Au milieu des tensions géopolitiques croissantes à l’échelle mondiale, nous, Algériens, sommes conscients que notre pays n’est pas à l’abri des dangers qui nous entourent. Cependant, l’adoption de la loi sur la mobilisation générale avec une telle rapidité et un tel empressement, sans explication claire, soulève des interrogations légitimes :
S’agit-il d’une vision unilatérale ou ce texte recèle-t-il des dimensions multiples ?
Jamais la scène politique algérienne, sous les gouvernements successifs, n’a connu la promulgation d’une telle loi avec autant d’insistance. Comme si cette décision traduisait une conscience préalable d’un danger intérieur en expansion, une fragilité de plus en plus marquée du front interne, fragilité née de facteurs imbriqués : promesses illusoires répétées sans concrétisation, et prise de conscience d’un effritement progressif de la confiance des citoyens envers les institutions de l’État.
L’histoire de l’Algérie a toujours prouvé que ce peuple, par nature, est loyal à sa patrie et n’a pas besoin de textes légaux pour lui imposer de défendre sa souveraineté. Pendant la guerre de libération, les moudjahidine croyaient que « jeter la révolution dans la rue suffirait pour que le peuple la porte », et les événements leur ont donné raison. Même durant les heures les plus sombres de la décennie noire, le citoyen s’est rangé spontanément aux côtés de l’armée pour affronter le terrorisme obscurantiste. La même fibre patriotique s’est manifestée lors du Hirak, quand le peuple a perçu le danger d’un cinquième mandat. Tous ces élans furent spontanés, sans qu’aucune loi n’impose au citoyen de s’y engager.
Aujourd’hui, en revanche, le citoyen semble vivre en marge de décisions unilatérales et de lois d’une rigidité administrative, qui éteignent peu à peu en lui le sentiment d’appartenance et la flamme de la citoyenneté. Il en vient même à regarder avec méfiance et suspicion la classe politique en général, et la classe dirigeante en particulier, en raison de la détérioration des conditions de vie et de l’absence de représentation réelle de ses aspirations, celles-là mêmes qui l’avaient poussé à descendre dans la rue lors du Hirak. Ce constat est palpable à l’intérieur du pays dans la rue algérienne, à travers le retour du phénomène des harga, et dans les espaces des réseaux sociaux où se manifeste le retrait du citoyen comme des élites.
Ce texte représente-t-il une tentative de reconstruire des ponts de confiance entre l’État et le citoyen au moyen de « textes législatifs » après qu’ils ont été rompus par des politiques erronées ? Ou bien suivra-t-il le même chemin que d’autres lois, porteuses de bonnes intentions mais édifiées sur un terrain miné par la défiance ?
La question du timing et de la méthode de présentation
Ce qui inquiète le plus, c’est le moment choisi pour introduire cette loi et la manière dont elle a été présentée. Elle a été proposée avec un enthousiasme débordant, une méthode qui peut être efficace à court terme (en amont des crises), mais qui comporte de grands risques : un excès de zèle qui, s’il perdure quelques mois, risque de se muer en lassitude, puis en un effet boomerang qui accentuera le fossé entre le citoyen et ses institutions, surtout dans un contexte économique difficile.
Il aurait été plus judicieux d’ouvrir un dialogue national large et sincère, impliquant toutes les parties, ce qui aurait permis au citoyen de se sentir rassuré et considéré comme un partenaire du processus décisionnel, et non comme un simple destinataire de décisions. Car l’absence de débat sérieux créera un vide qui sera inévitablement comblé par des discours populistes, comme cela s’est produit à maintes reprises, avec des conséquences contre-productives dont seules profiteront les forces hostiles au bien du pays.
Heythem GABA
Le Bulletin Économique du Conseil Scientifique de Jil Jadid pour le premier semestre 2025, rédigé…
Un parti politique, et de surcroît dans l'opposition se doit de critiquer, d'apporter des solutions…
Algeriepatriotique : Vous avez poussé un coup de gueule sur le réseau social X suite…
Par Soufiane Djilali Depuis une dizaine d’années, l’Algérie est entrée dans la phase finale…
Il fut un temps où les nations pouvaient refuser de choisir un camp. Ce temps…
Communiqué Dénoncer le mal vous mène en prison ! Jil Jadid informe l’opinion publique que Mme…