Impact des sanctions sur l’importation de bananes et les prix des fruits en Algérie
Le 17 mars, le ministère du Commerce extérieur a pris des mesures restrictives à l’encontre de 53 opérateurs économiques du secteur de l’importation de bananes, annulant leurs registres de commerce et leur interdisant définitivement d’exercer cette activité. Ces sanctions ont été justifiées par leur prétendu non-respect de l’approvisionnement du marché national en bananes, ce qui aurait provoqué un déséquilibre de l’offre et une hausse des prix.
Le rôle clé de la banane dans la fixation des prix des fruits en Algérie
Bien que la banane ne soit pas un aliment de première nécessité et puisse être facilement remplacée, elle joue un rôle clé dans la fixation des prix des fruits sur le marché algérien, en raison de sa disponibilité tout au long de l’année, contrairement aux fruits saisonniers. Ainsi, toute perturbation de son importation peut affecter l’équilibre général des prix des fruits. Pour mieux comprendre la situation, une question essentielle se pose : l’importation est-elle une obligation légale ou une activité économique volontaire ?
Les défis rencontrés par les importateurs de bananes en Algérie
D’une part, on peut comprendre la position des autorités publiques, qui estiment que le refus des importateurs d’importer des bananes perturbe le marché, affecte la stabilité des prix et ouvre la voie à la spéculation. Cependant, d’autre part, les inquiétudes ayant poussé les importateurs à suspendre leurs activités semblent légitimes, notamment en raison de :
- L’absence de clarté des politiques d’importation, en particulier après l’interdiction d’importer depuis l’Équateur, premier fournisseur mondial de bananes.
- Les tentatives de l’État de contrôler les prix, comme ce fut le cas pour le café, ce qui réduit les marges de profit des importateurs et accroît les risques liés à l’investissement dans ce secteur.
- La nature du commerce de la banane, qui nécessite des investissements conséquents et présente un risque élevé de perte en raison de la sensibilité du produit et de sa rapidité de détérioration, le rendant inadapté à la spéculation, contrairement à ce que certains prétendent.
Solutions pour une régulation efficace de l’importation de bananes en Algérie
Plutôt que d’opter pour des sanctions globales susceptibles de nuire au climat d’investissement, il serait préférable que les autorités adoptent des mécanismes plus transparents et durables, tels que :
- Rendre la plateforme numérique dédiée aux autorisations d’importation plus accessible et transparente, en veillant à une répartition équitable des quotas selon les besoins du marché intérieur, sans interventions bureaucratiques freinant l’activité économique.
- Établir un cadre juridique clair définissant les obligations des importateurs à travers des mécanismes flexibles, prenant en compte les fluctuations du marché international et évitant les décisions soudaines qui déstabilisent les investisseurs.
- Éliminer les obstacles bureaucratiques entravant les opérations d’importation, tout en développant des politiques d’importation basées sur des critères objectifs plutôt que sur des interventions administratives directes.
- Trouver un équilibre entre la régulation du marché et l’encouragement à l’investissement, en mettant en place des politiques qui favorisent la stabilité économique sans imposer de restrictions menant à la rareté des produits et à la flambée des prix.
Conclusion : Vers une politique économique rationnelle en Algérie
Il est essentiel que les autorités adoptent des politiques économiques rationnelles, indépendantes des considérations politiques, car le bien-être des citoyens repose sur une régulation efficace du marché, et non sur des mesures punitives aux effets contre-productifs. Ainsi, elles devraient privilégier des solutions pragmatiques et applicables, fondées sur une planification économique équilibrée plutôt que sur des interventions coercitives, afin de garantir la stabilité du marché et de protéger les intérêts de toutes les parties concernées.
M. Khalil Benabid président de la commission Agriculture au sein du conseil scientifique de JIL JADID