Amira Bouraoui ne mérite pas cela !

Amira Bouraoui ne mérite pas cela !

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La sentence prononcée par la justice contre Amira Bouraoui est à l’évidence hors proportions pour les faits qui lui sont reprochés. Débordant souvent sur les règles conformistes et maniant les mots sans politesse entendue, Amira Bouraoui reste une militante engagée, entière et sans fard. Si elle brise souvent le consensus, elle peut aussi oser la rébellion des mots sans mesure.
Cependant, en aucun cas, elle n’a été nocive ou intrigante contre quiconque et encore moins contre son pays. Au contraire, elle a assumé ses convictions pour une Algérie débarrassée de sa mafia lorsque beaucoup se taisaient et se terraient.
Au-delà de son drame personnel, sa condamnation pose cependant des questions autrement plus lourdes.
Dans le climat actuel de rapport de force entre un pouvoir qui affirme sa volonté de remettre de l’ordre dans un pays fragilisé par un legs politique des plus lourds et une opinion publique installée depuis longtemps et à juste titre dans la défiance, les modes opératoires sécuritaires et judiciaires actuels interrogent sur leur efficacité et leurs objectifs.
Alimenter sans cesse la symbolique d’un conflit « pouvoir répressif versus des icônes du Hirak » ne peut que renforcer une propagande de harcèlement médiatique des agitateurs professionnels pour empêcher toute stabilisation institutionnelle. La politique d’une reprise en main sécuritaire sans véritable apaisement envers des militants intègres quand bien même ils seraient turbulents, ne peut qu’entraver la mise en place des réformes profondes dont a besoin le pays.
Alors que le Président de la République s’est engagé à maintes reprises à favoriser le dialogue et à prendre des mesures d’apaisement dans le cadre de ses prérogatives, le cours des affaires semble s’orienter vers un durcissement.
L’opinion publique attend et espère toujours le geste promis d’une libération des détenus pour des raisons politiques.

Plus que jamais, une politique médiane, de dialogue et de raison doit être priorisée. Le mode de gouvernance devra passer de la méthode du rapport de force à celle du rapport de raison. C’est l’avenir du pays qui est en question !

Soufiane Djilali