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Soufiane Djilali : « Un État de droit se construit »

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ACTUALITÉS : Quotidien Crésus édition du 22/01/2021, par Seghir Belhadj

 

Le président de Jil Jadid, M. Soufiane Djilali, revient dans cet entretien sur le projet de loi organique relatif au régime électoral. Il considère que le texte contient des nouveautés qu’il qualifie de positives.

Crésus : Le projet de loi électorale a été rendu public. Quelle lecture faites-vous du texte ?

Soufiane Djilali : En effet, nous venons de recevoir le projet de loi organique relatif au régime électoral. Nous l’avons transmis à la commission juridique du Conseil scientifique pour une étude avisée. Cependant, quelques conclusions peuvent être déjà tirées. Il y a de nouvelles dispositions concernant l’autorité indépendante des élections et tout ce qui est en rapport avec la gestion des scrutins. Il y a également des nouveautés concernant le financement des campagnes et des candidats. Cependant, au-delà de ces aspects techniques, importants en soi, c’est le mode de scrutin mis en place qui doit être analysé. On pourrait le qualifier de mode proportionnel à listes ouvertes. Autrement dit, les électeurs auront à choisir entre les différentes listes en lice, puis, choisir parmi les candidats de la liste elle-même celles et ceux qu’ils voudraient voir élus dans leur commune, wilaya ou à APN. Ce mode permet un équilibre entre le poids du parti dans la vie politique et le respect du choix des électeurs. A mon avis, la plupart des partis acquiesceront à ce mode de scrutin. Reste la problématique  des 4% de voix récoltés lors d’une précédente élection exigés pour le parrainage des listes. On ne peut pas construire une Algérie nouvelle sur la base des résultats fraudés des anciennes élections. Des dispositions transitoires à ce sujet sont incontournables pour recréer une dynamique politique et une confiance avec les électeurs.

Le texte, à vrai dire, est appelé à être enrichi, toutefois, plusieurs changements ont été apportés sur plusieurs volets, est-ce une avancée pour vous ?

 Bien entendu, le texte devrait pouvoir être enrichi. C’est la promesse du Président de la République. C’est sur cette base que l’on pourra éviter des écueils dans le processus de renouveau de la classe politique. Mis à part les points sur lesquels insistera Jil Jadid dans ses propositions d’amendement, il reste que les dispositions nouvelles devraient être à même de favoriser un retour à la confiance. Je ne me fais pas d’illusions béates. Je sais qu’il y aura beaucoup d’obstacles à franchir une fois la loi adoptée. Tout le monde connaît les pesanteurs et les résistances au changement. Les mauvaises habitudes de la fraude peuvent avoir la peau dure, à tous les niveaux. C’est là où je réitère mon appel aux Hirakistes, convaincus que le changement doit être construit par son propre engagement. Il faut s’engager, assumer des candidatures, contrôler les urnes. Il faut agir en utilisant la loi. L’État de droit se construit, il ne vient pas par décret.

L’avant-projet de loi prévoit la révision du mode électoral, les candidatures, les dépenses, le niveau d’instruction, les femmes, les jeunes, la surveillance… Ce texte présente-t-il selon vous des garanties assez importantes pour envisager une probable entrée de votre parti dans les futures joutes électorales ?

La participation de Jil Jadid aux futures élections est une décision qui relève du Conseil national. Celui-ci sera convoqué pour le début du mois prochain. Bien entendu, nous considérerons tous les éléments, y compris les dernières retouches au projet de loi. Nous avons 10 jours pour répondre à la commission Laraba et faire nos propositions. J’imagine que la synthèse sera connue assez rapidement. Il est évident que si, par exemple, l’exigence des 4% des voix au scrutin de 2017 était maintenue, il nous sera difficile de cautionner des élections qui seraient faites sur mesure au profit des anciens appareils du pouvoir.

Des élections vont être tenues juste après l’adoption du texte. Soutenez-vous cette démarche ?

Oui, clairement, il faut rapidement en finir avec les anciennes institutions mal élues et manquant terriblement de légitimité. Un renouvellement de la classe politique donnera un souffle nouveau au pays. Il est inutile et même nuisible de bloquer plus longtemps la scène politique. C’est le préalable pour faire face aux véritables défis que nous devons relever : rajeunir le personnel politique, moderniser le fonctionnement des institutions, bannir la corruption, bâtir une justice digne d’un pays de droit, et enfin, lancer sans attendre la machine économique. Il est urgent de passer à une étape qualitative supérieure. L’Algérie a raté beaucoup trop d’occasions pour se développer sérieusement et offrir à ses citoyens la dignité, la justice et l’espoir qu’ils méritent.

 

Nassim BENDALI

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