25 novembre : Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. S’indigner ne suffit plus, il faut agir. 

25 novembre : Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. S’indigner ne suffit plus, il faut agir. 

Temps de lecture : 4 minutes

 

CONTRIBUTION : Par Lakhdar Amokrane*

 

En cette journée du 25 Novembre 2020, date anniversaire de sa proclamation, il y a 20 ans par l’assemblée générale de l’ONU, comme journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’on ne peut que se révolter à l’écoute du chiffre effarant de millions de femmes dans le monde ,et au moins 43 féminicides depuis le début de l’année 2020 jusqu’à Novembre en Algérie!

A partir d’aujourd’hui, l’ONU initie une campagne  de prévention« Tous unis pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes » pour une durée de 16 jours jusqu’au 10 Décembre 2020 date de la journée internationale des droits humains. Ainsi, à cette occasion, l’ONU invite les états et les sociétés civiles à « ORANGER LE MONDE » en utilisant la couleur orange qui symbolise « UN AVENIR MEILLEUR OU LA VIOLENCE N’A PLUS SA PLACE ».

Le thème mondial pour cette année 2020 est : « Orangez le monde :Financez, intervenez, prévenez, collectez ! »

Alors que les mesures de confinement contre « covid-19 » forcent les humains à rester chez eux ,on signale une augmentation subite et importante de « violences »domestiques contre les femmes, au moment même où différents services de justice, de santé et d’accueil sont réaffectés à la lutte contre la pandémie de Coronavirus, constate un rapport du SG de l’ONU : » Responsabilité partagée et solidarité mondiale :Gérer les retombées socio-économiques de la Covid-19 ».

Dans notre pays, 5 ans après la l’adoption de la loi protégeant les femmes, cette loi tant attendue reste inefficace et inapplicable en l’absence des mécanismes d’accompagnement des victimes…Et l’Algérie, ce grand pays ,ne dispose que de 5 centres d’accueil pour les femmes victimes de violences !

Cette situation démontre que les « tabous » et « freins sociétaux » cachent une réalité des plus terribles .Plus que les violences physiques et morales subites par les femmes, la première des « violences » à dénoncer est l’exclusion de celle-ci de la vie politique «réelle », car on la fait exister artificiellement! Un déni de ses droits sociopolitiques les plus élémentaires.

Alors, la femme, un problème? Oui, si on se fie à la réalité d’aujourd’hui, que ce soit dans la société ou dans les partis politiques.  Il faut le dire: le problème de la femme chez nous est avant tout: L’HOMME ,et à travers lui la famille!!! L’homme (père, frère, mari, militant, collègue…) n’arrive toujours pas à s’adapter aux réalités universelles, ni à se débarrasser de ses archaïsmes, malgré qu’il se revendique citoyen du monde ou militant de la démocratie! Une dichotomie incompréhensible qui s’apparenterait à un dédoublement de la personnalité non assumé !

Depuis, l’indépendance, et jusqu’à ce jour, il faudrait bien admettre l’échec de toutes les politiques d’intégration des femmes dans les différents segment de la vie. Échec de toute la société, dirions-nous !

A cette occasion, les femmes algériennes doivent tirer les leçons des expériences passées, car il est impératif que ce soient elles-mêmes qui prennent l’initiative de la réflexion, du débat politique et de l’action, avant que les uns et les autres n’agitent la question de leur situation, de leurs droits à des fins politiciennes. Les femmes ne peuvent plus, et ne veulent plus être ces « pots aux fleurs » qu’on exhibe à l’occasion ,pour faire bon usage face à la galerie !

Il faut le dire et le répéter aujourd’hui: tout le monde (surtout les hommes et la famille, et ce n’est pas de la provocation!) doit comprendre que les femmes refusent la démagogie et la manipulation, et si l’exploitation de la « question femme » est révélatrice de la reconnaissance de leurs luttes, elle ne doit pas leur masquer le risque d’être encore une fois « utilisées ».

Les femmes doivent refuser de servir de « MASSE DE MANOEUVRE », et doivent aussi choisir, en « SUJETS AGISSANTS » les voies et moyens à même de répondre à leurs interrogations, préoccupations et revendications.

Nombreux sont ceux, aujourd’hui, qui se réclament de la démocratie, mais certains omettent de rappeler que l’égalité DES DROITS est un principe fondamental de la démocratie, qui sous-entend ceux de souveraineté, de liberté et de justice.

 

En Algérie, les exemples d’inégalités peuvent être multipliés à loisir. Il suffit de regarder autours de nous pour constater, par exemple, que l’édifice législatif est un « VÉRITABLE MAQUIS » qui combine généralité de la loi et statut spécifique le contrecarrant. Et si les femmes continuent de dénoncer la partialité des « lois algériennes», c’est parce qu’elles ne diminuent en rien la vulnérabilité des femmes sur le plan juridique!

Aussi, il est primordial qu’on s’engage pour  l’avènement et la favorisation d’une plus grande participation de la femme dans la vie politique , et dans les institutions de l’état de droit que nous voulons instaurer .  Toute la société, et surtout la société politique doit militer inlassablement à démontrer, ainsi, un esprit ouvert  et son engagement vers l’égalité et le respect des conventions internationales ratifiées par l’Algérie. Impliquer les femmes dans l’arène politique garantira que toutes les politiques initiées soient basées sur des PERSPECTIVES INCLUSIVES, car renforcer et pérenniser la participation féminine dans la société, les institutions de l’état , est une question de VOLONTÉ POLITIQUE.

 

Le problème des mentalités envers les femmes (de modernité contre l’archaïsme) n’a pas évolué dans notre pays, malgré la mondialisation. Cela est vrai, mais, il n’empêche  que la nouvelle génération, a prouvé depuis l’avènement du « Hirak » du 22 février 2019 ses capacités à transcender tous les clivages qui se posent à la société (économiques, sociaux, culturels, psychologiques et religieux) et affirmer sa modernité .

A méditer: C’est dans tous les pays ou il y a le taux le plus élevé de la participation des femmes à des postes de responsabilités, ou les femmes participent au processus de prise de décision, c’est dans ces pays-là ou il y a moins de pauvreté, moins de corruption et des systèmes plus démocratiques !!!

 

*Dr Lakhdar Amokrane,

Premier Secrétaire et membre du Conseil Politique de Jil Jadid