Révolution du Sourire : Qu’allons-nous dire demain à nos enfants ?

Révolution du Sourire : Qu’allons-nous dire demain à nos enfants ?

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Le 1er novembre dernier, nous avons commémoré le déclenchement de notre glorieuse Révolution. Une révolution menée par des femmes et des hommes admirables qui ont sacrifié leurs vies et leurs jeunesses pour que vive l’Algérie libre et indépendante.

Au sortir de cette guerre d’indépendance, et faute d’avoir posé et adopté le cadre d’un Etat de droit, le pays s’est vite retrouvé en proie à des luttes de clans pour le pouvoir, et la force a fini par imposer sa loi, reléguant aux calendes grecques toute aspiration à la pluralité et à la démocratie.

Ces luttes intestines ont fini par démobiliser et neutraliser la plupart des patriotes sincères et ouvrir  la voie à ceux qui se sont accaparés la Révolution et ses symboles, dont le FLN, et ont constitué au fil du temps une oligarchie davantage préoccupée par son maintien au pouvoir et les avantages qu’elle pouvait en tirer que par le développement du pays, l’épanouissement des Algériens et  l’instauration d’un Etat national soucieux de ses intérêts stratégiques et régi par les seules règles du droit.

L’absence d’un Etat de droit a permis à des hommes, sans foi ni loi et avides de pouvoir de donner libre cours à leurs fantasmes les plus fous, à l’image d’un Abdelaziz Bouteflika qui a mis en place un système de dépravation, de prédation et de dégradation généralisées qui a gravement nuit à la pérennité et à la viabilité de notre pays et désespéré un peuple entier acculé à subir ou à s’expatrier.

Le 22 Février 2019 est ainsi venu comme le couronnement d’une série d’actions et de soulèvements qui ont jalonné l’histoire contemporaine de notre pays, pour mettre fin à ce cycle d’abaissement et d’affaissement qui n’avait que trop duré. Une révolution du Sourire prend son envol, comme un sursaut salvateur, avec des mots d’ordres unitaires, tous porteurs d’un profond désir de changement pour l’instauration d’une démocratie et d’un Etat de droit, dans le respect de la pluralité et de la diversité.

Cette révolution d’essence pacifique et démocratique a été marquée par un sens des responsabilités qui fait l’admiration des peuples du monde.

Mais, comme toute révolution, elle n’est pas à l’abris de velléités de détournement. Elle est d’ores et déjà menacée en son sein par des groupes souhaitant remettre en cause sa pluralité, son essence et ses objectifs stratégiques.

En effet, notre Révolution du Sourire est aujourd’hui au milieu du gué, squattée par une minorité de pseudo révolutionnaires, apparus pour la plupart d’entre eux après le 22 février, et pour certains d’entre eux, après avoir douté de son caractère déterminé, spontané et populaire. Planqués loin du terrain, et parfois bien l’abris à l’étranger pour les plus bruyants et hystériques d’entre eux, ils sèment, qui le doute et le découragement, qui la haine et le nihilisme, sans projet ni ambition pour le pays, s’auto proclamant gardiens du temple et menaçant tous ceux qui ne pensent pas comme eux, ne partagent pas leur supercherie et mettent à nu leurs desseins et leurs fausses postures. Pour mieux brouiller les pistes et tenter d’apparaitre sous de nouveaux habits, les voilà s’acoquiner avec de pseudo démocrates qui ont abandonné leurs valeurs et principes, et dont certains ont accompagné le régime de Bouteflika, participé à ses gouvernements et sont à ce jour tapis dans les institutions de la fraude. Les uns pensant utiliser les autres dans un jeu de dupes dont seuls les algériens feront les frais.

Alors que tous les patriotes sincères, et qui sont sur le terrain depuis des années, ont inlassablement mené la fronde contre un régime autoritaire et anti national et tout fait pour que les algériens ne perdent pas espoir et s’engagent pour le changement pacifique, la citoyenneté et l’Etat droit, ces aventuriers et autres arrivistes haineux,  bénéficiant de soutiens et de moyens à l’origine douteuse, passent leur temps à radicaliser les esprits et à pousser à la confrontation, afin d’acquérir une capacité de nuisance telle qu’ils pensent pouvoir la monnayer pour arriver au pouvoir, non pas pour répondre aux aspirations du peuple mais pour remplacer l’ancien régime et assouvir leurs désirs contrariés.

Ces pseudos révolutionnaires représentent une imposture qui nous mènera droit au totalitarisme ou à l’intervention étrangère, dès lors que nous les avons vus, sinon l’implorer, du moins se satisfaire d’immixtions à coup d’injonctions de certaines institutions internationales et se taire devant ce qui semble être une stratégie d’encerclement.

 

Alors qu’allons-nous dire demain à nos enfants à propos de la Révolution du Sourire du 22 Février 2019 ?

Qu’elle a réussi parce que les Algériens, instruits par les leçons du passé et déterminés à ne pas se laisser confisquer leur Révolution, ont su déjouer les pièges que les nihilistes et les va-t’en guerre ont tenté de mettre en travers de leur marche vers la démocratie et l’Etat de droit et qu’ils ont choisi la voie de la raison sans jamais céder sur la quintessence de ce qui a fait l’esprit du Hirak ?

Ou alors allons-nous nous fondre en excuses pour avoir échoué à protéger cette Révolution de la radicalité nihiliste et de l’extrémisme ?

Le Hirak est à l’image de l’Algérie. Il est pluriel et porte des valeurs de fraternité et de respect entre les Algériens. Sa réussite dépend de notre capacité à empêcher que radicalité et extrémisme ne prennent le pas sur notre profond désir de changement pour l’établissement d’un Etat de droit.

Il appartient donc aux patriotes de se mobiliser pour renforcer, au-delà de leurs différences politiques légitimes, l’Etat-national en l’organisant en un État de droit. C’est l’absence d’un Etat de droit qui ouvre la porte à l’affaiblissement de l’unité nationale, au sous-développement, aux remises en cause des fondamentaux nationaux, aux extrêmes manipulés et aux aventuriers de tous acabits.

L’Algérie doit se rassembler et neutraliser par la démocratie radicalisme et extrémisme.

Jil Jadid, qui, depuis le 1er jour de sa création, pour ne pas remonter plus loin encore sur l’engagement de ceux qui l’ont fait, milite sur le terrain pour l’instauration de l’Etat de droit et pour que les algériens se réapproprient leur destin et se débarrassent des boulets qui entravent leur marche vers l’épanouissement et le développement. Hier comme aujourd’hui, Jil Jadid poursuivra son action pour que triomphent les aspirations populaires pour un changement profond tel qu’exprimé par le Hirak populaire.

L’ambition de Jil Jadid pour notre pays est que les valeurs de dialogue politique et de négociation pacifique prévalent, afin que le choix démocratique soit irréversible et qu’émerge une nouvelle classe politique, plurielle, compétente, désintéressée, patriote et ambitieuse pour son pays, capable de prendre à bras le corps les problèmes réels auxquels sont confrontés les Algériens tout en préservant notre pays et ses intérêts supérieurs, son indépendance et sa pérennité.

Notre conviction profonde est que l’Algérie réussira parce que désormais les Algériens sont décidés à ne se laisser voler ni leur révolution ni leur indépendance.

 

Zoheir Rouis
Vice-président Jil Jadid et Président Jil Jadid Europe