Tribune

Un mal pour un bien ?

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Le sommet des BRICS qui vient de s’achever à Johannesburg laissera un goût amer aux Algériens. L’espoir de faire partie du gotha des pays qui devront construire le monde multipolaire cède la place à un sentiment de déception de se voir recaler d’une manière aussi brutale.

L’investissement diplomatique, politique et médiatique de l’Algérie et de son Président pour rejoindre les BRICS n’a pu compenser ses faiblesses structurelles.

Face à ce retour au réel, il serait impertinent de chercher la responsabilité de notre échec dans une mauvaise volonté ou, pire, dans une hostilité particulière à notre encontre, chez l’un des 5 membres fondateurs de l’alliance. Il serait plus grave de réagir intempestivement nos orientations et choix par dépit. Aussi pénible que cela puisse être, nous sommes en devoir d’analyser froidement les raisons qui ont amené nos partenaires à ne pas agréer nos ardeurs à les rejoindre.

L’Algérie avait pour elle de nombreux atouts géopolitiques qui auraient pu peser significativement dans la décision des cinq. Cependant, elle n’est pas la seule parmi les candidats à en posséder. Les cinq membres s’étaient réunis d’abord et avant tout sur la dimension économique des enjeux mondiaux et sur leurs intérêts nationaux bien compris. L’Occident contrôle le monde par la monnaie, la puissance militaire, la technologie et l’information. C’est sur ce terrain que les puissances alternatives veulent introduire des changements et des rééquilibrages. Or, à ce niveau où en est l’Algérie ? Est-il besoin de rappeler notre situation sur ces questions ?

Cette mésaventure des BRICS doit être utilisée pour s’ouvrir au réel et se remettre en cause et non pas, encore une fois, rejeter la source de nos difficultés sur les autres. Notre faiblesse économique dramatique est de notre faute. La nature a doté l’Algérie de tous les moyens, malheureusement, il y a une incapacité à les rentabiliser.

Parmi les tares qui nous font tant de mal, il y a l’incompréhension du fonctionnement du monde économique, la propension à l’assistanat généralisé et à l’esprit rentier, au populisme sans bornes et tout cela, mélangé à une tendance lourde à la corruption, à l’instrumentalisation de l’administration pour les intérêts privés, et à un choix calamiteux des responsables exécutifs !

Malgré tous les atouts naturels dont nous disposons, l’organisation de notre système politico-économique reste en deçà des normes d’une bonne gouvernance.

L’échec de notre intégration aux BRICS (intégration qui aurait peut-être poussé nos dirigeants à engager de vraies réformes) doit être maintenant l’occasion de mettre chacun devant ses responsabilités, pouvoir comme opposition. Un débat national authentique doit être ouvert. Sans idées préconçues, sans calculs électoraux. C’est l’avenir du pays qui est en jeu. Dans le cas où chacun se complaît dans ses propres certitudes, aucune issue favorable ne pourra être trouvée.

Notre déception d’aujourd’hui n’est pas la fin du monde. A quelque chose malheur est bon dit l’adage. Prenons avec philosophie et courage cet échec pour réfléchir sur notre réalité et se décider enfin à construire par le travail, l’effort et l’intelligence notre Algérie pour laquelle trop de sacrifices ont été dilapidés au nom des illusions.

 

Dr Soufiane Djilali

Président de Jil Jadid

 

Nassim BENDALI

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