Un contexte de crise multidimensionnelle et une rentrée scolaire 2020 pas comme les autres !

Un contexte de crise multidimensionnelle et une rentrée scolaire 2020 pas comme les autres !

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Les retombées de l’épidémie du COVID -19, n’ont pas épargné le déroulement de la scolarisation, qui s’est vu interrompre depuis le 15 mars 2020, pour des raisons strictement sanitaires. Ainsi ; les examens officiels nationaux ont été reportés pour ce mois de septembre.  Des examens qui se dérouleront dans un contexte exceptionnel, et suscitent des questionnements et des appréhensions auprès des parents et des candidats.

Selon le ministre de l’éducation nationale, M. Mohamed Ouadjaout, le nombre de candidats aux épreuves du BEM a atteint 669.379 élèves (645 798 scolarisés et 23 581 libres), répartis sur 2 556 centres de déroulement, et supervisés par 163 900 encadreurs. Ont été prévus également, 18 centres de compostage et 68 centres de correction, qui ouvriront les portes à 40.500 correcteurs. Néanmoins, le passage de l’examen de BEM pour cause de l’épidémie en cette session est facultatif pour les élèves scolarisés, comme déclaré par les services du premier ministre au 24 juin 2020, car le passage aux lycées pour cette année scolaire 2020/2021, se fera aussi sur la base des moyennes obtenues en contrôles continus avant la fermeture des écoles pour cause de cette même épidémie. Une question se pose néanmoins, dans un souci d’une juste planification, y’avait-il un recensement du nombre des candidats souhaitant passer l’examen de BEM, pour éviter le gaspillage en mobilisant un dispositif colossal pour se retrouver les jours des examens avec des salles vides ?

Quant à l’examen du Baccalauréat qu’aura lieu du 13 au 17 septembre, le ministre a fait état de 637 538 candidats (413 870 scolarisés et 223 668 libres), répartis sur 2261 centres de déroulement et supervisés par 192 300 encadreurs. Tandis que le nombre des centres de compostage est de 18, et ceux de correction 81 pour accueillir 48 000 correcteurs.

L’absence ou l’insuffisance d’un accompagnement pédagogique et administratif à ces candidats est dommageable, notamment dans ce contexte de confinement préventif qui a suscité beaucoup de stress. Cette situation a fait perdre aux enfants leurs repères. Ces élèves peuvent avoir un stress avéré par rapport au déroulement des épreuves, à la perte du rythme des apprentissages, à un désintérêt de la vie scolaire en générale et de la réussite, voir même l’apparition de certains troubles de la conduite et du comportement.

Les parents aussi ne sont pas épargnés par cette situation complexe, ils doivent de ce fait gérer les examens de leurs enfants et la peur du risque de leur contamination. Certains de ces parents et candidats ont contractés le COVID, ou bien ont perdu un des leurs par cause de cette pandémie. Pour cela, il convient de les rassurer que ces examens soient certes dans des conditions inhabituelles, mais resteront accessibles à tous et adaptés aux contenus des apprentissages et du programme scolaire réalisés. Les centres d’examens seront dotés des cellules, pour écouter et accompagner ces candidats, ce qui pourra leur apporter une aide psychologique.

La prochaine rentrée scolaire fixée primordialement pour le 04 octobre prochain, est relativisée par le premier ministre au 7 septembre, en déclarant que la date de la rentrée scolaire 2020-2021 n’est pas définitive, mais dépendra de l’évolution de la situation sanitaire. Cette rentrée scolaire relèvera donc du défi, et devra concilier rentrée des classes et protection contre le COVID-19. Chose qui ne sera pas une mince à faire avec des classes habituellement chargées, des enseignants très peu motivés, peu d’infrastructures et peu de moyens pour mettre en place un protocole sanitaire efficace !

Il sera donc nécessaire de tirer des bonnes conclusions de cette situation et de se tourner vers des reformes du secteur de l’éducation. L’école algérienne a besoin de réformes, certaines réformes sont engagées depuis 2003, mais qu’en est-il de leur application et des résultats sur le terrain.

Il est important aujourd’hui d’apporter une réflexion à bien des égards, sur la nécessité de revoir le système éducatif dans sa globalité. Un état des lieux doit être établi entre les décisions entreprises et leurs champs d’application. Il convient de revenir sur les différents axes qui avaient pour but de recréer un cadre méthodologique, visant à aboutir à un apprentissage de qualité ; à savoir, faire le point sur la numérisation qui est mise en place, mais qui n’est pas accessible à tous, l’élaboration d’une charte éthique des syndicats de l’éducation, mettre l’accent sur l’amélioration de la qualité des apprentissages, la révision puis remise à niveau des manuels scolaires, et la liste est non exhaustive, nous y reviendrons bientôt en détails.

Pour conclure, en dépit du stress et de la fatigue qu’ont gagné les esprits ces derniers temps et après de longues vacances imposées, les candidats au BEM et au BAC doivent porter leur attention sur l’importance de ces épreuves, qui sans aucun doute, se dérouleront dans les meilleures conditions, tout en étant conscient et soucieux de respecter le protocole sanitaire pour l’intégrité de tous.

 

Commission Education Enseignement et formation

Conseil scientifique – Jil Jadid

Mme. DJORANE Ilhem

Psychologue clinicienne. Ancienne employée de l’éducation nationale