POURQUOI COMMÉMORER LE 20 AOÛT 1956 ?

POURQUOI COMMÉMORER LE 20 AOÛT 1956 ?

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En ce 20 Août 2020, la nouvelle génération tente de résister, tant bien que mal, pour sauvegarder et défendre les acquis de la révolution algérienne.

Cette génération pense humblement, que tout événement national ou régional devrait être à la fois commémoré et célébré. Commémorer pour entretenir la mémoire et aiguiser la conscience du peuple, célébrer pour approfondir chaque fois davantage la qualité des valeurs et surtout l’importance du concept national.

La guerre de libération nationale du 1er Novembre 1954, comme d’ailleurs le Congrès de la Soummam du 20 Août 1956, ne peuvent être réductibles à un appareil, à un parti, à un homme ! Partant de ce principe, il s’agit aujourd’hui pour les nouvelles générations de s’interroger sur le sens des événements que recouvrent les mots de ces deux tournants politiques majeurs qui ne sont pas des « météorites tombés du ciel »(dixit Hocine AIT AHMED).

Rappeler, aujourd’hui à l’attention de la génération postindépendance, les causes et les enchaînements qui ont créés ces deux moments historiques permettrait, à n’en point douter, de leur faire comprendre leur signification et leur portée.

Le sens capital de cet événement, en effet, réside dans la nature politique et contractuelle d’une stratégie de libération nationale élaborée par le congrès de la Soummam.

La célébration, donc, de la date du 20 Août, est un devoir, un signe de civisme, une marque de reconnaissance et d’attachement à l’appartenance à la cause sensée et prouvée être noble et légitime. Notamment lorsqu’il s’agit d’un mouvement, d’une révolution ou d’une guerre et aussi d’une résistance à la sauvegarde de leurs acquis.

C’est une affaire de tout le peuple algérien, mais néanmoins les efforts et les sacrifices sont relatifs. Il y a des élites, il y a des mérites, et il y a des responsabilités proprement nominatives.

C’est pourquoi, les commémorations des journées nationales ne suffisent pas à l’écriture et à la compréhension de l’histoire, quand elles ne sont pas détaillées par les actions des auteurs de tous les niveaux hiérarchiques et géographiques pour situer l’effort et le rôle de chaque artisan.

C’est le cas, bien évidemment aujourd’hui, avec l’occultation du rôle prépondérant de Abane RAMDANE, assassiné par les siens (jamais reconnu dans les manuels scolaires à ce jour) dans l’élaboration de la plate-forme de la Soummam, qui a été le premier pacte politique contractuel élaboré dans le respect des pluralismes, malgré tout ce qui se disait, hier comme aujourd’hui d’ailleurs, pour tenter d’asservir l’histoire à des fins de propagande et légitimation de leur pouvoir absolutiste!

La jeunesse d’aujourd’hui, 58 ans après l’indépendance du pays, doit savoir que le Congrès de la Soummam, s’est réalisé, comme par miracle, grâce au savoir-faire et à la réflexion particulièrement influente de Larbi BEN M’HIDI et de Abane RAMDANE (qui a eu pour l’histoire deux baccalauréats : en mathématique et en philosophie), et de tous les participants comme les officiers de l’ALN, les congressistes de tous bords, ainsi que les villageois d’IFRI OUZELLAGUEN….

Tous les historiens honnêtes et indépendants (politiquement et intellectuellement) vous diront que ce Congrès de la Soummam, a permis pour la première fois, de donner au FLN historique une plate-forme politique, et une précision des structures de l’ALN et du FLN, ce qui n’était pas du tout le cas au déclenchement de la lutte armée le 1er novembre 1954.

Le Congrès de la Soummam, a permis, également la mise en application d’une stratégie claire de la lutte de libération, avec tous les moyens de mise en œuvre nécessaires pour sa réussite.

D’où le principe de la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur sur l’extérieur. Deux (02) postulats qui jusqu’à nos jours, gardent une validité et une portée politique historique.

Aujourd’hui encore, la nouvelle génération veut, à travers cette commémoration, s’enraciner dans le présent et l’avenir du pays, en tirant tous les enseignements et leçons délivrées par l’histoire de cet événement.

L’engouement et l’intérêt de la jeunesse algérienne, à toute la symbolique de cette date, doit être réconforté et encouragé, pour éviter les retours nostalgiques en arrière, et faire barrage aux célébrations rituelles et hypocrites .

La jeunesse algérienne, en cet été 2020, et malgré toutes ses contradictions, rêve d’une « Nouvelle Algérie» où la génération de novembre remettrait réellement le flambeau à la nouvelle génération, qui ambitionne de participer efficacement et pleinement à l’histoire qui se construit dans les luttes quotidiennes pour l’instauration d’un Etat de droit.

Cette jeunesse ose espérer que les dirigeants vieillissants actuels, fassent des révisions déchirantes, en ayant le sens de la responsabilité et la sérénité nécessaires, dans l’intérêt suprême de l’Algérie, afin de lui permettre de réparer les dégâts et essayer de récupérer le « bateau Algérie » dans l’optique d’atteindre la rive dans la sérénité et construire une nouvelle Algérie réconciliée avec elle-même et ses enfants.

 

Docteur Lakhdar AMOKRANE,

Premier secrétaire et membre du conseil politique de Jil Jadid.