Les enjeux de l’après referendum du 1er Novembre

Les enjeux de l’après referendum du 1er Novembre

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CONTRIBUTION : Par Zoheir Rouis, Vice-président de Jil Jadid

 

Les résultats du référendum constitutionnel du 1er novembre traduisent une double réalité :

1/ une défiance installée depuis des décennies face à des régimes successifs qui n’ont eu de cesse de mépriser un peuple épris de liberté et de briser son désir de vivre avec dignité dans un état de droit,

2/ une crise politique persistante, plus de 20 mois après le début du Hirak et près d’une année après l’arrivée de Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’Etat.

 

Pourquoi nous en sommes là aujourd’hui ?

Malgré les couacs de sa présidence, il faut reconnaitre qu’il était évident que le Chef de l’Etat n’allait pas, en moins de 12 mois, faire ce qui a été défait en 20 ans si on ne s’en tient qu’au régime de A. Bouteflika.

Il faut aussi reconnaitre que sur cette séquence référendaire, le contexte sanitaire couplé à l’absence du Chef de l’Etat, au plus mauvais moment, et à la qualité d’une campagne qui s’est faite sans donner le sens et les perspectives, auront eu un effet négatif sur ce projet de révision constitutionnelle, malgré ses réelles avancées.

Mais il serait naïf, voire complétement faux, de ne considérer que ces seuls éléments d’explication.

Le pouvoir n’a pas convaincu la grande majorité des algériens sur le contenu de sa démarche et les perspectives de celle-ci en lien avec les aspirations du Hirak. La lisibilité de certaines actions et initiatives a souvent été parasitée par des décisions contradictoires et contreproductives.

Rien que sur cette campagne référendaire, et alors que le Chef de l’Etat entendait incarner une rupture avec les régimes précédents, nous avons assisté à une campagne animée par de vieux chevaux de l’ancien régime et ses organisations comme si rien n’avait changé et que l’Algérie ne venait pas de connaître une année de Hirak qui a défait un régime prédateur et jeté en prison ses principales figures.

 

Que faire maintenant ?

Cette Constitution, que nous avions qualifié à Jil Jadid de Constitution d’étape, et malgré le contexte de son adoption, semble avoir bénéficié d’une consultation qui n’appelle pas de contestation, tant les chiffres annoncés paraissent crédibles. Sur le plan purement constitutionnel, cette constitution est valide. Sur le plan de la légitimité, et bien que cela ne corresponde pas à ce qui aurait été préférable, elle est indiscutablement bien plus légitime que toutes celles qui ont été triturées par des parlements croupions à la légitimité plus que contestable.

En l’état actuel des choses, il convient donc d’appliquer la nouvelle constitution et de s’appuyer sur  ses nouvelles dispositions pour engager sans délais, avec sérieux et transparence, le renouvellement de la classe politique et des institutions constitutionnelles représentatives de la volonté populaire. C’est le seul acte concret de rupture permettant de nouer les fils de la confiance et de se débarrasser des boulets qui ont de tout temps entravé la marche du peuple algérien. A cet égard, la restitution du sigle FLN à la mémoire collective serait un 1er pas.

La responsabilité de la bonne prise en charge des revendications légitimes des Algériens de bâtir un Etat de droit incombe à tous.

Une initiative politique forte destinée à asseoir les valeurs d’écoute, de dialogue et de négociation politique doit être la priorité de l’heure, pour hâter le changement réclamé, dans un contexte favorable et apaisé, et dans des conditions de transparence et de probité incontestables. Le pouvoir doit l’initier avec sincérité et l’opposition s’en saisir sans faux-fuyants et défendre des propositions et des idées concrètes destinées à doter rapidement le pays d’institutions légitimes en commençant par un parlement digne de ce nom.