Si les élites maghrébines continuent de refuser d’inventer un avenir commun profitable pour tous, leurs nations respectives en subiraient les conséquences puisqu’elles connaîtront mécaniquement tous un délitement au cours de leurs dérives. Une Afrique du nord avec un noyau centrale maghrébin composé de trois voisins fonctionnant souvent en mode de chacun pour soi est forcément sujette à un risque d’engloutissement par plus fort qu’elle, c’est la règle ! Une volonté de défendre isolément une souveraineté de surcroit difficile à atteindre mais surtout à entretenir tout en étant entouré par des états vassalisés par d’autres états avec lesquels nous sommes, cette fois-ci, en désaccord ou dans une logique de confrontation et d’adversité durable, c’est une situation géopolitique intenable là aussi !
C’est quoi la parade, me diriez-vous ? Eh ben, il suffit seulement que les élites apprennent à penser autonomes et travaillent collectivement pour rendre possible ce projet d’avenir qui vise à intégrer les idées centrales de la sécurité, du développement et de la prospérité globale pour tous.
Des exemples, on en donne quelques-uns de fondamentaux :
- Sécurité suivant le corridor représenté par les frontières extérieures de tous les pays. Elle s’articulera autour du principe de l’inviolabilité des territoires des pays composant le groupe, car des états pouvant tomber en disgrâce par rapport à des hostilités ou des agressions susceptibles de se présenter de d’extérieur du sous-continent se sentiraient mieux et seraient plus en sécurité sous cette configuration interétatique idéale.
- Libre circulation des personnes, des biens et des capitaux. Des cartes biométriques suffiront pour garantir tout déplacement et/ou tout séjour de chaque citoyen faisant partie des pays concernés.
- Des activités économiques et des efforts communs de développement en instituant une monnaie unique parallèlement aux monnaies nationales courantes, en favorisant des programmes de recherche stratégique, une mutualisation des moyens de développement dans le noble objectif de booster les grands projets.
Toute la difficulté est de s’entendre sur quelle Afrique du nord faut-il se baser ?
Les algériens penseront à leur espace vitale propre et vont parler de Tunisie, Libye, Niger, Mali, Mauritanie et Maroc. Les marocains, eux, vont privilégier l’idée de lancer un pôle composé de leur pays avec l’Algérie, les pays du Sahel, le Sénégal, la Mauritanie etc. Les tunisiens, pour leur part, vont certainement se contenter de la volonté de reprendre la vieille formule du Maghreb des cinq nations et ainsi de suite. Au bout, il devrait y avoir certainement un compromis par rapport à toutes ces volontés mais l’essentiel demeurera de se prendre en charge et envisager le pôle futur avec la ferme intention de maitriser totalement le destin nord-africain par les nord-africains car si chaque pays rentre dans une course au plus offrant croyant pouvoir s’imposer opportunément à ses voisins de cette manière, cela ne se réalisera jamais, c’est une attitude qui mène inéluctablement à l’impasse !
Les élites nord-africaines sont interpellées pour transcender leurs clivages. Elles doivent prendre leur courage à deux mains dans l’espoir d’établir des passerelles et réunir leurs forces. C’est ce qui permettra à tous d’affronter avec de bons armes cette conjoncture mondiale redoutée qui menace et va de plus en plus à l’encontre de la sécurité et de la stabilité du sous-continent dans son entier.
Discuter du destin commun en toute liberté, en toute audace et en toute responsabilité est un devoir de premier ordre pour tous car personne ne défendra à leur place : la sécurité, la quiétude, le développement et la prospérité de leurs pays respectifs.
Par Djamel Boulmaali
Commission Prospective – Conseil Scientifique de Jil Jadid