Discours de Dr Soufiane Djilali, Président de Jil Jadid
2ème Congrès Ordinaire
Alger, 24-25 Juin 2022
Mesdames et Messieurs,
Excellences ambassadeurs de Palestine et de la RASD,
Chers invités,
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Chers congressistes,
Honorable assistance,
Tout d’abord je tiens à remercier et à féliciter les membres de la Commission Préparatoire du Congrès et en particulier pour son Président et ses membres les plus actifs pour tout le travail accompli, pour leurs efforts incessants et pour la réussite de notre rendez-vous.
Qu’ils trouvent ici l’expression de notre gratitude.
Par ailleurs, je remercie l’ensemble des membres de nos instances nationales et locales qui n’ont eu de cesse de déployer des efforts méritoires durant ces cinq dernières années, qu’ils soient au Secrétariat National qui a assumé l’exécution des tâches, au Conseil Politique, au Conseil Scientifique, au Conseil National ou enfin au niveau de toutes les coordinations de wilaya. Merci à toutes et à tous ces militantes et militants dévoués et loyaux souvent anonymes et discrets qui se sont associés à cette belle aventure, qui avant d’être politique est surtout une aventure humaine.
C’est avec émotion que je me présente aujourd’hui devant vous pour faire le bilan de Jil Jadid des cinq dernières années, riches de réalisations, de satisfactions et de progrès néanmoins accompagnés de difficultés et parfois de déceptions. Ces moments de défis, de joie ou d’endurance, nous les avions vécu tous ensemble. La majorité de celles et de ceux qui avaient entamé le combat avec nous, sont encore là vivants, parmi nous. Certains autres, malheureusement, nous ont quittés, bien trop tôt.
El Hadj Smaïl Saïdani, que Dieu ait son âme, compagnon de toujours, aura laissé à Jil Jadid, un legs inestimable tant l’empreinte morale qu’il a imprimé sur celles et ceux qui l’ont connu et côtoyé est encore vivante. Pour pérenniser sa mémoire, et ériger en exemple son sens patriotique et son engagement personnel pour l’Algérie, Jil Jadid décernera, chaque année et à l’occasion de l’anniversaire du parti, le 11 Mars, un prix national à son nom. Le prix Smaïl Saïdani sera attribué à une personnalité méritante pour ses efforts en faveur de l’engagement sincère pour le pays, pour sa jeunesse, pour ses actions ou pour la noblesse des idées qu’il aura défendues. Que Dieu réserve à ce compagnon de route, sa miséricorde et sa proximité en son vaste paradis.
D’autres compagnons nous ont également quittés pour rejoindre le Très Haut. Docteur Nasreddine Assal, membre fondateur et premier Président du Conseil Scientifique, Mme Kaltoum Harek, membre fondatrice du Conseil National, Abdelkader Seraf, membre fondateur …. Ils ont été des acteurs engagés et appréciés dans la construction de Jil Jadid. Au nom de tous les militants, et au nom de cette honorable assemblée, rendons-leur, encore une fois hommage et exprimons-leur notre infinie reconnaissance.
Que Dieu le Clément les récompense pour tout le bien qu’ils ont semé durant leur vie.
Pourtant et malgré la tristesse ressentie, cette évocation des compagnons disparus doit nous rendre encore plus fort. Leur engagement avec celui de beaucoup d’autres, sert la Nation, prépare la relève et façonne une organisation politique qui sera, Si Dieu le veut, à la hauteur de leur sacrifice et qui comblera leurs espoirs qu’ils verront s’accomplir de là où ils sont.
Aujourd’hui, ce sont plusieurs dizaines de nouveaux congressistes qui sont parmi nous pour la première fois et qui auront aussi à porter leur part de responsabilité de l’avenir des nouvelles générations. Ce sont aussi plusieurs centaines de nouveaux militants à travers le pays et à l’étranger qui se sont intégrés officiellement dans les rangs du parti pour le construire et le consolider et qui sont en ce jour, représentés par leurs délégués des différentes wilayas. Enfin, ce sont des dizaines de milliers de nos concitoyens qui attachent de l’espoir à notre propre réussite et qui nous expriment, à chaque fois que cela est possible, leur sympathie et leur soutien.
Au moment de constituer notre parti, nous savions, nous les membres fondateurs, que l’aventure dans laquelle nous nous étions lancés serait longue, rude et semée d’embûches. Nous nous sommes alors armés de patience devant l’incompréhension, de ténacité face à l’adversité, de hauteur face aux calomnies, de modestie face aux succès, tout en avançant, pas à pas pour bâtir un édifice humain de qualité et qui contribuera efficacement au développement de notre patrie.
C’est donc devant vous, mes chers compagnons de route, anciens ou nouveaux et sous le témoignage de nos honorables invités qui nous ont fait l’amitié d’être aujourd’hui avec nous, que j’ai le devoir d’assumer notre bilan d’un premier mandat ordinaire (2017-2022), après le mandat constitutif et qui aura vu des bouleversements exceptionnels dans la vie politique nationale ; bouleversements auxquels Jil Jadid aura été partie prenante de manière active et visible.
Si en 2017 nous avions refusé de participer aux élections législatives puis locales, c’était pour dénoncer moralement un régime politique dévoyé dont les intentions et les actes allaient aboutir à la dissolution de l’Etat algérien et à la perte morale de la nation.
L’engagement de Jil Jadid dans la contestation, tant verbale que par les actes, durant ces années-là, nous avait préparé à être côte à côte avec nos concitoyens, lorsqu’un certain 22 février 2019 le peuple algérien a eu à remettre les pendules à l’heure des intérêts de la patrie.
Au moment fatidique, Jil Jadid était là, avec le peuple pour sauver la Nation.
Durant une année entière, nous nous étions mobilisés, dans la rue, lors des multiples conférences aux quatre coins du pays et à travers les médias, journaux, sites électroniques ou télévisions nationales et internationales, pour défendre le mouvement populaire et ses véritables objectifs : le changement en faveur de la construction d’un Etat de droit et la démocratie.
Cependant, nous n’avons jamais perdu de vue que le pays est encore fragile, que les lignes de fractures internes sont parfois béantes, que des intérêts exogènes peuvent s’engouffrer dangereusement dans nos propres divisions. Pendant que d’anciennes et de nouvelles figures découvraient l’ »oppositionnisme » et certains, la subversion, Jil Jadid, toujours fidèle à lui-même, s’est attelé à agir dans le sens de la reconstruction d’une vie politique nouvelle empreinte de réalisme et de sagesse.
L’Histoire dira demain les motivations et le niveau de lucidité de chacun.
L’Histoire dira aussi que Jil Jadid a été encore là, lorsque l’Etat algérien était menacé !
Il n’empêche qu’au nom de nos convictions, nous avions eu à subir d’incessantes attaques qui visaient, paradoxalement Jil Jadid et ses cadres au lieu de s’en prendre aux vrais responsables des désastres nationaux. Cependant et comme le dit si bien un proverbe bien de chez nous, « tout ce qui ne brise pas mon dos me renforce », Jil Jadid sort grandi de ces épreuves, ayant consolidé comme jamais sa confiance en ses choix et en sa vision optimiste de l’avenir de l’Algérie.
Jil Jadid est aujourd’hui une réalité politique, qui est identifiable par les valeurs qu’il incarne, par le discours qu’il porte et par ses ressources humaines de qualité. Pour nous, ce sont les prémisses et les matériaux pour construire un puissant parti politique, patriote, imprégné des valeurs nationales authentiques et qui a la capacité de contribuer, le moment venu, à moderniser le pays à vive allure.
Et justement, pour moderniser notre Algérie, il faudra engager une véritable réforme morale, clarifier les enjeux civilisationnels, résoudre les contradictions qui minent notre identité, notre unité, notre solidarité et notre efficacité dans un monde impitoyable pour les plus faibles.
L’Algérie ne se rassemblera pas autour d’un homme quel qu’il soit mais autour d’une volonté exprimant un dessein national, une vision porteuse d’espoirs et d’une fierté retrouvée. La construction d’une « Algérie forte et solidaire », telle que le proclame l’intitulé de notre congrès, peut en être un axe de ralliement. L’Algérie se traduit par la République et par des institutions démocratiques. La République sera forte par la cohésion interne de la société. Notre République devra être solidaire pour rassembler toutes les énergies citoyennes.
Notre démarche devra ainsi appuyer :
- La participation à la construction et au renouvellement de toutes les institutions du pays. Jil Jadid devra contribuer par les faits au renforcement de l’Etat de droit.
- La recherche des dénominateurs communs avec tous les acteurs politiques quelles que soient leurs orientations politiques pour peu qu’ils s’inscrivent dans une voie patriote, et qui pourraient constituer les éléments d’un consensus politique permettant à l’Algérie de stabiliser et de renforcer son Etat et sa cohésion interne.
- Mener une politique économique et sociale en un équilibre qui permette un développement rapide et conséquent sans cependant abandonner sur le bord de route nos frères et sœurs qui ont besoin de la solidarité de tous. Sortir de l’esprit de l’assistanat et des politiques populistes à courte vue ne doit en aucun cas signifier la condamnation à la misère d’une partie de nos concitoyens.
Construire des institutions fonctionnelles et avoir l’appui de larges couches populaires de la société permettront à l’Etat d’engager une vigoureuse politique de développement économique et de défendre ses intérêts stratégiques face à des convoitises extérieures qui ne feront que s’exacerber.
La bureaucratie, la corruption, la cupidité et tant de maux sociaux devront être traités avec sévérité et célérité, la mobilisation des compétences devra se faire sur la base du mérite et des bilans de chacun. Le moment est venu pour envisager un renouveau national. Pour cela, il faut un désir d’avenir, une volonté de fer, un cap clair, une organisation intelligente, un projet de société.
Honorables invités, chers Jadidiens,
Un Congrès est un moment particulier dans la vie d’un parti. C’est le moment de mobiliser ses forces, de réinjecter de l’enthousiasme et de renforcer les liens d’amitiés entre tous les militants. C’est aussi un moment d’aboutissement d’un mandat, le moment du bilan.
Cela fait 6 mois que sous l’égide de la Commission Nationale Préparatoire du Congrès, tous les militants, sans exception, ont eu l’occasion d’exprimer leur point de vue, d’analyser la situation interne du parti, de relever ses points forts mais aussi parler librement de ses points faibles, sans complaisance.
La commission chargée de rédiger la synthèse des débats sur la stratégie du parti présentera lors de nos travaux les conclusions concernant notre fonctionnement et notre projection d’avenir. Sur la base de ses recommandations, des amendements ont été introduits dans nos statuts par la commission juridique qui mettra à l’épreuve du suffrage des congressistes ses conclusions. Ceci pour dire qu’une autocritique sérieuse et une évaluation de l’activité de nos différentes instances ont été abordées démocratiquement par l’ensemble des militants et sur une durée largement suffisante pour être fertile.
En plus d’un rééquilibrage des responsabilités au sein de l’exécutif entre l’instance présidentielle du parti et le Secrétariat National et d’un réaménagement conséquent de la composante du Conseil National par son élargissement autant au Conseil Scientifique qu’aux structures de wilaya, le parti doit dorénavant s’engager à s’ouvrir sur une base militante plus nombreuse et plus active.
Au plan doctrinaire et programmatique, je rappelle ici que notre précédent Congrès avait adopté notre « Projet de société » qui encadre notre vision d’avenir sur la base d’une analyse psychosociologique et anthropologique originale de notre société.
En effet, pour en résumer l’essentiel, il apparait pour Jil Jadid, que la dynamique de l’évolution de notre société depuis notre indépendance est au cœur d’un processus de changement qui engendre à la fois du progrès, mais aussi de profonds troubles cognitifs. Notre société traditionnelle, fragilisée et en décalage par rapport à une culture occidentale offensive, s’est vue remettre en cause brutalement, sans préparation et surtout sans alternative claire par cette modernité singulière mais dite universelle. Le malaise qui s’en est suivi a poussé de nombreux concitoyens à se réfugier dans les extrêmes, qu’ils soient identitaires, religieux ou matérialistes.
Notre société a donc subit un choc des valeurs et des croyances qui lui a fait perdre ses repères, le contrôle de ses dynamiques internes et la maîtrise de son destin. A travers son projet de société, Jil Jadid propose à notre élite, de réfléchir ensemble sur cette modernité inévitable, nécessaire mais, par certains aspects, dangereuse lorsqu’elle est incomprise.
Oui à la modernité mais pas à n’importe quelle modernité. Celle-ci doit être pensée, et construite avec nos propres valeurs et dans le cadre de nos propres croyances qui ont fondé notre identité et notre spiritualité et qui sont à la base de notre sens existentiel. Si j’ai ouvert le sujet du projet de société, déjà acquis pour Jil Jadid, c’est pour le prolonger aujourd’hui avec un sujet tout aussi puissant que délicat et qui est en continuité avec lui.
Honorable assistance, chers amis,
En effet, si nous, en tant que citoyens algériens, nous nous posons des questions sur la voie à emprunter, le monde entier, également, est face à des choix qui engagent le destin de l’humanité. Les points chauds se multiplient à travers la planète manifestant une aggravation sensible d’une profonde crise qui risque de se transformer en conflit ouvert à tous moment. L’Algérie n’est pas une île isolée, d’autant qu’en ce XXIème siècle, nul ne peut prétendre à l’autarcie, même s’il était isolé au milieu d’un Océan.
Des relations tendues avec des voisins ou des partenaires peuvent se détériorer rapidement. D’autres fois, des amitiés qui semblaient stables et mutuellement bénéfiques s’écroulent sous l’effet d’enjeux géopolitiques qui les dépassent. Enfin, la crise économique et financière d’une ampleur inédite est en train de se répandre dans un monde qui avait fini par croire que la prospérité, la consommation et la croissance étaient illimitées et que le progrès matériel finirait par vaincre toutes les difficultés à venir.
Or, aujourd’hui, la mondialisation est entrée dans une phase de reflux, l’énergie ainsi que les ressources naturelles, si nécessaires à la civilisation matérielle, se raréfient, la biodiversité est en danger, le climat se détériore créant des conditions de stress hydrique ou de violence météorologique d’exception compliquant la vie des terriens dont la démographie devient problématique. Mais, pouvons-nous nous interroger, d’où vient cette crise et comment et avec qui faire face aux défis qu’elle induit ?
En effet, il y a d’une part, l’idée d’une mondialisation, qui projette une forme unique de civilisation où les nations ne seront plus qu’un souvenir et où l’humanité deviendrait pour l’essentiel, uniforme, harmonisée par les forces du marché, régulée par la technocratie financière et s’appuyant sur une aristocratie mondialisée. Cette forme de gouvernance assurerait ainsi au monde entier, selon ses promoteurs, la prospérité et la paix, garanties par un imperium éclairé. La postmodernité technologique, culturelle et biologique, voire transhumaniste, serait l’assise de ce projet de société.
En face, c’est l’idée d’un monde multipolaire, avec des nations souveraines et des cultures diverses qui est l’attrait dominant ; un monde où les volontés politiques de chaque peuple seraient régulées par un droit international multilatéral, négocié au gré des dynamiques économiques, financières, sécuritaires et culturelles à l’image de l’ordre Westphalien étendu au monde entier.
Dans le premier cas, un pouvoir unipolaire hégémonique contrôlerait le monde qui finira cependant par sombrer progressivement dans l’anarchie et le chaos, les peuples anthropologiquement différents refuseront de s’y soumettre et finiront par se révolter.
Dans le deuxième cas, le monde multipolaire intègrerait un Occident nécessaire à l’équilibre général mais qui aurait, forcément, abandonné son projet mondialiste. La démocratie, l’Etat de droit et les libertés, seraient alors conjugués à la souveraineté des nations et à la diversité culturelle. En particuliers, les peuples spoliés de leurs droits, à l’image des peuples Palestiniens et Sahraouis pourront recouvrer leurs droits humains inaliénables de liberté et de souveraineté.
Honorables invités, chers Jadidiens,
Les valeurs de démocratie, de liberté et de paix ont besoin, pour devenir une réalité, d’un ordre mondiale négocié, avec des institutions fortes dans lesquelles des contrepouvoirs effectifs s’organisent. Le monde multipolaire intègre, par définition, la multiplicité des projets et porte en lui la possibilité d’une démocratie entre les Nations.
Une loi internationale légitime, prenant en considération les intérêts de toutes les nations et s’appliquant à tous les pays devrait organiser un monde multipolaire, dénucléarisé et soucieux de l’avenir de l’humanité, qui elle, est de toutes les façons, assignée à résidence sur cette planète tellement maltraitée jusqu’ici !
Jil Jadid a tracé sa route. Que celles et ceux qui voudraient participer à bâtir cet espoir pour l’Algérie y trouve un accueil fraternel, des valeurs à partager et un instrument réaliste de coopération citoyenne. Jil Jadid organisera des espaces de débats, de discussions et d’échange des idées. Sous forme de forums, de conférences ou de rencontre, nous porterons, avec l’aide de Dieu, ce projet dont notre Algérie a tellement besoin.
Merci à vous tous, Merci à tous ceux qui d’une manière ou d’une autre ont permis à Jil Jadid d’exister et d’agir, Que Dieu le très haut, guident nos pas dans le droit chemin !
Vive l’Algérie.
Alger, le 25 juin 2022