Les valeurs fondamentales

Préambule

Tous les peuples du monde se caractérisent par certaines valeurs ou certaines croyances dont les traits semblent plus ou moins prononcés. Pourtant, tous puisent leur idéal d’un fond commun à toute l’humanité. En tant qu’être humain, nous évoluons avec un registre génétique dont le potentiel est quasiment identique mais dont les possibilités d’expression  sont pratiquement infinies.

Chaque grande culture s’est construite au cours des siècles en adaptant l’homme à son milieu. L’homme est d’abord un être social. Pour ses besoins innés, donc biologiques, il lie sa dynamique de vie à la collectivité. Il construit sa sécurité, il répond à ses besoins fondamentaux par le travail (cela va de la cueillette ou chasse  du primitif à l’activité la plus sophistiquée de l’homme moderne), il fonde famille, se reproduit, défend ses acquis, ses proches… Quoi de plus naturel que tout cela ?

Personne ne peut vivre seul par ses propres moyens, en autarcie. Chacun doit être en relation continue avec les membres de sa famille, les voisins, les amis, les collègues, les concitoyens… L’un des aspects les plus fondamentaux de la vie humaine est donc la nécessaire interrelation entre les individus.

De cet entrelacement de liens sociaux, se construit une société. La société n’est sûrement pas une entité édifiée par la raison humaine avec préméditation. Elle est le résultat naturel de la dimension biologique de l’Homme. Tout s’est réalisé dans l’implicite. Personne n’a attendu un théoricien de la sociologie pour s’organiser et vivre en société. Cependant, la prise de conscience de l’existence de cette société a fait que l’intelligence humaine s’y intéressa.

En particulier, très tôt, les sociétés constituées se sont donné des règles collectives auxquelles les individus devaient impérativement se soumettre en limitant leur champ d’actions personnels, et en s’impliquant dans la sauvegarde de la collectivité, parfois même au risque de sacrifier leur propre existence (guerre). Par ailleurs, en cas de comportements antisociaux, des sanctions (jusqu’à l’exécution) interviennent, pour prémunir le groupe des déviations par rapport aux normes conventionnelles imposées.

C’est que le groupe est essentiel pour la survie de l’individu. L’ensemble est plus fort, plus puissant que l’unité. La répartition des rôles est fondamentale. Les hommes et les femmes deviennent des rouages impliqués dans le bon fonctionnement du tout. 

Si la société est bien organisée, elle devient efficace et en retour offre plus de sécurité et plus de marge de manœuvre  aux individus. Cependant, cela a un prix. Il implique l’engagement des individus dans la collectivité, la limitation de ses désirs. Chacun doit remettre une partie de sa liberté au groupe. Une société peut être plus ou moins exigeante, plus ou moins autoritaire avec ses membres. Dans certains cas extrêmes, elle peut exiger l’anéantissement de la volonté individuelle. Or, en tuant l’individu, la société elle-même se dévitalise. D’autres sociétés sont beaucoup plus libérales et impliquent l’individu dans les processus de décision. 

Dans tous les cas, l’individu est donc soumis, par conditionnement et par contrainte aux règles générales. Dans tous les cas, cela se fait par l’éducation générale, par l’implicite, par une forme d’injection d’idées à l’enfant puis à l’adulte sans que le récipiendaire  en prenne conscience. Chacun évoluant dans une ambiance générale pensant qu’il s’agit là d’une manifestation naturelle d’un comportement « normal » comme le dit si bien la vox populi.

Il est intéressant de constater que la nature de la « culture » plus ou moins autoritaire, donne naissance à des pouvoirs qui lui sont conformes. Dans une culture où l’individu est écrasé par la société, les Etats qui sont érigés ont une tendance lourde à l’autoritarisme, parfois tout simplement à la dictature. Les cultures libérales sont plus individualistes, et leurs Etats plutôt démocratiques.

Il y a alors une équation qui s’établit. Plus l’Etat est autoritaire et plus l’individu le subit et plus il développe une attitude réfractaire passive. Au contraire, plus l’Etat est libéral et plus l’individu est responsabilisé et plus il a un comportement actif. Ainsi, la nature des croyances et des normes qui règnent dans une société ont-ils une influence directe sur les modes de fonctionnement politiques. Ce sont les valeurs sous jacentes à une culture qui lui donnent son équilibre, sa couleur, sa nuance et en fin de compte son expression pratique.

 

Les valeurs

Toute société fonctionne selon des valeurs partagées au moins partiellement par les individus qui la compose et qui permettent l’élaboration d’une culture commune.

L’absence de valeurs communes, partagées et intériorisées par les membres d’une communauté ou d’une nation, signifie le désordre, le non-sens et finalement la désintégration. Dans un processus historique, l’homme interagit avec son milieu social et produit une hiérarchisation des valeurs selon les défis à relever. Dans un milieu hostile, la valeur « courage » devient vitale. Dans un environnement paisible, la valeur « conservatisme » s’impose d’elle-même.

Si l’on considère qu’une société est un « organisme » vivant, qui a ses propres attributs et qui est capable d’adaptation à son milieu au fur et à mesure des changements historiques, alors il faut accepter l’idée qu’il n’existe pas de « valeurs » absolues, nécessairement vraies à toute époque et en tout lieu.

Tout au contraire, une valeur positive à un moment donnée peut devenir un facteur négatif, régressif ou mortel, à un autre. En temps de guerre, l’agressivité ou la capacité à donner la mort à autrui, peut devenir nécessaire. Détruire l’ennemi est alors salutaire. En temps de paix, cette tendance mortifère du thanatos devient au contraire nuisible pour l’être et pour la société.

 

L’Algérie

Aujourd’hui, la société algérienne, subit une perturbation profonde de son échelle de valeurs. Les valeurs les plus actives dans la société ne sont pas en cohérence avec ses besoins. Par ailleurs, un dysfonctionnement général de la matrice des valeurs vient de la multiplicité et la contradiction des échelles de valeurs établies au sein de la société.

L’Algérie a été façonnée dans une culture millénaire par sa géographie, la profondeur de son histoire, ses valeurs anthropologiques et ses croyances religieuses. Aujourd’hui, des « restes » de la tradition, normative et tatillonne, s’érigent en complexes psychiques, inflexibles et anachroniques qui empêchent tout ajustement interne des valeurs opératoires et causant des décalages et des contradictions entre les désirs de la société et leur impossible satisfaction. 

Notre culture traditionnelle, s’est désadaptée du réel tout en subissant une modernité qui, à défaut d’être le produit endogène de son évolution naturelle, lui impose des distorsions, s’insinue en elle à son corps défendant, la désarticule, la rend de plus en plus incohérente et l’éloigne de son sens originel. Le terrorisme, la violence, l’agressivité, la « harga », le suicide, la dépression, les névroses, sont les facettes manifestes et extrêmes d’une maladie sociétale portées par l’individu. L’ « indéveloppement » en est le symptôme collectif

Ce malaise est, au fond, l’expression de déséquilibres intrinsèques entre les multiples valeurs d’une culture, elle-même déstabilisée dans ses certitudes par une réalité nouvelle et exigeante qui ne lui fait aucune concession. 

L’observation attentive de la société algérienne révèle donc un dysfonctionnement profond dans son système de valeurs. Celui-ci, bouleversé par une présence coloniale longue et déstructurante a été heurté, après l’indépendance, par des politiques populistes qui ont atteint et perturbé des valeurs ancestrales, anthropologiques, qui avaient persisté comme résidus d’une vieille culture.

Aujourd’hui, la société algérienne semble errer sans repères, sans référents. Elle se désagrège au fur et à mesure que la cohésion nationale s’atomise, se disloque. La violence des transformations sociales et le choc d’une modernité non assumée ont été tels que les Algériens ne semblent plus maîtres de leur destin.

Les relations sociales, le mode de gouvernance, la transformation du modèle familiale montrent un désarroi profond, une angoisse croissante et un trouble névrotique. La famille et l’école dont le rôle premier est l’apprentissage des valeurs et des modes de communication sont en pleine déconfiture. La rue a pris le relais, constituant un espace où la violence, la brutalité, le non-droit, la laideur ont pris le dessus.

Les grandes cultures dans le monde qui donnent naissance à des civilisations épanouies, sont avant tout des systèmes cohérents, à grand potentiel d’adaptation, et toujours lié au sens de leur destin.

 

Une matrice d’un projet de société

Gouverner c’est prévoir dit la sagesse populaire. Mais prévoir quoi ? S’il s’agissait seulement de prévoir le nombre de logements à construire, le nombre de postes de travail à créer, le nombre d’usines à édifier ou même les taux de croissance, d’inflation et d’endettement à réaliser, cela aurait pu être confié à des experts es-sciences et le problème résolu. Malheureusement, la réalité est beaucoup plus complexe. 

Avant de savoir comment conduire une nation, il faut que celle-ci sache exactement quelle société elle veut. Cela signifie un haut degré de conscience populaire et une élite éclairée, loyale avec son peuple et engagée dans la réalisation de son idéal. Un projet de société ne peut pas être une spéculation intellectuelle ou la projection d’une vision préfabriquée à partir de matériaux importés. Il ne peut y avoir d’hommes providentiels capables à eux seuls de déterminer le sens de l’histoire. Un projet de société authentique doit être l’expression d’un potentiel endogène à la nation. Or, pour qu’un tel projet se manifeste, il faut que les conditions psychologiques et morales soient réunies. Il faut un élan populaire, venu du plus profond de la conscience collective pour porter une dynamique de civilisation. Une classe politique vertueuse doit aider cette dynamique de fond à se transformer en réalité et non pas s’illusionner avec un idéal auto-défini en rapport avec un modèle projeté qui réponde à une esthétique exogène.

Le peuple algérien réunit un certain nombre d’atouts pour réaliser cette métamorphose. Cependant, des failles importantes dans son appareil culturel le bloquent dans sa phase actuelle, certaines valeurs essentielles pour un tel projet lui faisant défaut, ont été négligées par le système éducatif et familial, ou même ont été détruites par une politique démunie de clairvoyance. 

Il est donc prioritaire de mettre en évidence certaines des valeurs nécessaires à un élan civilisationnel afin de les conforter si elles sont déjà là, de les raviver si elles font parties de notre patrimoine anthropologique ou de les réinjecter dans la société si elles ont été détruites par 50 ans de conduite erratique de la société. 

 

Les valeurs que défend Jil Jadid

La définition des valeurs de Jil Jadid répond à certaines exigences intellectuelles, pédagogiques mais aussi de communication politique.

En effet, Jil Jadid n’a pas pour fonction d’étudier sous l’angle académique la question des valeurs. Notre objectif étant fondamentalement politique, nous proposons ici, la présentation de certaines valeurs phares que nous estimons essentielles pour la fondation de notre projet de société. Ces valeurs phares peuvent elles-mêmes être sous tendues par d’autres valeurs non pas en tant que valeurs secondaires mais en tant que valeurs constitutives de celles que nous avons choisies comme étant fondatrice de notre action. Il n’y a donc pas ici une classification normative mais une formalisation hiérarchique, une présentation pratique en rapport avec notre projet politique. Pour être plus explicite, prenons l’exemple de la valeur « responsabilité » ou plus exactement « sens de la responsabilité ». Cette valeur ne peut fonctionner dans une société sans le préalable de la valeur « liberté ». En effet, nul ne peut être responsable de ses actes s’il n’est pas au préalable libre de son choix. Ici, la valeur « liberté » devient consubstantielle à la valeur phare « sens des responsabilités ».

Par ailleurs, l’exigence pédagogique implique la limitation du nombre de valeurs phares à mettre en exergue. Autrement, ces dernières seraient diluées dans un flot qui leur ferait perdre leur opportunité et leur efficacité dans le discours politique. De plus, il est essentiel que les valeurs soient choisies non seulement en fonction de leur utilité intrinsèque perçue à travers leur opérabilité, mais également pour leur harmonie fondamentale avec le fond anthropologique dans sa dimension religieuse. Car, il doit être bien assimilé qu’aucune valeur étrangère à la cosmogonie islamique ne peut être cultivée avec une réelle chance de réussite. De ce fait, les valeurs phares proposées doivent avoir une racine dans l’imaginaire populaire, être cohérentes avec la dimension spirituelle, répondre à la dimension universelle et devenir vectrices d’une dynamique sociétale heureuse. 

Dans cet esprit, Jil Jadid opte pour un tryptique, sans que cela ne signifie l’exclusivisme, soit : 

 

Responsabilité, Justice, Innovation.

 

I- La responsabilité

Coran, S5. V.105. « … Vous êtes responsables de vous-mêmes… Et vous retournerez tous à Dieu qui vous informera alors de ce que vous œuvriez ». 

L’exercice de la responsabilité pour l’homme suppose celui de la liberté. Mais une liberté sans le sens de la responsabilité deviendrait vite une source de désordre dans la société. « La liberté de chacun s’arrête là où commence celle des autres » dit l’adage populaire. En effet, faire ce qui nous plaît peut signifier « liberté » mais en aucune manière « responsabilité ».

Dans la société algérienne, la valeur « responsabilité » est pratiquement déconsidérée.

L’Etat, depuis 1962 a mené une politique populiste d’assistanat car il exigeait en retour la docilité. Chacun doit se soumettre à la volonté politique du pouvoir en place. Celui-ci s’employant à répondre aux besoins de l’individu tout en prenant soin de les définir lui-même. 

Adossé à une culture fragilisée par son contact au monde moderne et recroquevillé sur elle-même, de nature communautariste et solidaire, le pouvoir politique a voulu aller jusqu’au bout de cette logique : tuer l’individu pour étouffer toute contestation. Parmi les conséquences de cette politique, l’incroyable perte du sens des responsabilités de l’Algérien.

Une multitude de dysfonctionnements de notre société provient de l’absence de cette valeur.

Cela est palpable à tous les niveaux. Chez les dirigeants, les décisions tombent comme des couperets sur les administrés avec des conséquences parfois dramatiques mais cela ne remue aucun sentiment de culpabilité chez eux. Ils ne se sentent pas responsables des conséquences parfois désastreuses de leurs actes. Les plus hautes autorités de la République se permettent d’agir en dehors des règles constitutionnelles sans aucun remord et sans se soucier des effets de leurs actes sur la population. Des Ministres, des walis prennent des décisions en bloquant des projets, en changeant de règles provoquant la faillite des entreprises, en mettant au chômage des centaines, voir des milliers de personnes alors qu’une simple concertation aurait pu l’éviter et cela sans sourciller. Des gendarmes installent au beau milieu de l’autoroute des barrages, provoquant ainsi plusieurs accidents. Cela ne les dérange point. Un simple fonctionnaire vous fait venir et revenir à son bureau, alors que vous habitez parfois à des centaines de kilomètres de là. Il ne se pose aucune question sur les désagréments qu’il vous cause. 

Ce comportement n’est malheureusement pas l’apanage des seuls représentants de l’autorité. Les petites gens, si souvent victimes de ces absurdités, deviennent eux aussi, à chaque fois que l’occasion se présente, la source d’anomalies pour les autres. Le voisin qui fait des travaux à minuit en dérangeant tout le monde, le chauffeur  qui conduit de façon ahurissante mettant en danger la vie des autres, les parents qui lâchent leurs enfants dans les rues au mépris des risques… Violence, abandon de famille, manque de sérieux dans le travail, parole donnée jamais assumée… et tout le reste de notre quotidien malmené par tant de nuisances dont l’origine reste la même : l’absence chez l’Algérien du sens de la responsabilité !

L’Algérien est devenu imprévisible, causant sans cesse des dégâts autour de lui sans pour autant jamais en assumer les effets. Sans le sens de la responsabilité, c’est le désordre qui s’installe, progressivement mais inéluctablement. Les familles n’éduquent  plus cette valeur. L’école est pire. Les Imams des mosquées se réfugient dans des discours incompréhensibles. La justice punit plus sévèrement ceux qui avouent (et donc assument) leurs méfaits que ceux qui s’arrangent pour nier leurs crimes. Reconnaître ses actes est perçu comme une insolence qu’il faut punir. Les terroristes profitent de la loi sur le repentir mais ne se repentent point…

Réinjecter le sens des responsabilités dans la société est devenu impératif. Il faut inculquer au citoyen l’idée que chacun doit assumer les conséquences de ses choix et de ses actes. Celui qui a choisi de procréer 10 enfants ne doit pas s’en remettre ensuite à la collectivité pour leur santé, leur éducation, leur logement, leur emploi tout en se plaignant en même temps de ne pas joindre les deux bouts.

Il faut que chacun comprenne que les décisions qu’il prend en toute liberté ont des conséquences, bonnes ou mauvaises qu’il doit assumer. Les modes de fonctionnement de la société entière doivent être réformés. En économie, le dirigeant qui fait gagner son entreprise, sur la base de données objectives, doit être encouragé, mieux payé, bénéficier de promotion etc… Celui qui échoue dans ses missions doit être remercié. 

Celui qui faute et assume son erreur doit bénéficier de circonstances atténuantes. Celui qui se dérobe à ses responsabilités et les rejettent sur autrui doit être condamné avec plus de sévérité. 

Il est vital que chacun soit mis devant les résultats de son comportement et de ses choix. Cela suppose fondamentalement : 

 

La liberté individuelle, 

La liberté de pensée, 

La liberté de conscience.

 

Ces libertés doivent être clairement défendues dans les textes fondamentaux du pays. Elles fondent ainsi la démocratie comme système de gestion de la société.

Ces valeurs pourront être d’autant mieux exprimées par notre société, que notre fond anthropologique amazigh y est très fortement attaché. A notre ancestral besoin de liberté, il nous faudra nous éduquer à intégrer plus de sens des responsabilités dans notre culture populaire.

Ainsi, si nous voulons accéder à un niveau d’organisation supérieure de notre société, il faut que les individus qui la composent soit d’un niveau d’éducation performant, c’est-à-dire, une éducation qui éveille les consciences et qui éduquent les comportements. Une école bien faite n’est pas celle qui inculque beaucoup de savoir mais qui éduque l’enfant dans des valeurs hautes qui lui permettront de construire une société dynamique, cohérente, sereine et solidaire.

 

II- La Justice

« Oh  créatures, Je me suis interdit l’injustice et Ai interdit sa pratique entre vous. Ne soyez pas injustes ». Hadith Qodoussi. (Traduction libre).

La justice est l’un des fondements impératif et essentiel dans la gestion de la société humaine.

L’injustice, ou l’absence de justice, est la première source de désordre dans la cité. 

Dès qu’une relation s’établit entre deux humains la notion de justice intervient. En effet, sur quelle base les uns et les autres interagissent ? La pente naturelle de l’égo humain est de se centrer sur ses propres intérêts, ses propres passions. Or, il n’y a pas de mesure absolue à laquelle se référer pour fixer des seuils définissant la relation juste. Ainsi en est-il dans les rapports entre l’époux et l’épouse, entre l’employeur et l’employé, entre celui qui détient l’autorité et celui qui doit s’y soumettre.

Dans une société où la valeur « argent » prend de l’ampleur, où le matérialisme et le consumérisme s’imposent comme essentiels dans l’échelle de valeur définie par le monde moderne, les individus se laissent souvent entrainer vers des rapports d’intérêts sous tendus par des rapports de force. Or, la force ne devrait être que la continuité de la justice, être son moyen ultime pour l’imposer à celle ou à celui qui transgresserait le droit. La force ne doit en aucun cas fonder les rapports, car elle deviendrait l’instrument du racisme, du sexisme de l’intolérance ou de certaines idéologies totalitaires. Ces principes sont à la base de l’Etat de Droit.

En Algérie,  l’institution sensée défendre cette vertu est elle-même au centre de controverses et est considérée par beaucoup de concitoyens comme étant plus au service du fort et du puissant plutôt que de la défense du droit.

Au-delà des problèmes juridiques, institutionnels et politiques, il faut s’interroger sur l’assimilation de la valeur « justice » par la société elle-même. Car, le fond du problème est de savoir comment celle-ci perçoit cette valeur et comment elle permet l’élaboration des lois et règles pour ordonner la vie économique, sociale, et politique.

On peut prendre pour exemple le rapport Homme/Femme. Pour certains, il s’agit d’appliquer les règles traditionnelles où la femme est dans l’obligation morale d’être au service du foyer et des enfants, et qu’il ne peut y avoir d’égalité stricte entre les époux, l’épouse étant subordonnée à la volonté du chef de famille. D’autres soutiennent qu’au contraire, rien ne justifie une quelconque différence, l’homme et la femme étant absolument égaux.

Cette perception contradictoire du rapport entre les hommes et les femmes, engendre une conception contradictoire de la justice dans l’arbitrage des conflits conjugaux ou plus largement des conflits dans la société. Ce type de perception contradictoire peut être élargi à un grand éventail de situation : rapport autorité / citoyens, administration / administré, culture dominante / culture minoritaire,  etc…

Il est donc essentiel pour une nation de mettre en œuvre une justice institutionnelle indépendante, intègre, et équitable. Mais il est en même temps impératif de rendre cohérent les principes de base sur lesquels se fonde la perception des citoyens de ce que doit être la justice. Cela relève bien évidemment d’une dimension culturelle.

A Jil Jadid, nous défendrons, la justice qui s’inscrit dans les principes suivants :

  • Le droit et la justice fondent et défendent l’égalité des êtres,
  • L’égalité dans la diversité,
  • L’égalité entre tous en droit,
  • L’égalité entre hommes et femmes,

C’est par l’assimilation de ces valeurs, dès le jeune âge, grâce à l’école mais aussi à tout l’environnement intellectuel, culturel, cultuel, artistique et politique, que les Algériens harmoniseront entre eux leurs rapports et construirons l’Etat de droit.

 

III- L’Innovation

S29. V6. « Et quiconque fait Jihad, mène un combat contre sa propre âme… ».

La vie est mouvement, changement, évolution. L’une des caractéristiques essentielle de la vie est sa capacité d’adaptation. S’adapter, s’est inventer de nouveaux moyens pour sa propre survie ou pour une meilleure vie.

La vitalité de l’espèce humaine, sa capacité à faire face aux défis de la nature, son génie à construire des civilisations à travers l’histoire, sont alimentés par son aptitude à l’invention, à la création et bien entendu à l’effort physique et intellectuel.

Dans le monde actuel, les peuples les plus inventifs possèdent la technologie et s’imposent dans le concert des nations. Les peuples conservateurs, immobiles, incapables d’imagination se retrouvent toujours à la fin du peloton mondial, à la traîne des découvertes et du développement.

En tant que valeur phare, l’esprit d’innovation fait corps avec des valeurs tout aussi essentielles pour pouvoir maîtriser son propre destin. Une nation terne, incapable de traduire son imagination dans la production industrielle, culturelle ou sociologique finit par se scléroser et être défaite. Si le colonialisme n’est plus à l’ordre du jour, une forme plus pernicieuse de perte de la maîtrise de son destin devient réelle.

Pour faire épanouir sa capacité d’innovation, un peuple doit cultiver d’autres valeurs y afférentes :

La confiance en soi,

L’effort,

Le goût du travail bien fait,

L’endurance et la continuité dans l’effort,

Le pays doit encourager les créateurs, lever les obstacles de la bureaucratie, reprendre confiance en soi, aller de l’avant. Il faut qu’il se prépare à affronter les véritables défis qui nous attendent en tant qu’Algériens mais aussi en tant qu’humains, car, notre génération devra affronter un changement civilisationnel qui concerne l’humanité. L’homme conscient doit agir, et prendre des initiatives.

 

Conclusion

Les trois valeurs phares que nous proposons ici, à savoir, le sens des responsabilités, la justice et l’innovation, avec l’ensemble des valeurs qui leurs sont consubstantielles constituent là les valeurs fondamentales pour élaborer la matrice du projet de société de Jil Jadid. 

Le projet de société doit être viable, raisonnable, endogène à la culture nationale et qui ouvre en même temps, le champ à une évolution profonde tant des mentalités que des comportements des jeunes générations d’Algériens appelés à former l’élite du pays.

La Responsabilité, la Justice et l’Innovation, sont à la base de notre engagement :

« Le devoir d’agir »

Pour la construction de 

L’Etat de Droit et la Démocratie.