L’heure de la solidarité et des défis à relever

L’heure de la solidarité et des défis à relever

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Le Conseil Politique réuni ce samedi 11 avril, a passé en revue les éléments composant la crise actuelle. En effet, la conjonction de plusieurs phénomènes crisogènes sont entrés en synergie depuis le début de cette année.

L’aspect exceptionnel que prend la configuration de la situation actuelle prête autant à l’inquiétude qu’à l’espoir d’une réaction bien adaptée. Cette crise pourrait être l’opportunité pour l’Algérie  pour se débarrasser de ses anciennes fausses politiques, de ses luttes intestines et de ses incompétences et ouvrir enfin la voie à un renouveau systémique et à un changement qualitatif à tous les niveaux.

I/ L’urgence aujourd’hui est de mettre sous contrôle l’épidémie du Covid-19. 

Les mesures opportunes prises jusqu’à présent ont permis de retarder une expansion foudroyante de la maladie, ce qui a donné le temps aux autorités publiques et sanitaires de mettre en branle les mesures d’urgence pour palier à un système de santé fragile et trop longtemps marginalisé. 

Le confinement général, en particulier, a permis de faire baisser la pression sur les structures sanitaires et surtout sur les hospitaliers tous corps confondus. Cependant, des améliorations doivent être apportées :

  • Une meilleure prise en charge de la protection de tous les intervenants, médecins, infirmiers et autres techniciens de la santé. Ils sont sur le front et doivent être encore une fois remerciés et soutenus pour leur exceptionnel engagement, certains au prix même de leur vie et auxquels Jil Jadid rend hommage.
  • Une meilleure organisation des circuits et structures sanitaires, en optimisant les équipements immobiliers et matériels, en particulier en isolant les centres de soins dédiés au Covid-19. Une solidarité citoyenne s’est d’ailleurs manifestée dans certaines wilayas pour remettre en fonction des équipements de santé en panne et ce, grâce à des ingénieurs et autres techniciens volontaires, à titre gracieux et personnel.
  • D’impliquer le secteur privé dans la mobilisation des moyens sanitaires. Des partenariats public-privé doivent être encouragés. Des cliniques privées ont, à titre d’exemple et dans le cadre d’un accord avec les autorités sanitaires locales, pris en charge les soins, y compris des actes chirurgicaux, ainsi que le suivi de patients atteints d’autres pathologies que le Covid-19, gratuitement au nom de la solidarité nationale. Cela a permis de libérer les structures publiques dédiées au traitement de l’épidémie. 
  • D’autres mesures, plus techniques, ont été proposées par la commission santé du Conseil Scientifique de Jil Jadid, qu’il serait inutile de reprendre ici, malgré leur opportunité (Communiqués de la commission Santé disponibles sur le site officiel du parti).
  • Concernant, le confinement, celui-ci a indubitablement aidé à contenir l’épidémie. Un assouplissement des horaires pour les fonctionnaires et pour certaines catégories d’activités économiques pourrait être envisagé. Cependant, l’intégration des gestes de distanciation sociale et d’hygiène générale doit être renforcée. Le moment venu, un dé-confinement partiel et progressif devrait être mis en place tout en maintenant les mesures de protection et de distanciation sociale pour une plus longue période. Il faudra maitriser les risques induits par un rebondissement de l’épidémie.

Ce dernier point constitue le lien avec les défis considérables à devoir gérer dès la fin de l’épidémie. De tous les secteurs, l’économie et l’éducation sortiront déstabilisés et très affaiblis par cette crise.

II/ Deux secteurs sensibles :

  1. Concernant l’éducation, il serait utile de tranquilliser autant les parents que les élèves des différents cycles ainsi que les étudiants à l’université.
    Eviter pour eux l’année blanche, tout en assurant un seuil de qualité à leur formation doit être un objectif prioritaire. Informer cette partie de la population des suites envisagées par les autorités devient une nécessité.
    L’Algérie doit tirer les bons enseignements de cette crise et envisager, pour l’avenir, la mise en place de méthodes palliatives d’enseignement (internet, télévision spécialisée etc…), à activer en cas de besoin. Le monde est désormais exposé à ce type de rupture, probablement de manière cyclique et il n’est pas raisonnable de subir ces chocs sans les prévenir.
  2. Au plan économique, par contre, les conséquences seront à l’évidence d’un autre ordre. La chute du prix du pétrole conjugué à l’absence de production nationale notable met le pays en grave danger face à une dégradation inéluctable des conditions de vie.

 

III/ Le monde entre dans une phase de mutation globale. 

De grands remaniements du système économique mondial et probablement de gouvernance vont être imposés par les nouvelles réalités.

L’Algérie doit se préparer dès maintenant à affronter cette rupture exceptionnelle d’un ordre mondial en plein bouleversement. Deux dynamiques contraires s’affronteront désormais avec plus d’intensité, l’une appelant à une gouvernance mondiale centralisée dans le cadre d’un ordre libéral, l’autre défendant les souverainetés nationales. En attendant de voir l’émergence des nouveaux équilibres, l’Algérie doit régler au plus vite ses motifs de discorde interne et de mettre en place les premiers outils pour affronter les nouvelles perspectives :

  1. Au plan politique, l’Algérie doit rapidement retrouver une stabilité institutionnelle. L’heure doit être à l’unité et au rassemblement des forces. Il est impératif de dépasser les conflits internes et les divisions néfastes au pays. Une nouvelle gouvernance, avec une nouvelle Constitution, en seront les fondements.
  2. Au plan des libertés, quelques que soient les griefs des uns et des autres, il est déplorable d’avoir des compatriotes en prison pour des motifs politiques. A l’avenir, avec des règles du jeu politique, claires et transparentes, nul ne serait tenté d’exercer un rapport de force avec des autorités légitimes. Le but de tous est de construire un Etat de droit. Le moment d’apaiser les esprits est venu.
    Enfin,  la liberté d’expression et de la presse doit être l’un des objectifs à concrétiser. Vingt ans de mensonges, de gabegies et de corruption ont laminé la confiance du peuple. Des excès en ont naturellement résulté comme conséquence et réaction. Un Etat fort est celui qui peut rétablir des liens de confiance, en étant juste et magnanime. Des règles claires et transparentes érigeant la liberté d’informer comme valeur incontournable est une nécessité pour l’Etat de droit. L’ensemble des organes de presse doivent être traités équitablement. De ce fait, seule une justice indépendante doit être la garante de l’application de la loi. La suspension ou la fermeture d’un média dépassant les limites de la loi sont des décisions qui doivent relever de l’institution judiciaire.
  3. Au plan financier, l’Algérie se trouve, là aussi, en situation complexe. Jil Jadid réitère une proposition déjà présentée : la récupération par les circuits officiels de la masse monétaire « informelle ». un changement de billets de banque amènerait les détenteurs de fortunes thésaurisées à les réinjecter dans les banques. Les changements de billets se feraient sans pénalités, cependant les retraits du cash seraient limités. Toutes les opérations dépassant un seuil (1 million de dinars) devront se faire par transaction officielle (chèques, virements bancaires etc…)  de manières transparentes et traçables. A charge pour les systèmes bancaire et fiscal de se mettre au plus tôt au diapason des normes modernes.
  4. La mobilisation de l’appareil productif industriel, est par ailleurs, un élément central. Ces derniers temps, ce choix a vu un heureux début de mise en pratique (production de médicaments, de matériels de protection etc…). Cette voie doit être confortée et encouragée pour devenir un choix stratégique. Au temps des nouveaux égoïsmes des nations, l’Algérie doit protéger sa production interne par la révision des accords économiques internationaux.
  5. L’ensemble des PME/PMI et les entreprises utiles à la production doivent être soutenues avec des reports des paiements fiscaux et surtout leur permettre l’accès à des prêts bonifiés pour maintenir leur viabilité. De premières mesures ont été prises. Il serait utile d’ouvrir un large dialogue avec les opérateurs publics et privés. De multiples mesures doivent être arrêtées pour tempérer la récession en cours qui causera une montée significative du chômage.
  6. Grâce à une solidarité exceptionnelle, les Algériens pourront faire face à l’adversité. Les associations caritatives accomplissent de remarquables prouesses. Il faut saluer l’élan de solidarité, qui s’est manifesté partout sur le territoire national mais aussi de la part de nos concitoyens résidents à l’étranger. Ceux-ci, plus que jamais ont démontré leur attachement au pays et leur disposition à contribuer à son développement. Des franges importantes de la population sont dans une précarité menaçante. Les autorités locales doivent être impliquées dans la gestion de la solidarité des familles et des personnes en difficultés. Tous les Algériens doivent sentir l’engagement de l’Etat à les protéger et à les sécuriser.

Le Conseil Politique de Jil Jadid note, enfin,  avec satisfaction le degré de mobilisation des diverses commissions de son Conseil Scientifique constituées d’universitaires dont les travaux sont consignés dans des communiqués ou des contributions publiques ainsi que dans des études plus approfondies ainsi que des mémorandums, et qui seront publiées le moment opportun.

 

Le Président

Soufiane Djilali

Alger le 13.04.2020