La médecine privée solidaire de la médecine publique dans la lutte contre le covid-19

La médecine privée solidaire de la médecine publique dans la lutte contre le covid-19

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En Algérie, nous sommes à quelques semaines ou peut-être même à quelques jours du pic épidémique du coronavirus. Le dépistage de masse étant difficile voire impossible à pratiquer (par manque de kits de dépistage), nous devons supposer donc que le Covid-19 se présente sous la forme d’un iceberg   (ou en tous les cas pas loin de cette image). Evaluer avec exactitude sa base profonde, n’est d’aucune espèce d’intérêt pour nous. On sait que, du fait de la spécificité de ce virus et de son mode de propagation- assez rapide-, une bonne partie de notre population est déjà contaminée.

 

Certes nous n’avons pas les outils scientifiques pour le confirmer, mais nous devrions agir comme si car le temps presse. 

C’est maintenant donc que nous devons prendre les bonnes décisions afin :

  • d’une part, d’alléger le fardeau sur les structures hospitalières qui risqueraient, dans quelques jours, de se trouver complètement engorgées et dépassées
  • et, d’autre part, permettre aux médecins de ces structures de pouvoir prendre en charge les cas de Covid-19 dans les meilleures conditions possibles.

Pour cela, l’intervention de tout le personnel médical et paramédical est plus que nécessaire. Depuis de nombreuses années, on ne cesse de répéter qu’en matière de santé publique les secteurs publics et privés sont complémentaires.

 Voici donc venu le temps de le prouver. 

Le secteur privé, aussi bien les cabinets médicaux que les cliniques médico-chirurgicales, est donc appelé, lui aussi, à jouer un rôle spécifique et non moins important dans cette pandémie de coronavirus. C’est en utilisant l’ensemble de nos moyens sanitaires aussi bien de diagnostic que de thérapeutique que nos chances d’endiguer cette épidémie ou du moins d’en atténuer les effets quant à la mortalité, se trouvent pleines et entières. 

Comment ?

Il n’est pas inutile d’abord de rappeler qu’au début de cette épidémie dans la ville de Blida, le 24 février plus exactement, beaucoup de nos concitoyens ont été pris de panique. Les plus avisés d’entre eux commençaient même, particulièrement sur les réseaux sociaux, à évoquer ou même à suggérer le confinement de cette ville ; Comme cela avait été fait en Chine, pour la ville de Wuhan. Ce n’est que bien plus tard, lorsque le nombre de cas de Covid-19 commença à devenir inquiétant, que les pouvoirs publics ont agi dans ce sens.

Venant du commun des mortels, cette panique est compréhensible. Le hic, c’est que même ceux qui sont censés faire face à ce fléau, les médecins, ont, à leur tour, sous le prétexte qu’ils n’avaient pas les moyens de protection, abandonné le théâtre des opérations qui est le leur : leurs cabinets médicaux. Nous avons été les premiers à condamner ce comportement dénué de toute éthique de la part de certains de nos confrères. Mais, depuis quelques jours, il y a une réelle prise de conscience et une volonté de tout un chacun de participer, chacun selon ses moyens, à cette lutte contre le coronavirus. Passé le moment de choc et de panique, ou peut-être aussi sous la contrainte des pouvoirs publics, la plupart des cabinets médicaux ont rouverts. L’espoir renait donc.

Par ailleurs, et là, je cite l’exemple de Bordj-Bou-Arréridj, les autorités de la ville (wali, Directeur de la DSPS, Directeurs des structures sanitaires, médecins du secteur public) en collaboration avec les patrons des cliniques médico-chirurgicales privées, ont adopté une stratégie qui, si elle est appliquée sur le terrain et respectée à la lettre pourrait donner de bons résultats sur le plan de la lutte contre le l’épidémie.

 En effet, il a été décidé de dédier l’hôpital du chef-lieu de wilaya, Bouzidi Lakhdar, d’une capacité de 240 lits au Covid-19. Il est vrai que jusqu’à ce jour, le nombre de malades est très limité (moins d’une vingtaine) mais avec le pic épidémique tant redouté, rien ne dit que la situation ne se dégradera pas.

Tous les autres services ont été réaménagés ailleurs, dans les polycliniques et centre de santé de la ville.

Quant aux cliniques privées (au nombre de 5), leur rôle est de prendre en charge, bénévolement, les urgences médico-chirurgicales. 

Plusieurs interventions chirurgicales ont été prises en charge gratuitement par les médecins et les structures de ces cliniques privées. Un geste qu’il faut saluer. L’heure est à la solidarité par les actes et non pas seulement sur les réseaux sociaux !

Cette expérience, qui n’est qu’à ses débuts, mérite d’être généralisée à toutes les wilayas où les cliniques privées ont poussé comme des champignons ces dernières années. 

 

Abdelaziz Ghedia

Membre de la commission Santé
Conseil Scientifique 
Jil Jadid