Diaspora algérienne : il est temps de changer de paradigme dans sa perception et son appréhension

Diaspora algérienne : il est temps de changer de paradigme dans sa perception et son appréhension

Temps de lecture : 3 minutes
Zoheir Rouis
Par Zoheir ROUIS
Vice-président de Jil Jadid
Président de Jil Jadid Monde

 

Les gouvernements algériens se suivent et se ressemblent dans leur perception de la diaspora algérienne et de l’idée qu’ils se font de l’égalité entre les citoyens, entre résidents et non-résidents.

Le dernier exemple en date, et au-delà du sujet lui-même qui doit nécessairement faire débat, est symptomatique de cette logique discriminatoire latente faite entre citoyens résidents et non-résidents. Il s’agit ici du retour de l’autorisation d’importation de véhicules de moins de 3 ans annoncée en grande pompes, probablement, pour désensibiliser un marché intérieur de l’automobile déstructuré à coup de politiques publiques erratiques prises sans vision ni stratégie, et en dépit du bon sens.

Le projet de loi de finances 2023 préparé par le gouvernement et déposé au bureau de l’APN prévoit en son article 66 « Sont autorisés au dédouanement pour la mise à la consommation, avec paiement des droits et taxes relevant du régime de droit commun, les véhicules de tourisme de moins de trois (3) ans d’âge importés par les particuliers résidents, pour leur propre usage et sur leurs devises propres ».

Cela résume assez bien l’état d’esprit qui préside à la perception de la diaspora et à l’appréhension de ses besoins !

Si l’on s’attarde sur ce sujet, n’est-il pas évident que tout comme leurs concitoyens résidents, les algériens non-résidents, qui renouent de plus en plus avec le pays, peuvent eux aussi avoir besoin de disposer de leurs véhicules en Algérie pour leurs usages strictement personnels, pour ne pas être obligés de se déplacer avec par bateau ou de devoir en louer sur place, compte tenu de ce que cela implique comme coûts supplémentaires pour eux, et qui à l’évidence constituent un frein à des déplacements plus fréquents.

Il ne s’agit pas, pour eux, d’alimenter un marché parallèle ou de nourrir la spéculation pour faire des affaires, mais bien de tout mettre en œuvre pour faciliter les déplacements pour mieux les densifier, et se faisant d’ancrer l’égalité entre les citoyens à travers des règles claires et applicables à tous.

Il n’est pas acceptable, une fois de plus, de légiférer par la loi pour instaurer des droits différents entre citoyens, en contradiction flagrante avec le principe d’égalité que garantit la Constitution.

Pour rappel, le préambule de la Constitution énonce : « le peuple entend, par cette Constitution, se doter d’institutions fondées sur la participation des citoyens et de la société civile incluant la communauté algérienne à l’étranger à la gestion des affaires publiques et qui réalisent la justice sociale, l’égalité et la liberté de chacun et de tous ».

Quant à l’article 37 de cette même Constitution, il édicte « Les citoyens sont égaux devant la loi et ont droit à une égale protection de celle-ci, sans que puisse prévaloir aucune discrimination pour cause de naissance, de race, de sexe, d’opinion ou de toute autre condition ou circonstance personnelle ou sociale ».

Est-il encore utile de préciser que cette logique de discrimination entre les citoyens basée sur le lieu de résidence est à l’extrême opposée des intentions et professions de foi maintes fois exprimées en faveur de la diaspora algérienne par les plus hautes autorités du pays, en l’occurrence le Président de la République ?

Est-il concevable que le gouvernement qui travaille sous l’autorité du Président de la République pour mettre en œuvre son programme puisse agir en contradiction avec ses intentions déclarées et son programme ?

Il est temps pour certains esprits de se départir de la logique qui a présidé au fameux article 51 de la Constitution précédente.

La diaspora algérienne mérite bien mieux que cette litanie d’incantations et de fausses postures, de toute façon systématiquement contredites par les décisions prises.

Encore une fois, au-delà du sujet d’illustration mentionné ici, c’est à un changement de paradigme que nous appelons s’agissant de la perception que les plus hautes autorités du pays doivent avoir de la diaspora et de la bonne appréhension de ses besoins, pour qu’en retour elle puisse être pleinement engagée et embarquée dans l’œuvre de développement du pays.

Paris, le 03/11/2022