Alger le 10 Septembre 2024
Les élections présidentielles du 7 septembre révèlent avant tout l’échec de la démocratie dans le pays.
Au-delà de ce qui apparaît comme étant des anomalies lors de la gestion du scrutin lui-même, dénoncées d’ailleurs par les directions de campagne des trois candidats, les résultats électoraux sont le symptôme d’une inadéquation évidente entre le système de représentation et le peuple.
La très faible participation des Algériens au vote, leur indifférence vis-à-vis de toutes les structures de représentation sont une alarme rouge et même un danger pour la sécurité de l’Etat. Et ce n’est pas la contestation sur quelques centaines de milliers de voix qui peut voiler la défection de 19 millions de citoyens.
Passons sur l’évidente incompétence de gestion du scrutin par l’ANIE et les multiples pressions qu’elle subit pour gonfler les taux de participation, c’est l’absence de toute capacité de mobilisation populaire, même partielle, des intermédiaires de la société politique (partis, associations, syndicats etc…) qui interpelle.
D’un scrutin à l’autre, la démission du peuple et sa défiance envers les politiques deviennent plus évidentes. L’espoir du 22 février 2019 a été trahit.
Les erreurs stratégiques de conduite politique depuis la première tentative d’ouverture démocratique en 1989 se sont accumulées. Cependant, il faut reconnaitre que le régime n’en est pas le seul responsable. La politisation de la religion et les graves dérapages terroristes qui en avaient résulté dès le début, la rigidité du système face à une opposition pourtant conciliante et généralement patriote, l’entêtement des gouvernants successifs à construire des pouvoirs personnifiés et leur propension à distribuer la rente de la prédation ont fait avorter tout changement, pourtant vital, pour le développement du pays.
Aujourd’hui, le pays vit un choc politique. Le processus démocratique engagé en 1988 a été, depuis longtemps, dévoyé et sa trajectoire est dans sa phase terminale. La crise politique est inévitable à terme si l’origine du mal-être de la nation n’est pas traitée. Le Président Tebboune, reconduit pour un deuxième mandat, doit voir dans ce scrutin une manifestation claire des défaillances politiques graves du système de gouvernance. L’Etat doit ouvrir une véritable concertation pour réviser en profondeur les principes de fonctionnement du régime politique actuel, revoir les critères et les méthodes de sélection des ressources humaines et reconstruire une classe politique authentique loin du clientélisme et de la prédation.
Les libertés doivent être restituées, les prisonniers d’opinion relâchés, les médias libérés, le code électoral réformé et l’ANIE repensé.
L’Etat doit choisir : construire une vie politique saine en éliminant les scories du passé ou alors proclamer une dictature et l’assumer. Construire l’Algérie sur les mensonges, le trafic et le bluff est illusoire. La façade démocratique s’est effondrée.
Aujourd’hui, il y a l’intérêt des egos face à celui de la nation. Invariablement et quelle que soit la bonne intention des décideurs politiques, si la volonté de perdurer au pouvoir surpasse celle de résoudre les vrais problèmes structurels du pays, l’allégeance, le clientélisme, l’incompétence, la médiocrité, le populisme, la corruption et la gabegie finissent par dominer l’Etat. Aujourd’hui, il faudrait sortir de cette impasse historique avec le moins de dégâts possibles et surtout s’orienter vers les vraies réformes dont a besoin la nation.
L’Algérie doit renouer avec la vérité, sa vérité, rassembler ses enfants patriotes, réorganiser ses institutions et reconstruire la confiance perdue entre l’Etat et ses citoyens. Dans le cas contraire, l’effondrement de l’autorité publique devant des citoyens désabusés sera fatal.
Le Président,
Soufiane Djilali
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