Le populisme est-il une arme à double tranchant ?

Le populisme est-il une arme à double tranchant ?

Temps de lecture : 2 minutes

 

 

CONTRIBUTION : par Ahmed Ouared*

 

Le populisme est dangereux car il légitime de ne prendre aucun recul, aucun soin à comprendre les situations ni à dialoguer, c’est une erreur de le considérer comme un épiphénomène banal.

Critiquer le populisme est fréquemment stigmatisé comme une attaque à la liberté de parole, une insulte au bon peuple qui a bien tous les droits allant jusqu’à diffamer, invectiver et à insulter.

Est-il indifférent de savoir de quoi est fait le débat public ? Toutes les opinions se valent-elles réellement ? Revendiquer d’avoir d’autres options est-il contre l’éthique ? Le respect de l’avis de l’autre est-il devenu ringard ? L’Algérie n’ira que mieux si on venait à accepter les principes fondamentaux de la démocratie naissante dans un pays aussi fragile tant politiquement qu’économiquement.

Si le populisme est bien révélateur d’une situation, ce qu’il mobilise est toxique pour la construction de l’opinion publique, la cohérence de la pensée, l’équilibre de notre société. Il privilégie :

  • Un abord réactif au détriment d’une approche analytique
  • Un discours subjectif au lieu d’une déontologie de la vérification, de la compréhension des faits.
  • Une approche de sa propre opinion et ses nuisibles ramifications au détriment d’une vision plus large intégrant les intérêts légitimes d’autres acteurs.
  • Une conduite, agressive, dénigrante, violente dans les mots puis dans les faits.

Valoriser un tel mode d’action est loin d’être innocent, ce glissement vers un totalitarisme de la subjectivité est patent et risque de nous conduire vers une situation de chaos proche de celle qu’on a vécu dans les années 90.

Certains ‘’ hommes politiques ‘’ qui je qualifierai plutôt de syndicalistes, de tribuns de plèbe accompagnants les soubresauts populistes et nihilistes exhibent fièrement et à dessein leur appartenance ethnique et sectaire tandis que d’autres frustrés, revanchards, de l’étranger sèment la discorde et provoquent la division avec des discours haineux et abjects. Il n’est pas exclu qu’ils répondent à des calendriers venant de parties qui ont fait de l’Algérie leur cible privilégiée.

Ils se rendent de facto les complices des ces tentatives de déstabilisation d’un pays qui cherche vaille que vaille à se reconstruire après tant de périodes agitées. Tout porte à croire qu’ils sont commandités pour recruter des agitateurs et des semeurs de troubles au sein de la société algérienne.

Le fait de réfléchir avant de parler, se documenter, être intelligemment critique sans pour autant être perclus de fantasmes complotistes, est-il envisageable dans une Algérie qui se fragmente, qui balaie les ressources du vivre ensemble et n’accepte plus les compromis ? La réponse à cette question ne dépendra que de la cohésion du peuple et sa volonté de vivre dans un climat serein.

Le populisme devient puissant et toxique que lorsqu’il trouve un terrain favorable, il mise sur des ressentis de dépossession, de colère, de peur, de rétrogradation, de victimisation, de haine, il les cultive pour installer une atmosphère de tensions. Tout le contraire ce dont cherche une société, c’est à dire l’apaisement et la quiétude.

Le populisme peut être vaincu en posant objectivement et posément les enjeux de notre destinée collective et individuelle, cultiver la transparence, pratiquer les valeurs dont on se réclame, respecter des opinions différentes.

L’espoir ne peut venir que d’une politique inclusive du bien commun et d’une solidarité populaire à toutes épreuves.

 

*Ahmed Ouared, membre du Conseil National Jil Jadid

Président de la commission Energies Renouvelables du Conseil Scientifique Jil Jadid