Pourquoi la confiance entre citoyens et élus s’effondre ?

Pourquoi la confiance entre citoyens et élus s’effondre ?

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La représentativité politique en Algérie traverse une crise profonde, perceptible aussi bien au niveau national (Parlement) qu’au niveau local (Assemblées Populaires Communales – APC). Cette situation révèle de graves défaillances dans le système actuel, incapable d’établir un lien politique réel entre les gouvernants et les gouvernés, ce qui empêche l’exercice d’une véritable démocratie.

Mais quelles sont les raisons clés qui font obstacle entre le citoyen et ses représentants, et qui mènent directement à l’absence de confiance et de légitimité populaire ?

1. La dégradation de la qualité législative (APN)

Au niveau du Parlement, on observe un niveau de débat très faible, notamment lors des discussions sur la loi de finances, où les ministres s’expriment parfois devant une Assemblée pratiquement vide. Cette situation découle en partie du système de la « liste ouverte », souvent présenté comme une avancée démocratique, mais qui s’apparente en réalité à une « fausse bonne idée ».

Ce système transforme l’élection en un véritable concours de beauté politique.

En raison de la très faible participation électorale, des gens sans expérience politique se retrouvent à l’intérieur des institutions nationales, ce qui contribue directement à la baisse du niveau du débat et du travail législatif.

2. L’effacement des élus locaux (APC)

À l’échelle communale, le problème principal réside dans la perte de pouvoir des élus au profit de l’administration.

Le Secrétaire général de la commune, désigné par l’État, voit son influence croître au détriment du maire (président de l’APC).

Les élus sont de plus en plus perçus comme de simples instruments destinés à « cocher la case démocratie », ou comme de simples prolongements de l’administration.

3. Les obstacles à une représentativité réelle

L’accès à une représentation politique effective est entravé par des mécanismes techniques et par un climat généralisé de méfiance.

Le système des parrainages : l’exigence de 250 signatures par siège (soit environ 10 000 signatures pour une ville comme Alger) apparaît irréaliste dans un contexte marqué par le désengagement citoyen et la crainte de représailles à l’encontre de l’opposition.

La rupture du lien de confiance : il existe une relation directe mais désorganisée entre le pouvoir et le peuple, sans médiation institutionnelle crédible, ce qui affaiblit la légitimité des décisions prises.

4. La gouvernance par la peur

Le mode de gouvernance demeure fondé sur la peur et la contrainte, plutôt que sur une représentation politique authentique.

Cela pose la question de la nécessité d’une deuxième République, dans laquelle les gouvernants émaneraient réellement des citoyens afin de restaurer la légitimité de l’État.

Habib Brahmia
Vice président de Jil Jadid