Injustice Internationale

Injustice Internationale

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La justice, qui cherche à poursuivre Israël pour ses crimes contre les Palestiniens, se heurte constamment au système occidental dirigé par les États-Unis. Dans une bataille inégale, il est difficile de qualifier ce qui se déroule à Ghaza de guerre conventionnelle, car celle-ci se déroule normalement entre deux forces égales, ce qui n’est pas le cas dans l’agression lancée par l’armée sioniste d’occupation contre les mouvements de résistance à Ghaza.

Il y a comme une chape de plomb sur le monde qui continue de subir un silence global. Au même moment, les différentes instances mondiales, dont les « commandeurs en chef » de la justice internationale, se contentent de suivre et de faire des déclarations creuses sans aucune influence sur le cours des événements en Palestine occupée. Des dizaines de milliers de martyrs, disparus et blessés, sont sans accès aux soins. Ghaza est démolie sur la tête des civils, en visant directement les hôpitaux, les écoles et les infrastructures de base nécessaires à la poursuite de la vie dans la bande de Ghaza.

En dehors du cadre de ces déclarations, aucune mesure réelle n’a été prise, ni par un État, ni par une coalition, ni par une institution internationale, pour forcer Israël à mettre fin à ce massacre, ou même pour garantir la satisfaction des besoins fondamentaux nécessaires à la continuation de la vie humaine. Ce qui reflète un grave défaut du système international actuel et une complicité internationale pour régler la question palestinienne.

Cette collusion et ce déséquilibre ne sont pas nouveaux. Il n’y a aucun désaccord sur la nature de l’équation politique existant en Palestine, car elle est basée entre une puissance occupante et un peuple occupé dépossédé de ses droits. Elle est restée constante et continue sans aucune véritable initiative internationale pour résoudre le problème.

Le dilemme palestinien enregistre ainsi la plus longue expérience d’occupation de l’histoire moderne. De nombreuses commissions d’enquête ont été formées, de nombreuses recommandations formulées suite aux résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité, et de nombreuses plaintes ont été portées devant les tribunaux internationaux. Ceci reflète un droit clair et une injustice flagrante, ainsi qu’une communauté internationale complice de la liquidation de la cause palestinienne.

Plusieurs décennies d’occupation des territoires palestiniens et d’autres terres arabes, ainsi que le veto américain en faveur d’Israël et le soutien occidental empêchent Israël d’être tenue pour responsable par cette organisation internationale politisée agissant en dehors de la loi. Malgré l’approbation de dizaines de résolutions émises par le Conseil de sécurité et de centaines de recommandations émises par l’Assemblée générale, y compris celles sous le titre « S’unir pour la paix », y compris celles émises lors de l’agression actuelle contre Ghaza, et de nombreuses conclusions des commissions d’enquête affiliées à cette organisation, qui démontrent et dévoilent les violations et les crimes commis par Israël contre les Palestiniens, tous en violation des lois et réglementations internationales, pas une seule décision n’a réussi à dissuader cette force d’occupation. Toutes ces décisions sont restées lettres mortes, ceci par manque d’une véritable volonté internationale qui se traduirait par une force exécutive pour dissuader Israël, alors que les décisions de cette organisation ont réussi à lui imposer diverses sanctions dans des cas liés à d’autres pays qui ne bénéficient pas du soutien absolu de l’Occident.

Tous les crimes que l’occupation sioniste continue de commettre en Palestine en général, et aujourd’hui à Ghaza et en Cisjordanie, sont encouragés par les États-Unis et le monde occidental au pouvoir.

Pour mémoire et pour l’histoire, à la suite de l’attaque sans précédent contre Ghaza, une équipe de centaines d’avocats et d’organismes de défense des droits de l’homme de différentes parties du monde s’est constituée, dirigée par le célèbre avocat français Gilles Duvert. Elle a déposé une plainte auprès du procureur du Tribunal pénal international le mois dernier, demandant l’ouverture d’une enquête sur ce que l’armée d’occupation israélienne a commis dans la bande de Ghaza depuis le 7 octobre dernier.

Ce n’est pas la seule partie, ni la première fois, qu’on s’adresse au tribunal pour lui demander d’ouvrir une enquête sur les crimes commis contre les Palestiniens, mais cette justice souhaitée se heurte constamment au système occidental dirigé par les États-Unis, qui empêche que ça se concrétise.

Tout le monde se rappelle de cet exemple d’injustice flagrante, lors de la visite aux familles des détenus israéliens, de M. Karim Khan, procureur de la Cour pénale internationale, qui a affirmé la compétence de la Cour sur les événements du 7 octobre et a souligné dans une déclaration écrite : « Ces attaques contre des civils israéliens innocents représentent une partie des crimes internationaux les plus graves qui ébranlent la conscience de l’humanité, et il s’efforcera de demander des comptes aux responsables de ces crimes », exprimant son engagement à mener une enquête, même si Israël n’est pas membre de la cour, ne reconnaît pas son autorité, refuse de coopérer avec elle et s’oppose à la présence de toute autorité à l’intérieur de ses frontières.

Cependant, la Cour pénale internationale peut enquêter sur des citoyens d’États non membres dans certaines circonstances, comme par exemple dans des cas liés à des accusations de crimes commis sur les territoires des États membres, d’autant plus que les territoires palestiniens ont été inclus parmi les membres de la Cour pénale internationale depuis 2015.

Ce même Khan a demandé l’entrée à Ghaza, mais les autorités d’occupation sioniste ne l’ont pas autorisé, car il a confirmé que le mandat de son bureau inclut l’attaque du mouvement Hamas contre la bande de Ghaza et tous les crimes commis dans le cadre de la réponse israélienne. Khan s’est dit préoccupé par le grand nombre de victimes civiles à Ghaza, soulignant la nécessité pour Israël d’adhérer aux lois régissant la guerre. Khan a également souligné qu’il accélérerait les enquêtes sur les actes de violence commis par les colons contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée, estimant que le conflit ne devrait pas être considéré comme une autorisation de nuire aux citoyens palestiniens, au mépris de l’état d’occupation auquel les Palestiniens sont soumis, et que le tribunal lui-même reconnaît. Khan n’a pas abordé la qualification des crimes d’Israël dans cette guerre. Il n’a pas non plus mentionné le siège imposé à la bande de Ghaza depuis des années et qui se poursuit également durant cette guerre, et il n’a pas non plus évoqué les crimes identifiés lors des guerres précédentes. On dirait que M. Khan est aveugle, sourd et muet.

Les souffrances des Palestiniens face à la justice devant ce tribunal ont commencé en 2009, suite à la soumission par l’Autorité palestinienne d’une déclaration visant à rejoindre le tribunal pénal pour enquêter sur les crimes commis par Israël dans les territoires palestiniens, déclaration rejetée par l’ancien procureur général Luis Moreno-Ocampo sous prétexte que la Palestine n’avait pas le statut d’« État ». Après son arrivée à ce poste, Bensouda a demandé début 2015 de lancer un premier audit de la situation en Palestine, afin de déterminer si les critères stipulés dans le Statut de Rome pour l’ouverture d’une enquête sur la situation palestinienne répondaient aux exigences légales, ce qui a pris six ans pour se résoudre.

Bien que les responsabilités assignées au Procureur de la Cour pénale internationale comprennent l’examen et l’enquête sur d’éventuels crimes, l’émission de mandats d’arrêt et le jugement des accusés, il s’agit d’un tribunal politisé, dans la mesure où le Conseil de sécurité peut reporter ou geler l’enquête ou toute action en justice pour une durée déterminée, période spécifique qui peut être prolongée, sans aucune garantie. Le tribunal n’a pas encore réussi à mener à bien une seule enquête contre les États-Unis ou Israël.

Le travail de ce tribunal se concentre sur les pays faibles, en particulier les pays africains. Quarante-six personnes comparaissent actuellement devant le tribunal dans des affaires liées à neuf contextes, tous en Afrique. Un mandat d’arrêt a également été émis contre l’ancien président soudanais Omar al-Bachir. Cette cour concentre également son travail dans un contexte extérieur au système occidental.

Bien que l’Ukraine ne soit pas membre de la Cour, après l’invasion russe de l’Ukraine en février de l’année dernière, un certain nombre de pays ont demandé à la Cour d’ouvrir une enquête sur les crimes commis en Ukraine, avec le soutien des États-Unis, qui ne sont pas non plus membre de la Cour. Leur doléance a été satisfaite en moins de deux semaines pour émettre un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine.

D’un autre côté, plusieurs pays ont demandé à la Cour, à plusieurs reprises, d’enquêter sur les crimes commis par Israël contre les Palestiniens, après que la Palestine a rejoint la Cour. Ces crimes ont été documentés au fil des années par de nombreux organismes locaux et internationaux, les centres et institutions des droits de l’homme et les commissions d’enquête de l’ONU. Cependant, la Cour n’a prononcé aucune condamnation ni accusation contre Israël, malgré tous ses crimes.

En définitive, rappeler toutes ces injustices ne signifie pas qu’il faudrait exclure le travail diplomatique, politique et juridique des outils de l’action palestinienne pour sa liberté, mais les Palestiniens ne doivent pas s’appuyer uniquement sur ces outils et doivent aussi se concentrer en priorité sur la question de l’Union des différentes factions palestiniennes, pour faire face à un système international intégré qui ne se soucie pas de leur sort, surtout en ces moments sensibles de l’histoire de la question palestinienne.

Un jour ou l’autre, toutes ces injustices disparaîtront, et les Palestiniens recouvreront leur liberté et vivront en paix dans leur état indépendant avec comme capitale « El Qods Eccharif »… Car face à toutes les « injustices », la justice divine triomphera. INCHALLAH.

 

Dr Lakhdar AMOKRANE
Vice-président de Jil Jadid