Soufiane Djilali :«Il faut ouvrir le pays à de nouvelles perspectives»

Soufiane Djilali :«Il faut ouvrir le pays à de nouvelles perspectives»

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Revenant sur la situation politique du pays et les dernières concertations menées par le président de la République avec les partis politiques, Soufiane Djilali président de Jil Jadid, nous livre dans cet entretien sa vision sur les éventuels développements sur la scène politique, économique et sociale.

 

L’Expression: Quel est votre avis sur l’importance et les impacts des actions de rassemblement du président de la République, que vous avez rencontré récemment?

Soufiane Djilali: Beaucoup ont parlé d’initiative. Personnellement j’y vois un début de dialogue, qui s’est fait en bilatéral, avec chacun des chefs de parti ou de personnalité. Il était important de dégeler le climat politique. Cette reprise de contact permet de nouer un rapport de dialogue entre les différentes parties et relancer un processus de confiance dans le fonctionnement politique des institutions. Durant mon entretien avec le président de la République, j’ai bien compris qu’il avait l’intention d’améliorer les relations avec les partis politiques, de les impliquer au moins dans un dialogue régulier. Mais cela étant, il ne m’a pas donné plus de détails. Est-ce que ce dialogue est un préliminaire à quelque chose de plus large, ou alors c’est juste la prise d’un avis d’une opinion des partis politiques, je ne pourrai m’avancer sur cela.

Que vous inspire le constat d’échec enregistré pour certains départements qui n’ont pas réussi à mettre en pratique les politiques publiques adoptées par l’Etat?

Le problème est que devant nous il y a énormément d’enjeux. Enormément de défis à relever. Il y a autant de problèmes en interne qu’en externe. Il faut dire que le système économique algérien est extrêmement fragile. Il n’est pas productif. La bureaucratie est tentaculaire. C’est un cumul depuis de nombreuses années, qui ne peut être résolu rapidement. Ce sont des problèmes structurels qui se posent. Il est vrai qu’il y a traitement, mais il demeure conjoncturel et insuffisant. À cela s’ajoutent les enjeux extérieurs dans la mesure où le monde entier est entré en crise. L’inflation est extrêmement importante, des pénuries de produits alimentaires de base apparaissent. Il va y avoir une aggravation dans les mois prochains sur le plan économique et social. L’Algérie venait à peine de sortir d’une période de déstabilisation et demeure en besoin de réformes importantes et profondes. Mais ces dernières nécessitent de gros efforts et des sacrifices. Or, il est dangereux maintenant de demander plus de sacrifices aux Algériens. On est en situation compliquée, d’où le soutien aux franges de la société les plus fragiles. Mais, il faut bien comprendre que ce n’est pas une politique pérenne. Distribuer la rente aux plus faibles est une nécessité, mais ouvrir le pays, pousser à la production et favoriser la création de richesses, c’est le plus important. Il faut qu’il y ait l’utilisation de toutes les opportunités qui sont devant nous. L’Algérie a des atouts en main, elle doit savoir les jouer. Il y a un enrichissement important des prix du pétrole et une fragilisation des grandes entreprises en Europe. Il faut que l’Algérie sache accéder à ces marchés pour créer de la croissance.

À ce titre, que pensez-vous des grands projets structurants, tel que Ghar Djebilet pour la production d’acier, le projet de phosphate, et le grand port-centre de Cherchell, qui tardent à entrer dans leurs phases d’exploitation?

Ça ne démarre pas tant qu’il n y a pas une injection de sang neuf dans le système décisionnaire sur le plan économique. Tant que subsiste encore les anciens ronds-de- cuir, qui refont les mêmes formules, et qui sont intéressés par les 10% de la corruption, on n’avancera pas. Il faut donner un coup de pied dans la fourmilière et ouvrir rapidement le pays à de nouvelles perspectives. Il est urgent de profiter de cette conjoncture favorable. Cela étant, il faut être conscient, que rien ne peut se faire, sans une stabilité politique, qui passera par une confiance, au moins relative de la part de la population et à travers des actes politiques symboliques. On a besoin d’un gouvernement qui sache parler au peuple. Le président de la République fait l’effort de communiquer, mais il ne peut et ne doit pas être mis sur le front à lui tout seul. Cela fragilise complètement l’édifice.

Il faut qu’il y ait un Premier ministre et des ministres qui assument leurs positions et expliquent à la population ce qui est en train d’être fait. Il s’agit d’apporter une dimension pédagogique à la communication. Car les Algériens peuvent accepter une limitation de leurs pouvoirs d’achat ou des difficultés, mais il faut leur expliquer que c’est passager et que l’effort qu’ils feront aujourd’hui sera rentabilisé demain pour une plus grande assurance pour nos enfants. Pour améliorer le cadre de vie car, pour le moment, on a le sentiment que le pays est toujours sous l’ancien rythme.

Quel diagnostic faites-vous de la situation actuelle et que préconisez-vous pour y remédier?

Je dirais que tout va mal, mais on peut faire un sursaut pour dépasser la situation et commencer à entrer dans une dynamique positive. Je pense qu’aujourd’hui, l’Algérie ne doit pas rater, encore une fois, cette occasion qui est devant nous.

 

Interview réalisée par Ali AMZAL pour le quotidien L’Expression

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