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UN ÉTAT RICHE, UN PEUPLE FREINÉ, UNE JEUNESSE DÉSORIENTÉE.

Temps de lecture : 3 minutes
Un parti politique, et de surcroît dans l’opposition se doit de critiquer, d’apporter des solutions et des pistes de réflexions qui pourraient fournir des orientations, afin de contribuer à rendre un pays attractif économiquement et stable politiquement.
Il ne s’agit nullement ici de dénigrer tout ce que fait l’état dans le but d’améliorer le quotidien du citoyen mais relever stricto sensu les incohérences d’une gouvernance qui montre ses limites à tous les niveaux.
1/ Un état riche sera toujours la convoitise des larbins, des laudateurs et autres thuriferaires qui creusent le lit de la corruption et du clientélisme au point que ces maux deviennent une gangrène bien enracinée qui ne sera pas aisé d’éradiquer.
La corruption en Algérie n’est pas un accident, mais un système, elle ne se limite pas à quelques individus, mais s’inscrit plutôt dans une structure de pouvoir qui repose sur le troc d’intérêts, la protection mutuelle et l’impunité.
Depuis des décennies, le clientélisme est devenu un mode de gouvernance, une culture, on distribue des postes, des marchés publics et des privilèges non pas selon la compétence, mais selon l’allégeance. Cela gangrène toutes les sphères politique, économique, administrative et prive le pays d’un développement fondé sur le mérite.
Même les vagues d’arrestations de hauts responsables (après la chute de Bouteflika) relèvent plus d’une guerre entre clans que d’une volonté sincère de moralisation de la vie publique. Le peuple observe, avec lucidité, que les têtes changent mais que le système reste.
2./ L’économie sous perfusion : la rente comme prison
L’Algérie repose encore massivement sur les revenus du pétrole et du gaz, qui représentent plus de 90 % des exportations.
Ce modèle rentier crée une illusion de richesse, mais en réalité il rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux.
Au lieu d’utiliser cette manne pour bâtir une économie productive, les dirigeants ont préféré l’utiliser pour acheter la paix sociale et renforcer leur pouvoir.
La diversification économique, sans cesse annoncée, reste absente sur le terrain. Le secteur privé est étouffé par la bureaucratie, la peur de l’initiative, et un environnement légal imprévisible. L’économie informelle prospère, tandis que l’innovation et l’entrepreneuriat sont bloqués par un État qui ne fait pas confiance à ses citoyens.
3. /Jeunesse marginalisée : une génération en colère.
La jeunesse algérienne représente plus de la moitié de la population, mais elle est la première victime de l’échec politique. Le taux de chômage chez les jeunes avoisine les 30 %, parfois plus selon les régions. Nombre d’entre eux sont diplômés, mais se retrouvent sans perspective, condamnés à l’oisiveté ou à l’exil. L’expression « harga » (immigration clandestine) n’est pas qu’un mot, c’est un cri de désespoir.
Le drame, c’est que cette jeunesse n’est pas apathique. Elle a montré, notamment à travers le Hirak, sa maturité politique, son aspiration à un changement pacifique et profond. Mais au lieu d’être écoutée, elle est méprisée, criminalisée ou marginalisée. Le système ne lui offre qu’un choix : se taire, partir ou se soumettre.
4./ Liberté d’expression et médias : un silence imposé alors que les discours officiels prétendent garantir les libertés, la réalité est tout autre.
Les voix critiques, constructives pour l’intérêt général sont accusées de menacer la paix sociale, des formules floues mais efficaces pour faire taire toute opposition.
Les réseaux sociaux, derniers espaces de débat libre, sont de plus en plus surveillés. De simples publications peuvent valoir une arrestation.
Ce climat de peur asphyxie l’opinion publique et empêche l’émergence d’un débat démocratique sain.
Il est indéniable que l’Algérie n’est pas condamnée à ce modèle. Elle possède les ressources, l’intelligence collective et une jeunesse courageuse. Mais tant que les dirigeants continueront à privilégier la survie d’un système plutôt que l’avenir du pays, le fossé entre l’État et le peuple ne fera que se creuser.
Il ne s’agit plus seulement de critiquer : il s’agit d’exiger une refondation politique sérieuse, qui passe par la transparence, la justice sociale, l’écoute de la jeunesse et le respect des libertés fondamentales. C’est à ce prix que l’Algérie pourra enfin tourner la page de la stagnation et entrer pleinement dans l’ére moderne où la jeunesse devra prendre pleinement sa place.
قابة

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