Commémoration du 19 mars 1962. Plus d’Histoire, moins de géographie

Commémoration du 19 mars 1962. Plus d’Histoire, moins de géographie

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COMMÉMORATION DU 19 MARS 1962

         PLUS D’HISTOIRE, MOINS DE GÉOGRAPHIE

 

Nous commémorons ce 19 mars 2023, soixante et un ans après l’anniversaire de celui de 1962, celui du cessez-le-feu. En effet, l’application des accords d’Évian et principalement le cessez-le-feu sont devenus effectifs le 19 mars 1962 à midi.

Ce 19Mars 1962, la guerre est donc finie. Le montant de la facture finale est d’un million et demi de chouhadas avec son lot de veuves, d’orphelins et d’handicapés.

Commémorer, c’est rappeler avec une certaine solennité, avec fierté une VICTOIRE DU PEUPLE ALGÉRIEN sur le colonialisme: l’Algérie, devenant un État souverain et indépendant, sa souveraineté territoriale sur le nord comme sur le Sahara reconnue, pas d’autre citoyenneté que la citoyenneté algérienne.

Le 19 mars 1962, c’est la joie indescriptible des masses populaires défilant dans les villes et villages algériens, applaudissant les « MOUDJAHIDINES », saluant la fin de la guerre et ses horreurs : les tortures, les sévices, les corvées de bois, les prisons, les guillotines, les camps d’hébergement………..

C’est surtout l’ Espoir d’une ère de paix propice à la construction d’une ALGÉRIE NOUVELLE ou seraient concrétisés tous les principes de novembre 1954.

C’est la certitude du succès du prochain référendum prévu à la fin de la période transitoire.

Le 19 mars, c’est de tout cela que nous devons nous souvenir, c’est notre joie et notre reconnaissance à tous ceux qui ont fait aboutir la guerre de libération et notre révolution. (Dixit Mahfoud KADDACHE, Historien en 2001).

Le 19 mars 1962, c’est aussi le début d’une période transitoire qui allait durer jusqu’au premier juillet, date du référendum sur l’indépendance, période difficile dont finalement triomphera le peuple algérien : tentatives criminelles avortées et combattues par le FLN, de l’OAS à Alger avec les ratonnades, les destructions et les incendies dans l’Ouarsenis, avec les éphémères maquis soutenus par les harkis du bachagha Boualem, et à Oran avec les attentats des Commandos.

Ces derniers sursauts de l’OAS aboutiront au départ d’un million de pieds noirs.

Les Algériens prendront la relève. Dans les champs, dans les usines, dans l’administration, le travail continue et la mobilisation du peuple est réelle.

La commémoration est un souvenir de gloire, de succès et de fierté. Ce n’est ni une analyse historique, ni une étude politique s’appesantissant sur tous les aspects des faits que l’on commémore, positifs et négatifs. Aussi, contentons-nous de rappeler certains de ces derniers : Selon M. KADDACHE, le 19 mars a vu le gonflement des résistants par l’invasion d’un nombre considérable de « marsiens ».

On a assisté aussi à la marginalisation de nombreux moudjahidines et plus grave encore à une véritable crise politique, à la rupture de l’unité qui avait fait la force du FLN et cela à partir du congrès de Tripoli, durant les affrontements d’Alger, du Constantinois, la constitution du bureau politique et les premières élections législatives. Cette première crise est une cause lointaine de l’échec du système actuel.

Ce 19 Mars 2023, des zones d’ombres sur notre révolution persistent encore. L’urgence d’exhumer notre passé, notre mémoire collective n’est plus à démontrer. Les peuples se souviennent des décennies, des siècles ; l’individu des jours, des mois, des années.

Que l’on ait une bonne ou mauvaise mémoire, il est intolérable après l’indépendance, de continuer à embellir les souvenirs du passé, à rejeter tout ce qui constitue « les pages noires » pour notre conscience et à effacer d’un revers de la main, ce qui peut ternir l’image idyllique qu’on se plait à se confectionner.

Est-il logique aujourd’hui d’aborder au plan historique l’épineuse question de la guerre de libération nationale ?

Est-il aisé d’apporter une contribution aussi modeste soit-elle par ces temps de crise où toutes les cartes semblent brouillées, sans être la cible des gardiens des « thawabit » nationales ? DIFFICILE !

Mais comment taire les mensonges, les dérives, les dépassements et les déformations systématiques ?

Une guerre n’est jamais propre ni chirurgicale, comme le reconnaissait le 19 Décembre 1959 le Général De Gaulle lui-même (Source : « JAMAIS DIT » de J.R TOUNOUX- Éditions PLON).

Cet « aveu » du Président français en exercice en pleine guerre d’Algérie démontre que les dépassements n’étaient pas des actes isolés et que notre indépendance a été arrachée par une pression diplomatique pilotée particulièrement par Aït Ahmed, Tayeb Boulahrouf, Saad Dahlab et M’hamed Yazid, par les soulèvements populaires et bien sur les maquis de l’ALN.

Malgré tout, il est quand même grand temps de balayer la géographie qui sépare les deux peuples Algériens et Français. 130 ans d’histoire commune doivent être écrites sans passion, sans honte, pour enfin libérer les consciences, arriver à la vérité pour se débarrasser définitivement des complexes du colonisateur et du colonisé.

Mais ce n’est pas l’heure, à l’occasion d’une commémoration solennelle, que nous devons l’analyser.

Restons dans la fierté des souvenirs de la VICTOIRE de notre guerre de libération et de la reconnaissance que nous devons à ceux qui ont mené notre peuple à la victoire.

Dr AMOKRANE Lakhdar
Vice-président Jil Jadid