Communiqué du Conseil Politique

Communiqué du Conseil Politique

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Alger, le 18.09.2022

 

Communiqué du Conseil Politique

 

Le Conseil Politique s’est réuni, au siège national, ce vendredi 16 septembre 2022.

Ce premier conseil de la rentrée a été l’occasion d’une revue générale de la situation du parti et de l’actualité nationale.

Le Conseil Politique adresse ses félicitations à l’ensemble des militants de Jil Jadid pour la réussite du 2ème Congrès Ordinaire tenu le 25 Juin 2022 ainsi que pour le renouvellement des structures dirigeantes, appelées à apporter une nouvelle dynamique au parti.

A la lumière de la résolution « Bilan et stratégie d’avenir » adoptée par le Congrès, le Conseil Politique a mis en place le calendrier des activités ainsi que les objectifs politiques à atteindre pour les prochains mois.

Par ailleurs, le Conseil Politique a débattu de la situation politique du pays et considère :

Au plan interne : 

L’Algérie a besoin plus que jamais d’entamer de larges et profondes réformes dans divers secteurs de la vie nationale et en particulier dans le fonctionnement de son économie.

Les efforts de soutien à la production et à l’investissement dans les startups sont à encourager. La levée des blocages administratifs pour les nombreux projets économiques en souffrance doit être poursuivie.

Cependant, la bureaucratie, la multiplication des méandres administratives et la gestion clientéliste de certains secteurs rentiers vont à l’encontre des déclarations et engagements des autorités supérieures de l’Etat.

Les multiples difficultés apparues dans l’application de la nouvelle vision politique révèlent des résistances au changement, la sclérose des mentalités à divers échelon des responsabilités et la persistance ou, plus grave, la reconstitution de réseaux prédateurs actifs, anciens et nouveaux.

Il est vrai qu’une lutte contre la corruption est engagée et que de très nombreux anciens responsables se trouvent face à la justice.

Cependant, le traitement politique de ces dérives par les autorités ne peut justifier un immobilisme gouvernemental handicapant et un manque flagrant de communication.  La vie politique du pays semble paralysée et le musellement implicite de toute parole critique renforce le sentiment d’une fermeture politique incompréhensible et à terme dangereuse.

Jil Jadid regrette et condamne l’utilisation abusive de la détention préventive dont celle qui concerne les journalistes dans le cadre de leurs activités professionnelles. Il y a là, un non-respect de la Constitution concernant la liberté d’opinion et d’expression. L’état d’esprit chez les professionnels de l’information est de plus en plus à l’autocensure et au désengagement par rapport à la dénonciation des faits répréhensibles. La neutralisation des journalistes nationaux ouvre la voie, malheureusement, aux discours nihilistes et destructeurs portés par ceux qui sont hors de portée des lois nationales et surtout prépare le terrain à de nouveaux excès, protégés par l’omerta et l’impunité.

Il ne peut y avoir de mobilisation nationale sans confiance populaire et dans ce cadre, un autoritarisme injustifié va à contresens de la volonté affichée par le Président de la République.

Les Algériens ont besoin de se retrouver, de dépasser leurs différends et de se tourner résolument vers l’avenir d’autant plus que celui-ci est chargé de défis. Ils attendaient une initiative de renforcement de la cohésion politique interne. Cependant, jusqu’à présent, rien ne présage d’une ouverture politique salutaire et un désenchantement s’installe insidieusement dans tous les esprits.

Au plan externe :

La crise énergétique prend dans le monde, une ampleur démesurée et si, pour le moment, ses retombées financières sont positives pour l’Algérie, il reste qu’elle pose des questions fondamentales et urgentes par rapport aux conséquences directes et indirectes sur le pays.

L’inflation à deux chiffres touchant nos partenaires de l’UE et l’appauvrissement brutal des couches les plus défavorisées, se répercuteront, non seulement sur le coût des produits et services importés de cette zone économique mais également pourraient provoquer un mouvement de retour vers le pays d’une partie significative de notre communauté, la plus précaire, installée en Europe.

La probable déstabilisation économique et même sociale des pays de l’UE, pourrait être par ailleurs, à l’origine d’une vague supplémentaire de délocalisation de la petite et moyenne industrie qui recherchera alors un environnement énergétique plus clément et des marchés nouveaux plus attractifs.

L’Algérie possède d’immenses atouts qu’elle pourrait faire valoir dans une coopération multilatérale pour son développement, en offrant des prix de l’énergie plus favorables, de la main d’œuvre concurrentielle et un marché potentiel avec accès au continent africain.

L’Algérie qui avait près de 200 milliards de dollars de réserve en 2009, n’avait pas osé s’engager dans une politique audacieuse pour acquérir des actifs de sociétés étrangères et développer son industrie et son commerce alors que la crise financière mondiale lui avait donné de grandes opportunités. Elle avait, au contraire, fini par consumer son capital dans la prédation et la gabegie. Elle ne doit pas, encore une fois, en 2022, laisser passer une opportunité historique pour sortir de son sous-développement inadmissible.

Sans avoir à brader nos ressources naturelles, un coût comparatif plus avantageux de l’énergie pourrait être un gage pour entrainer un transfert d’activités vers nos territoires ainsi qu’un gain technologique et commercial au bénéfice de notre jeunesse.

Pour compléter ce panorama critique mais qui offre néanmoins une perspective positive, il faut saluer les positions de l’Algérie à l’international. En effet, l’Algérie est de nouveau pleinement présente dans le jeu complexe des nations. Son rapprochement des BRICS mérite le soutien. Plus encore, l’Algérie est en droit de convoiter au moins un statut de partenaire au sein de l’OCS à l’image de plusieurs autres pays arabes. Cela lui donnerait une perspective hautement stratégique dans la nouvelle carte géopolitique qui se dessine.

Enfin, l’engagement de l’Algérie pour la réussite du sommet arabe le 1er Novembre est à saluer. L’invitation de tous les pays membres de la ligue arabe, et la présence attendue de la plupart des Chefs d’Etat, augure d’un sommet de qualité. En espérant que la lucidité politique et la solidarité des intérêts stratégiques d’une ligue à la recherche de son identité soient là.

 

Pour le Conseil Politique

Soufiane Djilali