Projet de loi de finances 2025 : Vision et préconisations du Conseil Scientifique de Jil Jadid

Projet de loi de finances 2025 : Vision et préconisations du Conseil Scientifique de Jil Jadid

Temps de lecture : 11 minutes

1.     Executive summury

Le projet de loi de Finances 2025 en Algérie, axé sur les priorités économiques et sociales du second mandat présidentiel, vise à relever les défis économiques internes et à s’adapter aux incertitudes géopolitiques. Ce budget 2025 pour l’Algérie reflète une augmentation des dépenses publiques et introduit des réformes économiques pour une croissance durable.

Par conséquent, le projet de loi de finances 2025 est-il à la hauteur de ces considérations intérieures et géopolitiques ?

Le projet de loi de finances (PLF) 2025 se distingue par une augmentation notable des dépenses publiques pour répondre aux priorités nationales, notamment en matière de sécurité, de soutien social et d’infrastructures.

S’il introduit plusieurs mesures fiscales pour soutenir l’économie, notamment en termes d’investissement et de gestion des finances publiques, il se caractérise par un déficit budgétaire important, 22% du PIB et présente plusieurs insuffisances qui pourraient limiter son efficacité.

Ces insuffisances soulignent la nécessité de réformes structurelles et de mesures de stabilisation pour créer un environnement économique plus stable et assurer une croissance durable.

 

2.     Contexte

Le jeudi 19 septembre dernier, le président Tebboune a présidé une réunion préparatoire consacrée au projet de loi de finances (PLF) 2025, un projet qui, selon le communiqué ayant sanctionné cette réunion, doit « être au diapason des décisions économiques et sociales pour lesquelles s’est engagé le Président de la République lors de sa campagne électorale du 7 septembre 2024« . Ainsi, le projet de loi de Finances 2025 se veut la concrétisation de l’orientation économique du second mandat présidentiel.

La tâche semble particulièrement ardue avec un contexte économique intérieur complexe et un climat géopolitique imprévisible.

Dans les années à venir, l’Algérie sera confrontée à des défis socio-économiques majeurs :

  • Une croissance démographique continue, s’accompagnant d’une croissance mécanique des dépenses sociales ;
  • Une augmentation de la consommation énergétique intérieure qui réduit la part destinée à l’exportation dans les années à venir ;
  • Une inflation persistante, de plus en plus difficile à contenir par des augmentations salariales « généreuses» ;
  • Une absence de volonté étatique pour faire émerger un débat politique susceptible de challenger le pouvoir exécutif et de proposer une vision économique consensuelle à moyen et long terme.

Sur le plan géopolitique, la situation est encore plus complexe :

  • Avec un conflit russo-ukrainien et ses répercussions sur les marchés des matières premières ;
  • L’agression de Gaza et du Liban par l’entité sioniste, et le risque d’embrasement de toute une partie de la planète ;
  • Les risques écologiques et le manque cruel en ressources d’eau ;
  • La transition vers l’électrique des pays du nord, qui aura certainement un impact sur la demande des hydrocarbures et des métaux stratégiques.
  • Une concurrence croissante sur les marchés énergétiques, avec les hydrocarbures non-conventionnels ;
  • L’émergence continue des pays des BRICS+ et la nouvelle monnaie pour concurrencer le dollar ;
  • Sans oublier le risque de conflits armées (ou a minima le risque d’un stress militaro-diplomatique permanant) à nos frontières de l’ouest, du sud et de l’est.

Malgré ce contexte, l’Algérie a des atouts pour y faire face.

Par ailleurs, plusieurs mesures ont été prises pour tenter de désensibiliser le pays :

  • Une marge importante pour la production locale de substituts aux produits importés, permettant de réduire efficacement la facture des importations ;
  • Une progression appréciable de la production agricole qui démontre un potentiel important, à la fois dans l’extension des surfaces et la hausse des rendements ;
  • Une volonté politique pour développer le volume des exportations hors hydrocarbures ;
  • Une stratégie législative pour créer un cadre propice à l’économie numérique ;
  • … etc.

Le principal défi de la loi de finance 2025 est de trouver l’équilibre entre les besoins en dépenses sociales et sécuritaires avec des réformes économiques cruciales pour assurer la durabilité budgétaire et réduire la vulnérabilité aux chocs extérieurs.

Le projet de loi de finances 2025 est-il à la hauteur de ces considérations intérieures et géopolitiques ?

 

3.    Les Ambitions de la Loi de Finances 2025 en Algérie

  1. Préservation du pouvoir d’achat: Le PLF 2025 propose des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens, notamment par l’introduction de taxes et des abattements fiscaux
  2. Promotion du paiement électronique: Des dispositifs sont mis en place pour encourager l’utilisation du paiement électronique
  3. Stimulation du crédit à la consommation: Des initiatives sont prévues pour faciliter l’accès au crédit pour les consommateurs, notamment dans le domaine de la santé et des voyages
  4. Augmentation des dépenses dans certains secteurs: Le budget alloué aux secteurs clés de la Défense nationale, l’Éducation nationale, la Santé et l’Intérieur est significativement augmenté
  5. Régulation de l’importation de véhicules d’occasion: Une nouvelle loi concernant l’importation de véhicules d’occasion de moins de 3 ans est envisagée pour réduire les pratiques spéculatives
  6. Réformes fiscales et économiques: Le PLF 2025 inclut des réformes fiscales et économiques visant à stimuler la croissance, moderniser l’administration fiscale et encourager l’innovation

 

4.    Les Dépenses Publiques dans le Budget Algérie 2025

Le projet de loi de finances (PLF) 2025 se distingue par une augmentation notable des dépenses publiques pour répondre aux priorités nationales, notamment en matière de sécurité, de soutien social et d’infrastructures.

Face à un contexte économique difficile et à des défis budgétaires, l’Algérie cherche à renforcer sa résilience et prévoit un budget de près de 16 800 milliards de dinars (126 milliards de dollars), en hausse de 9,9 % par rapport à 2024. Cette croissance s’accompagne d’un déficit significatif estimé à 22 % du PIB, ce qui pousse l’Algérie à explorer des moyens pour accroître ses recettes, même si la dépendance aux hydrocarbures reste un facteur lourd dans la balance budgétaire​.

Le budget 2025 attribue ses principales dépenses aux secteurs de la défense, des finances, de l’éducation, de la santé et de l’intérieur. Ces postes clés représentent environ 65 % du budget total.

 

Ministère des finances

Le plus gros budget, avec 3 635 milliards de dinars (environ 27,3 milliards de dollars), « couvre » pour 2 198 milliards de dinars (16.5 milliards de dollars) « des dépenses non assignées », principalement destinées aux subventions sociales et aux imprévus liés aux fluctuations économiques. Cela vient se rajouter aux dépenses sur les subventions importantes des produits de première nécessité, qui elles totalisent 660 milliards de dinars (5 milliards de dollars), répartis entre le soutien aux céréales, au lait, à l’eau dessalée, à l’énergie, et aux produits alimentaires de base tels que le sucre et l’huile.

Ce budget, en particulier celui lié aux dépenses non affectées, est l’illustration du manque de visibilité sur l’économie algérienne. Comment peut-on allouer 60 % du budget du ministère des finances à des dépenses « non assignées » ? Soit 13% du budget total de l’Etat algérien !

En tout état de cause, le risque d’affectation opaque et improvisée de ce budget non assigné est réel alors qu’une telle affectation devrait obéir à la loi, en toute transparence et avec responsabilité pour soutenir une stratégie de développement et non de redistribution.

 

Ministère de la défense

 Ce ministère reçoit le deuxième plus gros budget de 3 350 milliards de dinars (environ 25,1 milliards de dollars), soit 9% du PIB[i], illustrant l’importance accordée à la sécurité, dans un contexte régional particulièrement difficile et instable à nos frontières : le Maroc soutenu par Israël à l’ouest, le Mali et le Niger dans le sud, et la Libye à l’est. Soit un total de 6 343 km de frontières à sécuriser et plus particulièrement 5 378 km avec les pays à risque. En 2024, le budget militaire algérien a déjà connu une croissance importante de 76% pour atteindre 18.3 milliards de dollars. En 2025, le budget va encore croitre de 37%.

Le budget de la défense doit aller prioritairement vers des investissements, notamment pour soutenir une industrie militaire moderne et garantir durablement notre souveraineté militaire et numérique et une dissuasion suffisante. Le caractère sensible de ce ministère ne doit pas dispenser le gouvernement de rendre des comptes, ce budget extrêmement conséquent doit faire l’objet d’un audit minutieux au risque de connaître des déperditions gravement dommageables à la pérennité financière et donc à la sécurité de notre pays. Les puissances productrices d’armement lorgnent depuis plusieurs mois sur cette enveloppe avec des visites de délégations espérant remporter des contrats de fourniture.

 

Ministère de l’éducation nationale

 Environ 1 645 milliards de dinars (12,3 milliards de dollars) sont alloués à l’éducation, soutenant des priorités telles que l’ouverture de nouveaux postes dans l’enseignement (environ 43 000), ainsi que des investissements dans les infrastructures éducatives et l’introduction d’équipements informatiques dans les écoles. Les résultats quantitatifs de notre système éducatif, notamment l’université, ne doivent pas occulter le problème de la qualité. L’adéquation de ce système avec le marché de l’emploi national reste un enjeu crucial qui n’est pas suffisamment traité. La formation professionnelle doit prendre toute sa place.

 

Ministère de l’intérieur et Collectivités Locales

 Un budget de 1 365 milliards de dinars (10.2 milliards de dollars) est prévu pour ce secteur, qui vise principalement le développement des infrastructures locales, la sécurité intérieure et l’aménagement du territoire. Le budget des collectivités locales repose largement sur les dotations de l’Etat, leur poids atteint jusqu’à 90% dans certaines communes. La durabilité du système de financement de nos collectivités est un sujet grave mais il est ignoré. La fiscalité locale est inexistante, rendant nos collectivités extrêmement fragiles, dépendantes de l’Etat et incapables de remplir pleinement leur rôle, en dehors de la fonction de guichet administratif.

 

Santé

Avec une allocation de 1 004 milliards de dinars (7,5 milliards de dollars), le secteur de la santé bénéficie d’une augmentation significative. Une partie des dépenses est dédiée au recrutement de près de 20 000 professionnels de santé, ainsi qu’à la construction de nouvelles infrastructures de santé (hôpitaux, centre de santés de proximité).

 

 

5.    Recettes et Sources de Financement dans la Loi de Finances 2025

Dans le projet de loi de finances 2025, les recettes prévues s’élèvent à environ 8 523 milliards de dinars (64 milliards de dollars), marquant une légère hausse par rapport à l’année précédente. Cette augmentation repose sur une stratégie diversifiée qui comprend :

 

Recettes fiscales ordinaires :

Les recettes fiscales représentent environ 5 100 milliards de dinars (38.3 milliards de dollars), une augmentation de 22% par rapport à 2024, et un même niveau d’augmentation 2023-2024.

Cela comprend des impôts directs, comme l’impôt sur le revenu global (IRG) et les impôts sur les sociétés. L’Algérie cherche également à élargir sa base fiscale et à renforcer la collecte en luttant contre la fraude fiscale et le blanchiment d’argent.

Globalement, les recettes fiscales sont en constante augmentation depuis déjà plusieurs années, et cela traduit l’amélioration du climat d’affaire et la dynamique intérieure.

 

Recettes des hydrocarbures :

Les recettes pétrolières et gazières sont estimées à environ 3 600 milliards de dinars (27 milliards de dollars), un montant qui dépend fortement des prix internationaux de l’énergie et des volumes d’exportation. En 2024, les recettes des hydrocarbures étaient de 3 035 milliards de dinars (22.8 milliards de dollars), avec un prix moyen de baril à 82$ (de janvier à septembre 2024).

Le PLF 2025 prévoit que le secteur des hydrocarbures restera la principale source de revenus de l’État, bien que le gouvernement poursuive ses efforts pour diversifier l’économie et réduire cette dépendance.

A noter que le prix de référence fiscal du baril de pétrole brut retenu est de 60 dollars, alors que le prix du marché du baril est maintenu à 70 dollars sur toute la période 2025-2027.

 

Autres sources de revenus :

Malgré un contexte économique régional plutôt morose, le gouvernement algérien table sur une croissance économique en 2025 de 4.5%, et 5% hors hydrocarbures. Ainsi, le PIB devrait se situer à 278,7 milliards de dollars en 2025 (vs 266,8 milliards de dollars en 2024). Cela devrait créer de nouvelles dynamiques économiques et générer plus de recettes fiscales.

 

 

6.     Le Déficit budgétaire

Le projet de loi de finances 2025 prévoit un déficit budgétaire important, estimé à 8 271 milliards de dinars (62 milliards de dollars), soit environ 22 % du PIB. Ce chiffre marque une hausse significative par rapport à 2024, où le déficit s’élevait à environ 19,8 % du PIB. L’augmentation du déficit s’explique principalement par la hausse des dépenses publiques (+9,9 % en 2025) et des subventions pour les produits de base, en plus des coûts croissants liés aux investissements dans les secteurs sociaux et la défense.

Le cours moyen du baril retenu comme hypothèse dans la construction du budget est de 70$, proche de ce qui était retenu également pour les exercices précédents. Jusqu’ici, ce cours était souvent au-dessus, ce qui générait des recettes exceptionnelles (gaz et pétrole). L’Etat espère donc un cours plus favorable pour engranger des recettes « non prévues » pour atténuer ce déficit.

En réalité, le gouvernement n’a pas beaucoup d’autres leviers. S’agissant du volet des recettes ordinaires, la marge de manœuvre est extrêmement faible étant donné la taille réduite de l’assiette et l’effet de fuite fiscale. En effet, une hausse sensible de la pression fiscale incite immédiatement les entreprises/ménages du secteur formel à transférer une partie de leur activité dans l’informel.

L’endettement externe étant proscrit et celui interne étant très imité, il reste la fameuse planche à billets avec les effets que nous connaissons sur l’inflation.

Le FMI estime que pour un budget à l’équilibre, l’Algérie a besoin d’un baril entre 100 et 110 dollars.

 

7.     Quelques mesures particulières prévues dans le PLF 2025

Le projet de loi de finances 2025 introduit plusieurs mesures fiscales pour soutenir l’économie, notamment en termes d’investissement et de gestion des finances publiques.

Parmi les mesures phares :

Exonérations fiscales pour les startups et la R&D, abattements fiscaux de 30% sur les bénéfices pour les entreprises engagées dans la recherche, le développement et les collaborations avec des startups et incubateurs. Les startups pourront également bénéficier d’exonérations pour les acquisitions immobilières liées à des projets industriels.

Soutien aux investissements et aux infrastructures, à travers des produits financiers islamiques (Sukuk), qui permettront aux particuliers et entreprises de financer les infrastructures publiques, exonérés d’impôts sur le revenu global (IRG) et sur les bénéfices des sociétés (IBS). Cette initiative est un effort pour diversifier les sources de financement en attirant les capitaux privés.

Mesures pour le paiement électroniques

Pour promouvoir les paiements numériques, le PLF prévoit l’exonération de la TVA et des droits de douane sur les terminaux de paiement électronique (TPE) ainsi que les kits pour leur assemblage jusqu’à fin 2027. Cette mesure vise à encourager les petites et moyennes entreprises (PME) à adopter des solutions de paiement modernes et numériques mais aussi pour lutter contre le blanchiment et la corruption.

Dans ce sens, le projet de loi prévoit l’interdiction des transactions en espèces pour :

  • Les transactions immobilières pour les bâtiments et terrains ;
  • Les ventes de véhicules via les concessionnaires et distributeurs ;
  • L’achat de yachts et de bateaux de plaisance :
  • La souscription à des polices d’assurance obligatoires.

Ces mesures sont une véritable avancée dans le projet de bancarisation de notre économie, de l’instauration d’une transparence et d’un système financier et fiscal performant. Il revient à l’Etat de garantir l’application de cette loi et la déployer sur le terrain.

Augmentation du Fonds national d’investissement, qui verra son budget augmenter de 150 à 275 milliards de dinars (1.1 à 2.1 milliards de dollars), destiné à garantir les crédits bancaires pour encourager les PME et d’autres investissements.

Ces dispositions montrent une volonté du gouvernement d’appuyer la croissance économique, de diversifier l’économie hors hydrocarbures, et de renforcer l’attractivité pour les investissements nationaux et étrangers.

 

8.     Conclusion

Le budget de l’Etat est structuré principalement autour de la défense, les subventions sociales et les mesures en faveur de la relance économique, comme la compétitivité ou la construction des grandes infrastructures.

Cependant, le projet de Loi de finances 2025 présente plusieurs insuffisances qui pourraient limiter son efficacité :

  1. Déficit budgétaire élevé : Le PLF 2025 prévoit un déficit de 22 % du PIB, ce qui pourrait aggraver les tensions financières et économiques. Un tel déficit aura nécessairement des impacts sur la dette publique appelée à financer les dépenses non budgétisées. Par ricochet, cela peut entrainer une hausse des taux d’intérêt, rendant ainsi les emprunts des entreprises et des particuliers plus onéreux. La réduction des investissements directs étrangers et domestiques en serait la conséquence immédiate. Enfin, un déficit important peut entraîner une pression inflationniste qui ne ferait que frapper de plein fouet le pouvoir d’achat des citoyens. La tentation de l’austérité sera alors forte pour réduire le déficit.
  2. Augmentation des impôts sur les institutions financières : Le taux de la taxe sur les banques et les sociétés d’assurance est porté à 40 %, ce qui pourrait freiner l’investissement dans ces secteurs d’importance et qui pourtant nécessitent une réforme en profondeur pour en faire un levier de développement.
  3. Dépendance aux revenus pétroliers : Malgré des efforts pour diversifier l’économie, l’Algérie reste fortement dépendante des revenus pétroliers, ce qui rend le budget vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole
  4. Pressions inflationnistes : La politique budgétaire expansionniste pourrait entraîner une inflation élevée, réduisant le pouvoir d’achat des citoyens, annihilant ainsi l’effet des mesures sociales et de redistribution et entraînant mécaniquement une baisse de la consommation et donc de la production et une hausse du chômage
  5. Déséquilibre budgétaire : Le report du rééquilibrage budgétaire et la substitution des importations pourraient aggraver les déséquilibres monétaires et financiers

Ces insuffisances soulignent la nécessité de réformes structurelles et de mesures de stabilisation pour créer un environnement économique plus stable et assurer une croissance durable.

Parmi ces réformes, il y a lieu de promouvoir :

  1. Diversification économique : Réduire la dépendance aux revenus pétroliers par une approche stratégique multidimensionnelle et en développant d’autres secteurs économiques, tels que l’agriculture, l’industrie manufacturière, les services et le tourisme
  2. Amélioration de l’infrastructure : Investir dans les infrastructures de transport, d’énergie et de communication pour faciliter les échanges commerciaux, attirer les investissements étrangers et réduire la dépendance aux hydrocarbures
  3. Numérisation de l’administration et promotion des technologies numériques : moderniser l’administration publique et les services bancaires pour améliorer l’efficacité, la productivité et la transparence
  4. Amélioration du climat des affaires et soutien aux entreprises locales : simplifier les procédures administratives, faciliter l’accès aux marchés publics pour attirer les investissements directs étrangers (IDE) et soutenir les PME qui créent des emplois et stimulent l’économie locale (aides financières et allègements fiscaux)
  5. Réformes du marché du travail : Simplifier les procédures d’emploi, améliorer la formation professionnelle et les compétences pour augmenter les opportunités de carrière et encourager l’entreprenariat pour créer des emplois dans des secteurs non liés aux hydrocarbures, pour soutenir l’effort de diversification (tourisme, TIC, agriculture, énergies renouvelables, services financiers, formation professionnelle, …)
  6. Réforme bancaire : améliorer la gouvernance par des normes internationales de transparence et de responsabilité, ouvrir le marché à de nouveaux acteurs pour stimuler la concurrence et améliorer les services, digitaliser les opérations, améliorer l’accès au crédit et introduire de nouveaux produits financiers
  7. Stabilisation fiscale : Renforcer la collecte des impôts et améliorer l’efficacité de l’administration fiscale pour augmenter les recettes publiques
  8. Transition énergétique : Promouvoir et investir massivement dans les énergies renouvelables et réduire la dépendance aux énergies fossiles pour une croissance durable
  9. Gouvernance et transparence : Améliorer la gouvernance publique et la transparence des institutions pour renforcer la confiance des investisseurs et des citoyens

Autant de réformes qui peuvent contribuer à une croissance économique soutenue, à l’augmentation du PIB, à l’amélioration durable du niveau de vie des citoyens et à la promotion d’une classe moyenne solide, moteur de la croissance économique et de la stabilité sociale.

En attendant une volonté politique forte d’engager ces réformes structurelles, le gouvernement serait bien inspiré de ne pas introduire plus d’instabilité économique en prenant des mesures erratiques comme le blocage des prix et le contrôle des importations (licences) de manière aussi abrute et mettant devant le fait accompli les investisseurs et les consommateurs.

Le blocage des prix qui peut sembler être une mesure efficace contre l’inflation est en réalité un puissant stimulateur des pénuries par une réduction de la production dès lors que les prix imposés ne couvrent pas leur coût ou par l’augmentation des prix d’autres produits pour permettre aux entreprises de compenser le manque à gagner.

Quant aux licences d’importation, leurs effets pervers sont également la pénurie et la hausse des prix, mais aussi le risque de corruption dans le process d’octroi des licences. A long terme, cela se traduira également par une absence d’innovation et une réduction de la qualité, les entreprises dont les productions sont protégées par les licences abandonnant ainsi tout effort dans ce sens.

 

En résumé, le projet de loi de finances reflète des engagements significatifs en matière de sécurité et de soutien social, avec des efforts pour diversifier l’économie. Cependant, cette structure budgétaire pose un grave risque de dérapage de la dette publique et de surcroit de l’inflation. Ce budget ambitieux nécessitera une gestion rigoureuse des dépenses et des recettes pour maîtriser un déficit budgétaire de près de 22 % du PIB.

L’Algérie a plus que jamais besoin d’une diversification économique pour réduire la dépendance aux hydrocarbures et améliorer la résilience face aux chocs externes​.

 

Jil Jadid met à votre disposition une infographie synthétique reprenant les principaux faits marquants de cet article.

 

Mouloud Izem – Président de la Commision Economie du Conseil Scientifique de Jil Jadid

Zoheir Rouis – Vice-Président de Jil Jadid

Yassine Mami – Vice-Président de Jil Jadid Monde

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[i] Le PIB de l’Algérie en 2024 est estimé à 267 milliards de dollars


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