Le 10 Décembre 2020, le monde célèbre le 72 -ème anniversaire de la déclaration universelle des droits de l’homme. Une déclaration, devenue de nos jours la pierre angulaire du droit international, mais aussi un « moyen de pression » des puissants du globe sur les faibles du sud du monde. Depuis des années , les discours cyniques et indécents relatifs aux Droits de l’Homme ont connu une inflation vertigineuse dans les sociétés occidentales du Nord (les nordistes) qui ne sont pas exempts de reproches en la matière, mais aussi dans les contrées du Sud (les Sudistes) dictatoriales, autoritaires ! Une sorte de consensus paradoxal en matière des droits de l’homme entre les puissances du Nord considérées comme des démocraties et les pays du Sud pourtant accablées de dictatures !
Pour l’histoire, s’il est vrai qu’en Afrique région sudiste et pauvre par excellence, les pouvoirs de fait issus des « indépendances » incomplètes de ces pays n’ont jamais accepté que leurs peuples puissent prétendre appartenir à l’Humanité, car considérant leurs peuples comme faisant partie d’une sous-humanité juste bonne à la domination. Les démarches des « forces du Nord » étaient là pour renforcer les régimes en place installés par leurs soins, intérêts obligent, en bafouant et confisquant les droits et libertés de ces peuples opprimés de part et d’autre.
Et à l’ère de la mondialisation, les années se suivent et s’empirent en la matière, faisant des pays du Sud de grandes prisons à ciel ouvert. Dans la réalité de tous les jours, les systèmes du Sud bien installés et protégés par leurs parrains du Nord n’admettent pas qu’il y ait des droits inhérents à la dignité de la personne humaine, et que ces droits fondamentaux ne peuvent en aucun cas être déniés à leurs peuples pour quelque prétexte que ce soit.
Bien entendu, l’occident fait mine cyniquement de ne rien voir de tout cela. Le prétexte invoqué à chaque fois, était la non ingérence et le respect des indépendances des états! Et les régimes ainsi « oubliés » par les « donneurs de leçons » de Droits de l’Homme n’ont pas tardé à appliquer à la lettre ce raisonnement qu’on pourrait qualifier de Schizophrénique.
Au nom de la stabilité des Etats et des pouvoirs du Sud, mais surtout pour la sauvegarde des « intérêts stratégiques » des occidentaux du Nord, on ferme les yeux sur les pouvoirs qui ne se privent pas d’utiliser chaque jour leurs « forces de répression » pour réprimer toutes les contestations citoyennes, emprisonner les journalistes indépendants, les blogueurs, les artistes et autres militants associatifs, contrôler les réseaux sociaux subversifs, et étouffer les journaux récalcitrants ou carrément en fermant les médias gênants…
Accords tacites entretenus entre les pouvoirs du Nord et du Sud tant que les « affaires » marchent bien… Jusqu’au jour où un pouvoir du Sud tente de se « libérer » de ces « accords tordus » et réclame plus d’indépendance! Là, on ne tardera pas à faire sortir les «outils démocratiques de dissuasion» propriétés des «Nordistes», en menaçant de «rompre les accords» en distillant des «résolutions-directives» à travers leurs gouvernements et parlements…
Les dernières résolutions du Parlement de l’Union européenne sur la situation des droits de l’Homme en Algérie est un exemple édifiant! L’objectif inavoué et maquillé au nom des droits de l’homme est d’abord de «titiller» la dignité des Algériens connus pour leur hypersensibilité épidermique à la question de l’ingérence étrangère considérée comme un affront, mais surtout de faire pression sur le gouvernement Algérien « affaibli » pour arracher le maximum d’acquis « économiques » pour les pouvoirs »démocratiques » du Nord….Elle est bien bonne la « démocratie » nordique…Qu’ils sont « beaux » les droits de l’homme à la « sauce européenne » !
On distribue à la carte les « bons points » sur les droits de l’homme aux pays du Sud selon « l’indice économique » et profits et dividendes offerts aux états libres du Nord… Ainsi au même moment où on fait pression sur l’Algérie, on ferme les yeux sur ce qui se passe ailleurs chez nos voisins, au Sahel, en Asie et même dans certains pays européens où les droits de l’homme sont malmenés !
Ceci dit, cet état de fait ne disculpe pas les pouvoirs du Sud de leurs responsabilités en matière de respect des droits de la personne humaine. Loin s’en faut !Mais force est de dire que la situation n’aurait jamais été celle-ci si ces « protecteurs » avaient du respect pour les peuples du Sud au lieu de soutenir froidement et sans états d’âme des régimes despotiques …
Des régimes qui méprisent toujours leurs peuples leur distillant des molécules de liberté à des doses homéopathiques et tentant le grand écart entre l’universalité et l’introversion, la modernité et l’archaïsme, la démocratie et l’autoritarisme, le progrès et l’inertie ! Chaque attentat dans une contrée donnée (Paris, Londres ou autres capitales du monde), chaque incursion terroriste déjouée par les services de sécurité de ces pays, sont l’occasion propice offerte à ces pouvoirs sous l’œil bienveillant de l’occident « commandeur » suprême des droits humains , pour se permettre, avec habileté manipulatrice de continuer à mettre en place le processus d’étouffement de leurs sujets .
Ces puissances du Nord protègent ainsi ces régimes du Sud qui s’acharnent à souiller et à empêcher l’idée des Droits de l’Homme de s’enraciner dans leurs sociétés.
En ce jour anniversaire, les Algériens, savent que le combat pour le respect de leur histoire, de leur civilisation, de leur identité et leur culture ne peut aboutir que s’il est mené en synergie par des citoyens libres et éclairés et des dirigeants convaincus de la primauté des valeurs humaines admises universellement. Les Algériens savent aussi qu’aujourd’hui plus que jamais est venu le temps du changement apaisé, pour amorcer la promotion et le respect des droits fondamentaux de la personne humaine.
A l’ère de la globalisation les Algériens, comme tous les peuples du Sud ne se réjouissent pas non plus de la mondialisation, telle qu’elle est conçue et vécue, car convaincus qu’elle ne fera que creuser les inégalités entre le nord et le sud et au profit des plus nantis .Regardons et analysons bien ce qui se passe actuellement en France berceau des Droits de l’Homme et ailleurs en Europe !
Le peuple Algérien, comme tous les peuples du Sud, sait pertinemment, qu’il se doit de lutter pour conquérir ses droits : le droit à une vie décente, l’accès à la liberté d’expression et de conscience, l’accès à l’éducation, à la santé…
Ceci ne peut se réaliser qu’avec l’avènement d’un nouveau système démocratique qui amorcerait le redressement matériel et le progrès moral par le progrès humain et le développement économique.
C’est cette problématique des Droits de l’Homme et de la Démocratie qui est l’enjeu politique fondamental, mais aussi le principal objet des manipulations transnationales.
Dr Lakhdar AMOKRANE
Premier Secrétaire JIL JADID