Communiqué 23-11-2018

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Le Conseil Politique relève avec inquiétude le délitement de l’Etat en l’absence totale du Président de la République.

En cette interminable fin de règne d’un régime prédateur, les institutions se décomposent et l’autorité de l’Etat se dissous devant la montée de l’exaspération générale.

Après les blogueurs, les journalistes, les artistes, les sportifs et les militants qu’il emprisonne à tour de bras, le pouvoir s’en prend à une jeunesse qu’il avait abandonnée à son triste sort, en lâchant sur elle des policiers, eux-mêmes surexploités, pour maintenir coûte que coûte l’ordre établi.

Que la fin de ce régime soit actée lors de ces futures présidentielles ou pour plus tard, celle-ci promet non seulement l’humiliation des tenants du système mais surtout l’effondrement général du pays si une réaction salutaire des véritables décideurs n’est pas engagée.

D’ores et déjà, il est inutile de s’attendre à des élections présidentielles conformes aux normes démocratiques ; les conditions n’ayant pas été réunies pour un véritable scrutin. 

A moins de deux mois de la convocation du corps électoral, le climat politique est loin d’inciter à une quelconque participation à une compétition électorale qui n’en sera pas une.

Le futur Président de la République sera installé par ceux qui détiennent les clefs de la « maison ».

Malgré tous les efforts qu’elle a fournis et les multiples initiatives qu’elle a prise, l’opposition  n’a pas réussi à s’unifier ni à provoquer une véritable mobilisation populaire. Les manœuvres du pouvoir et les calculs trop étroits de certaines parties auront eu raison, pour le moment en tous les cas, de ses ambitions. Elle aura donc naturellement à subir la suite des événements. 

 

Dans le cas d’un ubuesque cinquième mandat ou d’une simple passation de relais à un homme lige de l’actuel clan au pouvoir, Jil Jadid appellera les Algériens à refuser d’être utilisés comme caution. Le boycott actif aura un sens moral à défaut de peser lourdement sur les résultats de l’opération d’usurpation électorale. 

A moins que, dans une réaction constructive, les cercles influents  décident de mettre leur poids en faveur d’un homme qui aurait pour mission d’ouvrir une véritable période de transition avec un programme de réformes politiques, constitutionnelles et économiques à la hauteur des enjeux, destinés à engager le pays dans la voie de l’Etat de droit. Dans ce cas, Jil Jadid, prendra en toute transparence, comme toujours, ses responsabilités.

L’armée, qui a toujours été la colonne vertébrale de l’Etat algérien, a un large pouvoir d’influence et ne peut se dérober à ses responsabilités devant les Algériens en expliquant qu’elle est soumise à l’ordre constitutionnel, qui est déjà transgressé, et qu’elle ne s’immisce pas dans la vie politique, ce qui serait à l’évidence un mensonge d’Etat.  Elle a toujours eu le dernier mot sur les questions stratégiques et c’est elle qui a mis en place le système « Bouteflika » en lui remettant entre les mains le destin du pays et en fermant les yeux sur ses lubies d’apprenti dictateur.

Moralement, elle est interpellée, non pas pour prendre le pouvoir mais pour agir en faveur d’une transition démocratique qui sauverait son honneur et surtout l’avenir de nos enfants.

A l’évidence, le maintien de son soutien actif à la famille régnante pourrait ouvrir la porte à l’effondrement de l’Etat  avec perte de souveraineté.

Les élections présidentielles de 2019 seront soit une comédie bouffonne d’une démocratie avilie soit un moment de prise de conscience pour aller vers une solution médiane qui puisse assurer l’essentiel : maintenir l’espoir d’un véritable renouveau.

Quoiqu’il en soit, Jil Jadid restera engagé en faveur du changement pacifique. Il poursuivra ses actions en synergie avec la société civile et ses partenaires politiques en faveur de l’établissement de l’Etat de droit et de la démocratie.

 

  Pour le Conseil Politique

Soufiane Djilali