Dans tout cela, c’est le développement de l’Algérie qui en pâtit, estime-t-il.
Présidentielle 2024, économie, Sahel : la lecture de Soufiane Djilali
Son constat de la situation économique en Algérie est toutefois plus nuancé. Il reconnaît « des points positifs dans la gestion des grands équilibres financiers », citant une « balance commerciale positive », la « quasi-absence de dettes publiques », la « croissance du PIB » ou encore l’ « orientation des choix vers la production ».
En revanche, il relève que « les blocages sont à plusieurs niveaux », « la bureaucratie est de plus en plus lourde » et « le facteur idéologique est devenu prégnant ».
Soufiane Djilali note l’absence d’une « vision claire » chez les décideurs économiques, « toujours tiraillés entre des politiques de redistribution de la rente au nom de la justice sociale et la nécessité d’une ouverture du marché aux opérateurs économiques ».
« On ne peut pas gérer une économie avec des walis et des procureurs de la République », tonne-t-il, estimant qu’un État « doit se préoccuper des grandes lignes, des grands équilibres ».
Selon lui, l’approche actuelle des autorités « fait peur aux investisseurs » et « l’argent est alors au mieux thésaurisé, au pire transféré à l’étranger ».
Évoquant la situation dans le voisinage immédiat de l’Algérie, le président de Jil Jadid déclare que « la guerre entre les puissances étrangères à nos portes a de quoi nous inquiéter », appelant à aider dans sa tâche l’ANP dans sa mission de protection du pays et de sécurisation de « plusieurs milliers de kilomètres de frontières dans des zones hostiles », le Sahel étant devenu « une zone de trafic multiforme ».
Il estime que l’Algérie « doit absolument équilibrer et calibrer ses ambitions pour ne pas focaliser sur elle trop de tensions » et parvenir « en une seule équation » à intégrer ses « nécessaires relations avec l’Occident d’une part et le Sud global d’autre part ».
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