Communiqué du Conseil Politique

Communiqué du Conseil Politique

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Communiqué du Conseil Politique

Alger le 21 Février 2022

Réuni ce vendredi 18 février, le Conseil Politique a fait un bilan d’étape avec la Commission Nationale Préparatoire du 2ème Congrès Ordinaire du parti, institué lors de la réunion du Conseil National du 25 décembre 2021. L’ensemble des avant-projets de textes susceptibles d’être formalisés en résolutions devant être adoptées par le Congrès, prévu à la fin du premier semestre 2022, seront soumis pour études, débats et enrichissements avant le fin du mois courant, à l’ensemble des instances et des structures de wilayas et ce, pour une durée d’un mois. La Commission Nationale Préparatoire du Congrès aura pour tâche de finaliser les synthèses et de proposer au Conseil Nationale la date, le lieu et l’organisation pratique du 2ème Congrès Ordinaire.

Le Conseil Politique a eu, par ailleurs, à débattre des questions d’actualité tant politiques qu’économiques.

Le Conseil Politique a pris note de la clôture du cycle de renouvellement des institutions élues au niveau national et local avec le renouvellement partiel du Conseil de la Nation.

Avec la contestation populaire du 5ème mandat de l’ex Président de la République et la chute concomitante de son régime, les Algériens espéraient un changement significatif de la classe politique et une reconfiguration du régime en faveur d’une ouverture démocratique et une relance économique salutaire.

La radicalisation de quelques acteurs politiques dont certains, à l’évidence, se sont inscrits, par vengeance, par idéologie ou par emballement pseudo révolutionnaire, dans une dangereuse stratégie de refonte de l’Etat algérien, a fourni au pouvoir tous les arguments pour imposer le statu quo ante. Le désarroi général de l’opinion publique, sa méfiance légitime envers une classe politique défaillante et une confusion médiatique savamment entretenue a neutralisé l’engagement citoyen et permis aux anciens appareils et réseaux d’intérêts nationaux et locaux de s’imposer dans des scrutins pourtant voulus honnêtes. La force de l’inertie a eu gain de cause face à la volonté du changement.

Malgré les intentions de bonne volonté déclarées au plus haut niveau de l’Etat, et à part l’élimination partielle des commanditaires d’une mafiocratie prédatrice et vorace qui s’était imposée à l’Etat (ce qui est déjà, d’une importance capitale !), le changement qualitatif tant espéré tarde à se manifester concrètement.

Le sentiment partagé par l’ensemble des patriotes est qu’aujourd’hui le pays navigue tant bien que mal, sans dessein défini ni enthousiasme novateur.

Les assemblées élues, en particulier l’APN, semblent inexistantes et n’embrayent pas, jusqu’à présent, sur les préoccupations des citoyens. L’inflation, le chômage, l’appauvrissement et la détérioration de la qualité de la vie démoralisent les Algériens qui lorgnent dorénavant un avenir au-delà de nos frontières.

Les hésitations du gouvernement, des décisions intempestives et incompréhensibles, un manque flagrant de communication n’ont pas permis une franche adhésion populaire dont l’Algérie a un grand besoin alors que des forces, à l’évidence mercenaires et anti patriotes, ne cessent de remettre en cause la cohésion nationale.

Les réactions défensives de l’Etat ne sont cependant pas toujours appropriées. La fermeture inexpliquée du champ médiatique, l’inaccessibilité de sites d’information, les limites du système régnant dans le secteur des médias publics et privés, l’absence de débats politiques, la frilosité extrême du traitement de l’information… ont étouffé la capacité nationale à clarifier les enjeux, à insuffler de l’espoir, à créer de l’innovation et à mobiliser les consciences.

Le marasme de notre système de communication est le principal allié de la désinformation, du révisionnisme sur les drames des années 90, et des alliances internationales géostratégiques voulant mener le pays à la reddition.

Toute une frange de jeunes Algériens est conditionnée par un récit historique qui inverse la réalité et qui transforme les terroristes en victimes et les victimes et les résistants, en criminels de guerre !

Il est d’ailleurs incompréhensible que quelques individus à la moralité plus que douteuse puissent régner sur une partie de l’opinion publique désorientée sans qu’une réponse professionnelle et adéquate de la part de l’Etat et plus largement du système d’information national, ne leur soit opposée.

Le contrôle sécuritaire et administratif de l’information prend de plus en plus une allure d’arbitraire créant l’illusion de sa maitrise alors que toute la société est branchée sur l’espace extérieur, dont une bonne partie est exposée sans défense face à toutes les manipulations et reste démunie de toute référence endogène crédible.

La gestion exclusivement sécuritaire de la crise que traverse la société algérienne ne peut être une solution de long terme. Si la répression des dérives est une arme légitime, elle reste cependant largement insuffisante et ne peut combler l’absence d’une action politique de qualité. L’emprisonnement systématique et préventif des activistes, dont une bonne partie est certainement loin d’être un danger public malgré des dérapages avérés, rajoute à une défiance populaire due en bonne partie à l’absence d’une communication claire concernant les dossiers des détenus. Alors qu’elle est rendue au nom du peuple, la justice ne semble pas toujours préoccupée par ce que peuvent penser les Algériens sur les raisons des peines infligées qu’elle prononce, quelquefois trop lourdes au vu de l’accusation officielle. Pourtant, normalement le premier allié de l’Etat ne peut être que le citoyen informé et averti des faits.

Or, le pouvoir semble penser le contraire, et le réflexe instinctif de protection, de contrôle et de sécurité fait obstacle à l’ouverture salutaire, à la compétence intègre et à l’innovation vivifiante dans le corps de l’Etat.

La crise économique, malgré la remontée des cours des hydrocarbures, est appelée à s’aggraver au vu du cumul de la non gestion, de la bureaucratie et de la corruption qui durent depuis maintenant de trop nombreuses années. Il est vrai qu’une nouvelle orientation s’esquisse en faveur de la production nationale, mais les intérêts qu’elle bouscule lui résistent.

Les difficultés du pays face aux diverses pressions extérieurs et à l’instabilité géopolitique devraient pourtant inciter au dialogue interne, à la définition d’une vision d’avenir pragmatique et enthousiasmante, à l’ouverture économique fondée sur les principes du droit, de la transparence et de l’encouragement à l’initiative. La confiance, l’espoir et la sécurité sont des leviers incontournables.

Il n’est pas possible, ni logique, de vouloir dépasser les contre-performances économiques et commerciales induites par une bureaucratie hégémonique et trop souvent corrompue en ayant recours à encore plus de bureaucratie et d’interventionnisme archaïque de la part de certains responsables exécutifs.

Si le panorama général de la situation du pays parait peu encourageant, il reste néanmoins et malgré tout, quelques progrès palpables qui ont pu être opérés dans certains secteurs dont le repositionnement du pays sur l’échiquier international.

Après une politique étrangère désastreuse qui a duré une vingtaine d’année, l’Algérie retrouve peu à peu une visibilité et une influence qui traduisent une souveraineté retrouvée.

En tout état de cause, l’Algérie sort, lentement et malgré les difficultés, de sa léthargie. Le pouvoir, c’est une évidence, a une responsabilité dans cette phase historique, mais cela n’en dispense pas moins la société algérienne de la sienne. Au lieu de tomber dans le nihilisme et une réactivité émotionnelle stérile, l’intelligentsia du pays devrait au contraire s’impliquer dans la fabrication de l’avenir. L’irresponsabilité couplée aux lamentations et à l’aigreur ne bâtissent pas les grandes Nations.

Tiraillé entre son désir de mieux vivre quitte à larguer les amarres et à enraciner son espérance sur la terre de ses ancêtres l’Algérien cherche sa voie. Pourtant, il devra trouver les bonnes raisons et la confiance en soi nécessaire pour faire de son pays une patrie où il fait bon vivre, avec dignité et respect !

 

Le Président,

Dr Soufiane Djilali